La Mutante 2 est un film qui souffre d’une image pour le moins déplorable auprès du public. Franchement, ok, ce n’est pas un film très réussi, et en tous les cas on est nettement en-dessous du premier film, et ok je ne suis pas sûr qu’une suite s’imposait à La Mutante, mais en prenant franchement le chemin de la série B horrifique, on peut malgré tout passer un moment décent devant ce métrage.
C’est sur l’histoire reste très lacunaire. Le film ressemble en grande partie à une succession de scènes chocs sans véritablement avoir toujours la cohérence et la fluidité nécessaire. Le personnage d’Eve est aussi assez peu utilisé au final, et les explications sur l’origine du monstre sont donnés à la va vite par Peter Boyle. Le film ne s’enlise pas du tout dans les explications, et pour tout dire mise tout sur le spectacle à grand renfort d’effets spéciaux. Pour ma part ce n’est pas forcément un mal, mais ça sonne tout de même un peu creux, et puis le dialogues n’aident pas vraiment ! Certains sont un peu grotesques, et cela casse la dynamique sérieuse du film. On peut apprécier, mais ça dégoupille la tonalité sombre et glauque.
D’ailleurs j’ai eu un peu le sentiment que les acteurs ont pris ce film avec pas mal de second degré. Pourquoi pas, après tout, mais c’est clair que c’est dommage dans un film très sombre et volontiers violent. Michael Madsen ne se prend vraiment pas au sérieux, et je ne parle même pas de Mykelti Williamson. Ça fait bizarre de passer d’une scène dramatique à des échanges presque comiques entre deux des héros juste après où ils évoquent X-Files par exemple, ou lorsqu’ils surprennent un couple en train de copuler sur un parking par erreur. Là on verrait limite un buddy-movie comique ! Helgenberger se montre un poil plus sérieuse, mais bon… Quant à Natasha Henstridge elle a été assez critiquée. Pour ma part, je l’ai trouvé encore très charismatique, le problème majeur venant que son personnage n’a rien à faire. Elle reste dans une pièce les ¾ du temps, et n’est utilisé vraiment que pour le final. C’est assez frustrant tout de même.
Cela étant, La Mutante 2 prend le parti plutôt bienvenu d’offrir un spectacle gore, sexy, et volontiers racoleur. Ça ne plaira pas à tout le monde car parfois c’est franchement racoleur, mais ça fait tout de même plaisir dans une grosse production de ce genre, de ne pas céder à la consensualité facile, qui est un malaise bien plus fréquent que le racolage ! Du coup beaucoup d’effets sanglants, de la nudité, bref, la recette du premier en plus gros encore. Indéniablement ça plaira aux amateurs de voir dans un film à gros budget ce qu’ils sont contraint de quêter d’habitude dans des films d’Henenlotter ou de Buttgereit. Les effets spéciaux ne sont d’ailleurs pas mauvais, avec des créatures ayant un bon design. Quelques effets numériques (la tête par exemple) sont un peu dépassés aujourd’hui, mais globalement c’est soigné. Peter Medak n’est pas non plus un mauvais metteur en scène, et il livre une réalisation plutôt appliquée, dynamique, s’amusant manifestement beaucoup avec la tonalité très graphique de son métrage.
Honnêtement, on pourra reprocher à La Mutante 2 d’avoir nettement choisi la voie de la facilité et d’avoir manqué de tenue. Trop hésitant entre le glauque premier degré et le second degré limite parodique, présentant une idée ambitieuse mais traité finalement sur le ton de la série B pop-corn, ce film reste néanmoins un divertissement acceptable. Il y avait de quoi faire mieux, mais enfin, la chute n’est pas si rude que certains le prétendent. 2.5