Le bonobo est le quatrième grand singe avec les gorilles, les chimpanzés et les orangs-outangs. Ils sont plus petits et plus sveltes, ont les lèvres roses, la face noire et de longs cheveux noirs séparés par une raie au milieu. Un bonobo peut mesurer jusqu'à un mètre et plus, peser jusqu'à 35 kilos pour les femelles et 45 kilos pour les mâles, et peut vivre jusqu'à 60 ans. Il a 98,7% de gènes en commun avec l'homme.
On ne trouve le bonobo qu'en République Démocratique du Congo dans une zone de forêt marécageuse entre le fleuve Congo et les rivières Kasaï et Sankuru. Cette espèce est protégée mais toujours victime du trafic de viande de brousse et des braconniers.
Claudine André, à l'origine de la création du sanctuaire "Lola ya Bonobo" se souvient : "Le 9 décembre 1993, un marchand est venu déposer un petit bonobo quasiment mourant pour lequel il n'avait évidemment pas d'acheteur. Avec une amie (...) nous l'avons sauvé. L'attitude et le regard de ce petit bonobo et l'arrivée d'un deuxième, puis d'un troisième , m'ont incitée à commencer à chercher des renseignements sur cette espèce que je ne connaissais pas."
"Ce film est un des moyens d'agir et d'informer. J'espère qu'il m'aidera à expliquer et à sensibiliser. Je voudrais aussi que les médias français réalisent que c'est le seul grand singe francophone ! Je me suis beaucoup battue pour que mon projet soit appuyé par l'Union Européenne, mais elle n'a pas trouvé l'argent ! Et maintenant, mon projet de relâcher est soutenu par le gouvernement américain, des zoos américains et des fondations américaines ! C'est dommage.(...) J'espère que le film fera découvrir les bonobos et notre action et donnera envie aux gens de nous aider."
"En 2005, j'ai réalisé une émission d'"Ushuaïa Nature" intitulée "Retour vers la planète des singes" (...). C'est à cette occasion que je suis allé tourner au Congo, dans le sanctuaire de Claudine André. (...) Au-delà du respect et de l'admiration que j'ai pour son action, la rencontre avec les bonobos a aussi été déterminante.(...) Je me suis dit que ces êtres pouvaient détenir les personnages d'une histoire qui pourrait captiver et toucher le public."
Béni est un bonobo qui a attiré l'attention de la réalisatrice pour avoir obtenu la note de 9/10 lors d'un test comparatif entre humains, bonobos et chimpanzés à un âge où leurs cursus d'évolution sont comparables (avant le début de la scolarisation pour les enfants). Les humains et les chimpanzés avaient obtenu une moyenne de 5/10...
"Nous avons (...) décidé de recentrer l'histoire sur la découverte d'une espèce hors norme à travers l'histoire emblématique de Béni, en parallèle avec un destin exceptionnel, celui de Claudine. (...) Le personnage de Béni est interprété par cinq bonobos aux différents âges clés de son existence. Ce n'est pas du documentaire, mais ce n'est pas tout à fait de la fiction non plus. "
L'actrice évoque sa participation vocale au film : "Mon rôle était double, je devais à la fois être la voix narratrice du film et aussi la voix de Claudine. Il y avait un ton particulier à trouver, moins distancié que dans le documentaire, et moins dans le jeu que si l'on est uniquement un personnage. Il a fallu ajuster".
Le sanctuaire des bonobos est un espace boisé de trente-cinq hectares qui est devenu "Lola ya Bonobo". Ce nom a été donné par une des mamans de substitution qui a prononcé ce nom alors qu'elle tenait dans les bras un bébé à qui on avait coupé de nombreux doigts pour en faire des grigris. Elle lui a simplement dit : "Tu es arrivée à Lola" - ton paradis - et le nom est resté. Claudine André commente : "Très vite, j'ai commencé à faire venir les enfants, à mettre une vieille télé dans un coin.(...) Notre sanctuaire est ainsi devenu le premier des bonobos, et nous recevions déjà dix mille enfants par an".
La créatrice du sanctuaire des bonobos a opté pour la mise en liberté de certains de ses pensionnaires : "En 2005, nous étions proches de la saturation, surtout pour les chimpanzés. Nous avons donc dû prendre une décision drastique. (...) Nous n'avions donc le choix qu'entre l'euthanasie ou la réintroduction. (...) Il y a un an et demi, nous avons donc procédé au premier relâcher mondial de bonobos. Le deuxième aura lieu le 13 février 2011".
Les bonobos ont des vocalises particulières et des étudiants cherchent à en percer les mystères. Claudine André raconte : "Lorsque j'arrive à Lola ya Bonobo, les bonobos savent vraiment que c'est moi qui arrive et pas un groupe de visiteurs, car ils ont une vocalise très aiguë et un peu longue propre à ma présence. Lors d'une étude, l'université de St Andrews en Ecosse a prouvé qu'un de nos bonobos possède une vocalise précise pour "banane". Mais ils n'ont pas réussi à différencier "banane" de "c'est vraiment ce que je préfère". "
L'optimisme de Claudine André est à toute épreuve : "La solution à long terme, c'est la volonté politique des dirigeants, le renforcement de la loi, mais c'est surtout la sensibilisation et l'éducation. Aujourd'hui, c'est actuellement mon espoir. Il ne faut pas trop compter sur les adultes. Je compte sur les enfants qui seront les décideurs de demain. Nous recevons aujourd'hui trente mille enfants chaque année, on leur explique, on essaye de leur donner une certaine fierté nationale, on titille un peu leur fibre nationale - car ce sont des enfants de la guerre - en leur disant que le bonobo est 100 % congolais" , explique-t-elle.
Le directrice du centre Bonobo du Congo explique comment chacun, en France, peut aider à protéger les singes : "J'ai choisi de fonder en France l'association française Amis des Bonobos en Europe, que l'on peut trouver sur le site lolayabonobo.org. (...) Je travaille sans salaire depuis dix-sept ans et tous les membres de l'association sont bénévoles. Tout l'argent qui nous est confié va donc aux actions de conservation des bonobos et au fonctionnement de nos projets. Nous sommes transparents."
Le producteur Jean-Pierre Bailly connaissait Alain Tixier pour avoir travaillé lui aussi sur l'émission "Ushuaïa nature" et avoir produit quelques documentaires du réalisateur pour "Les carnets de l'aventure".
Le tournage a débuté en janvier 2008 pour cinq semaines, une seconde fois quatre semaines. La production s'est compliquée lorsqu'un co-producteur canadien a abandonné le projet. C'est Jean-Pierre Bailly qui a relancé le film, et de nouvelles scènes ont été tournées en septembre pour trois autres semaines.