Pascale Pouzadoux présente son film : "Dès le départ, j'avais envie de parler d'un groupe de femmes, de tous les âges, de toutes les conditions, qui se retrouvent sur le même bateau -dans tous les sens du terme."
La réalisatrice, Pascale Pouzadoux, a eu l'idée de raconter une histoire sur un paquebot après avoir en visité un lors d'une émission de télé : "j'ai immédiatement imaginé plusieurs personnages, tous très différents, dont les destins se croiseraient dans cet endroit coupé du monde qu'est un paquebot". Finalement, elle trouve le projet trop important et préfère réaliser De l'autre côté du lit avec Sophie Marceau et Dany Boon. Une fois le tournage fini, elle décide de se consacrer enfin à La Croisière.
La réalisatrice est partie elle-même en croisière pour les repérages du film. Elle y découvre un monde à part : "Une croisière est toujours une parenthèse, un moment où les gens voient la vie différemment. (...) On a du temps pour réfléchir, prendre du recul et vivre des moments de convivialité, privilégier les relations humaines." A travers ce périple en paquebot, c'est surtout le voyage intérieur des héroïnes qui intéressait Pouzadoux : "Toutes ces passagères sont là pour des raisons très différentes et toutes abordent un tournant de leur vie. Leur croisière va se révéler être un vrai voyage, d'abord au bout d'elles-mêmes."
Grâce à la comédie, Pascale Pouzadoux a aussi pour ambition de traiter des sujets de société : "cette histoire me permettait effectivement d'aborder, de façon iconoclaste, des problématiques très contemporaines comme la solitude, le stress au travail, le temps qui passe dans un couple ou dans une vie." Pour pouvoir couvrir toutes ces thématiques, la réalisatrice a choisi de suivre des femmes très différentes, d'une petite fille à une jeune femme de 20 ans qui vit son 1er chagrin d'amour (Nora Arnezeder), en passant par une trentenaire carriériste (Marilou Berry) et une femme de 45 ans touchée par l'usure de son couple (Charlotte De Turckheim) et enfin une dame âgée qui a tout vécu (Line Renaud).
Pascale Pouzadoux a fait appel à Jeanne Le Guillou pour l'écriture du scénario : "Très douée pour la dramaturgie et les dialogues, elle m'a aidée à construire l'intrigue". Le Guillou a signé les scénarios de Désaccord parfait d'Antoine de Caunes et de Détrompez-vous qu'elle a aussi co-réalisé.
La première difficulté a été de trouver des comédiennes disponibles pour pouvoir tourner sur le bateau. Pour Hortense, Pascale Pouzadoux a choisi Charlotte De Turckheim pour son énergie, "sa bonté et sa capacité à s'émerveiller". La réalisatrice avait déjà Line Renaud en tête pour Simone : "Son humanité, le capital de sympathie dont elle bénéficie auprès du public, son regard extrêmement profond, tout l'amour qui se dégage d'elle, son humour et son sens de la dérision en faisaient une Simone idéale". Le rôle tenu par Nora Arnezeder fut à l'origine proposé à Marilou Berry : "je souhaitais lui proposer quelque chose de plus sexy (...). Elle a été assez flattée que je lui propose ce personnage mais elle se sentait plus mûre." L'actrice incarne au final Alix, l'acharnée du travail. Enfin, Nora Arnezeder a été choisie pour jouer Chloé après que Pascale Pouzadoux ait vu des essais d'elle pour d'autres films : "(...) elle apporte une dimension inattendue à son rôle. Elle est finalement autant dans un registre de sensibilité que de comédie".
Le commandant de bord est incarné par Jean Benguigui : "Il a un humour incroyable. Il manie la dérision et l'absurde comme peu de monde." Marie-Do, directrice de croisière, est jouée par Armelle, que Pascale Pouzadoux connaît depuis 20 ans. La réalisatrice a déjà dirigé la comédienne dans l'un de ses courts-métrages et dans ses 2 premiers longs-métrages : "Elle correspond parfaitement à mon univers. Nous nous suivons depuis toujours." Quant à Stéphane Debac, c'est sur les conseils de son agent que la réalisatrice le rencontre : "C'est Stéphane qui a eu l'idée de faire de ce personnage un fan de Bruce Willis. Du coup, ses scènes gagnent une dimension comique et participent au décalage du film."
Couple à la ville, Antoine Duléry et Pascale Pouzadoux ont aussi collaboré de nombreuses fois au cinéma : en effet, la réalisatrice a dirigé son compagnon dans tous ses longs-métrages et la quasi-totalité de ses courts. Au milieu de toutes les femmes du film, Duléry est l'un des rares hommes du film. Il incarne Raphie, mari de Charlotte De Turckheim, qui s'éloigne peu à peu de lui. Le personnage a alors l'idée de se travestir en femme pour avoir les réponses à ses questions. "Il a toujours aimé se déguiser et il ne manque jamais une occasion de le faire (...). Il n'avait encore jamais interprété un rôle de femme au cinéma" rapporte la réalisatrice. Quant à l'acteur, il ne tarit pas d'éloge sur celle qui partage sa vie : "De film en film, elle est de plus en plus précise, elle se libère dans la mise en scène et dans l'écriture. Mais depuis le premier jour de son premier long métrage, on sent qu'elle est à sa place".
