Encore une fois, et comme trop souvent ces dernières années sur la plupart des sujets, la presse fait fausse route et tente d'imposer une vision avec laquelle le grand public refuse de s'accorder. N'en déplaise aux esprits chagrins, aux sinistres égos qui s’extasient à Cannes devant des navets imbuvables que seuls trois étudiants en photographie ivre-morts iront voir au cinéma, par dépit, une nuit où le bar de strip-tease du coin sera fermé... Ne leur en déplaise, donc, Bohemian Rhapsody est un grand film. Un superbe hommage à l'un des plus grands chanteurs que la terre ait porté, une figure de légende que la plupart des générations connaissent. Queen, hors des frontières du Royaume-Uni, ce n'est pas Elizabeth II, ce sont les Rois du Rock. Et c'est bien ce que veut rappeler le film, à travers des épisodes majeurs de la vie du groupe comme de Freddie Mercury, à travers des morceaux mythiques et des reconstitutions de concerts monumentales. Les lieux légendaires, les tranches de vie s'entremêlent pour dresser le tableau d'une vie complexe, d'un homme, un performer, un chanteur à plusieurs visages et à la fin de vie d'une tristesse infinie. Là où diverge la presse, elle qui porte quotidiennement cette volonté du plus de cul, plus de sang, plus de drame, ne trouve évidemment pas son bonheur ici. Pauvre presse, pauvres médias ! Perdus qu'ils doivent être devant un film à la fois pudique et respectueux, qui n'efface rien et n'ignore pas les drames d'un monstre sacré de la musique. Aurait-il fallu être plus explicite sur sa vie sexuelle ? Sur sa maladie ? Ce n'est pas mon avis. Ce film est un récit dédié au chanteur, plus qu'à l'homme, pas un procès ni une dénonciation, ni un drame sordide, et s'il traite les deux, il prend le soin de ne pas remuer la boue qui semble tant manquer aux critiques "pros". Et ce portrait vibrant ne serait pas possible sans Rami Malek, sans l'interprétation sans faille de l'acteur pour lequel, sans hésiter, je vais miser pour l'Oscar du Meilleur Acteur. Reconstruction maniérée, physique, incarnation du performer de légende, l'acteur donne tout jusqu'à ce qu'on oublie, sur l'épatante séquence de fin, que celui dont les chansons nous poignardent si joyeusement, n'est pas le grand Freddie Mercury, mais l'hommage vibrant et réussi d'un acteur et d'un film, à voir absolument.