Attendu depuis des années, et après une production houleuse (abandon du rôle par Sacha Baron Cohen durant la pré-production, départ du réalisateur Bryan Singer au milieu du tournage), le biopic sur Freddie Mercury voit enfin le jour en 2018. Au final, l'attente valait-elle le coup ? Certains diront oui, d'autres non, car le résultat est assez inégal. En premier lieu, Rami Malek est clairement très impliqué en Freddie Mercury, et parvient à la fois à reprendre ses mimiques scéniques, et à porter le film. Par ailleurs, le son fait la part belle aux chansons de Queen, laissant au spectateur (ré)écouter plusieurs titres célèbres du groupe avec un montage sonore assez puissant. En revanche, on sera plus dubitatif sur le reste, qui manque clairement d'audace visuelle et narrative (un comble vu le sujet, Mercury déclarant à un moment à un cadre d'EMI que l'audace est nécessaire pour réussir !). En effet, mise à part quelques effets de montage réussis, la majeure partie du film est très sage visuellement, y compris pour les séquences de concert assez plates, hormis le final au Live Aid fluide et élégamment mise en scène. Et côté scénario, on sent la volonté du film de ne pas égratigner l'image du groupe : pas de drogue ni de scène de sexe montrée à l'écran. Et les tourments de Mercury restent peu développés dans la première partie, ce qui est dommage (la composition de la chanson "Bohemian Rhapsody" est notamment expédiée à l'écran !). Sans compter que côté historique, de nombreux faits sont inexacts voire faux, ou déplacés dans le temps. Tandis que plusieurs personnes sont présentées avec le beau rôle, et ont comme par hasard participé à la production (Brian May notamment) ! Un révisionnisme un peu agaçant... Enfin, s'agissant d'une œuvre cinématographique, il est un peu décevant justement de ne pas voir l'implication de Queen au cinéma (BO de "Flash Gordon" et "Highlander"). A l'arrivée, "Bohemian Rhapody" risque donc de diviser les fans du groupe, mais visiblement pas le grand public, puisque le film a connu un gros succès en salles. On regrette dans tout les cas son conformisme vu le sujet choisi.