L'équipe du film est allée filmer sur un vrai paquebot, le Fantasia, pendant 3 semaines, durant une véritable croisière qui allait de Marseilles à Gênes, puis passait par Naples, Palerme, la Tunisie, Palma de Majorque, les Baléares, Barcelone et enfin retournait à Marseille. L'équipe devait donc se soumettre au rythme du bateau, comme l'explique la réalisatrice : "Le capitaine validait le plan de travail, avec l'obligation pour nous de ne pas trop déranger les touristes embarqués. Chaque lieu nous était confié quelques heures et c'était à nous d'être assez organisés pour que chaque plan nécessaire y soit tourné dans les temps."
Les scènes de dîner ont été tournées non pas sur le bateau mais dans l'hôtel Hilton. De même, "Par exemple, lorsque Hortense traverse le hall du Fantasia pour aller voir si son mari disparu n'est pas aux toilettes, elle part du gigantesque patio du navire... pour descendre un escalier et se retrouver dans les lavabos du Hilton à Paris !" révèle la réalisatrice. D'autres scènes ont été filmées dans des décors d'Aubervilliers. Là y ont été construits les cabines, la chapelle, et l'arrière du bateau.
Charlotte De Turckheim a accepté de jouer dans La Croisière car elle avait déjà été séduite par les 2 précédents films de Pascale Pouzadoux : "Sa fantaisie et sa liberté lui permettent de nous faire croire à des choses improbables. C'est aussi quelqu'un d'étonnant, à la fois très sage et complètement déjantée !". L'actrice a aussi apprécié le mélange des genres : "la comédie sentimentale, la comédie à gags, la comédie un peu magique. Je n'avais pas anticipé à quel point son ton est original."
Charlotte De Turckheim incarne Hortense, un personnage éloigné de ce qu'on lui propose d'habitude : "ce sont plutôt des rôles citadins, probablement parce que le cinéma est fait par des gens de la ville qui parlent essentiellement de la ville." Ce rôle se caractérise principalement par sa grande naïveté : "C'est une Candice sans malice qui ne voit pas le mal. (...) Ce n'était pas un rôle évident à jouer car Hortense doit être émerveillée sans pour autant passer pour une godiche. (...) La capacité que j'ai -encore aujourd'hui- à m'émerveiller étonne mes proches et constitue sans doute notre plus grande ressemblance."
La Croisière offre à Antoine Duléry l'occasion de se travestir : "Le personnage était passionnant à jouer parce que d'abord, il s'agit de quelqu'un qui joue quelqu'un, mais plus important, c'est un personnage qui malgré des situations très drôles, vit un drame. C'est un homme brisé, perdu dans sa vie. Il est fragile. Il y avait vraiment beaucoup de choses à jouer." Le comédien tient à préciser : "(...) ce n'est pas un personnage de travesti, son but est de se cacher sur le bateau, pas de faire la folle." Pour se glisser au mieux dans la peau d'une femme, l'acteur a dû changer sa manière de bouger. Et il y est parvenu puisque certains passagers du paquebot n'y ont vu que du feu ! "Les gens me prenaient vraiment pour une femme."
Aux yeux d'Antoine Duléry, La Croisière mixe ce qu'il préfère dans les comédies : "Sous le rire, il y a l'émotion. On rit de Raphie mais il est aussi touchant. Cette dimension d'émotion est essentielle pour moi."
Antoine Duléry revient sur son processus de transformation en femme. Pour le maquillage, c'est Didier Lavergne qui s'en est chargé : "Il ne fallait pas que Raphie soit trop maquillée mais il fallait aussi gommer tout ce qui fait un visage d'homme. Rien que le maquillage des yeux changeait le regard. " Quant aux costumes, Charlotte Betaillole a choisi des tenues légères et aérienes. "Raphie a un peu la silhouette d'une cousine germaine, d'une touriste américaine passe-partout", explique le comédien.
Pendant le tournage de La Croisière, Line Renaud enregistrait son album Rue Washington. Elle est donc allée rejoindre l'équipe du film sur le bateau une semaine après le début du tournage. Une fois sur le paquebot, elle apprenait son rôle pour un téléfilm, Isabelle disparue.
Pour Marilou Berry, La Croisière n'est pas sans rappeler le célèbre auteur de vaudevilles : "(...) malgré le nombre de personnages et les intrigues qui s'entremêlent, ce n'est jamais compliqué. On se laisse porter d'une histoire à l'autre, en les voyant progresser. Le bateau apporte aussi un côté Feydeau avec ces gens qui se croisent, les portes qui claquent et les quiproquos, mais sans l'enfermement théâtral puisque le bateau est immense."
Grâce à La Croisière, Marilou Berry a l'occasion de jouer un rôle comique différent de ce qu'elle a fait jusqu'à présent : "Ce n'est pas souvent que l'on associe l'humour ou la caricature à quelque chose d'esthétique. Ce rôle correspond aussi à un virage dans l'image que je pouvais donner car j'ai changé physiquement. C'est un personnage qui va dans le sens de ce que l'on peut enfin voir aujourd'hui. On n'est plus obligée de s'enlaidir pour être drôle. On sort un peu de ces clichés ronde/drôle ou top model/glamour."
Nora Arnezeder, vue dans Faubourg 36, redoutait le tournage de La Croisière : "J'étais un peu intimidée parce que c'est ma première comédie et que j'avais face à moi des experts dans ce domaine. Tout le monde a été charmant et il y avait un vrai esprit de troupe."
Charlotte De Turckheim a déjà travaillé avec Antoine Duléry au théâtre et a dirigé dans sa dernière réalisation, Les Aristos, Armelle et Marilou Berry. Cette dernière a d'ailleurs joué dans La Pire semaine de ma vie aux côtés de Charlotte De Turckheim.