Film assez franchement ennuyeux et souvent involontairement drôle, "Gangster Squad" est dans son évocation du truand Mickey Cohen à peu près aussi fidèle à la réalité historique qu'"Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires" l'était dans son évocation du président abolitionniste. "Inspiré de faits réels", mon cul ! A côté de ça, si, éventuellement, en terme de production design, de photo ou d'interprétation, "Gangster Squad" peut assez largement se mesurer à un film (raté) comme "Le Dahlia noir", niveau scénario, on est loin de James Ellroy ! Pire : alors qu'ils auraient pu se borner à concocter un petit film d'action sans prétention où on laisse plus s'exprimer les sulfateuses que les consciences et les cœurs, les auteurs ont voulu donner à leur histoire une dimension psychologique et émotionnelle. Raté. Outre le discours consternant sur le combat entre le bien et le mal avec sentence immédiate (le seul membre du squad qui émet quelques molles réserves morales quant aux méthodes employées pour lutter contre le crime organisé se fait bien évidemment dézinguer, coupable d'angélisme et d'idéalisme) et une forme de révisionnisme ethnique politiquement correct dans la composition de l'équipe (on accueille à bras ouverts un black et un latino ; dans l'Amérique des années 40/50, ben voyons...), on se tape un nombre incalculable de scènes ou de situations lénifiantes (Brolin consolant la veuve et l'orphelin, la love story toute pourrie Gosling/Stone...) jusqu'à un épilogue de carte postale absolument hallucinant. Difficile, même pour les moins cyniques des spectateurs, de ne pas ricaner méchamment devant tant de lieux communs. Autre désagréable surprise, on a l'impression que le réalisateur Ruben Fleischer filme la pègre du Los Angeles des années 50 comme un actioner gangsta des années 90. L'idée n'est pas forcément mauvaise sur la papier mais à l'écran, ce mélange classicisme/modernité ne fonctionne pas du tout. Des trucs à sauver ? L'action, peut-être, efficace à défaut d'être originale mais qui ne sait pas toujours éviter la surenchère ridicule (la baston finale) ou la violence gratuite (un écartèlement dès la première scène, bon appétit messieurs-dames...) ; Sean Penn, sans doute, qui en fait des tonnes dans le rôle de Cohen mais sans donner l'impression de se prendre trop au sérieux, ce qui est plutôt bien vu dans un nanar ; Emma Stone, indéniablement, qui avec son look fifties devient ici sans contestation possible le sosie live officiel de Jessica Rabbit. A part ça, on oubliera très vite ce "Gangster Squad" en se rematant en DVD ses modèles autrement plus réussis, "L.A. Confidential" et "Les Incorruptibles".