Le scénario de L'Art d'aimer est né d'un long rassemblement de notes prises par le réalisateur, quelques-unes datant d'il y a plus de dix ans : toutes les histoires simples et les débuts de récits qu'Emmanuel Mouret écrivait sur son carnet personnel tournaient autour de l'amour et du désir - d'où l'idée de faire un film choral sur le sujet...
Dans L'Art d'aimer, le réalisateur et les acteurs ont été motivés par le désir de construire une histoire d'amour différente de celle que nous voyons d'habitude... Tous se rejoignent pour affirmer que l'amour romantique au cinéma n'a rien à voir avec la vraie vie ! Emmanuel Mouret mentionne ces couples irréels qui couchent ensemble deux secondes après leur première rencontre, Ariane Ascaride déteste le stéréotype de l'homme séducteur, alors que Judith Godrèche s'indigne contre l'image de l'amour éternel à l'écran. Conséquence : effacement du romantisme et place aux tensions, aux névroses et aux malentendus !
Le titre du film est une référence à l'œuvre écrite autour de l'an 1 par le poète Ovide. Le livre L'Art d'Aimer constitue un manuel de séduction, divisé en trois volumes : le premier présente aux hommes des instructions pour attirer les femmes, le deuxième révèle les secrets pour faire durer l'amour, et le troisième apprend aux femmes l'art de conserver la relation.
L'Art d'aimer est rythmé par des conseils amoureux présentés sous forme d'intertitres, comme "Il ne faut pas refuser ce que l’on nous offre", "Le désir est inconstant", "Sans danger, le plaisir est moins vif", etc. Le réalisateur, Emmanuel Mouret, voulait jouer avec le sens de ces proverbes et idées reçues, par rapport aux difficultés amoureuses présentées à l'écran.
Pour rendre le film plus dynamique, le réalisateur Emmanuel Mouret et le chef opérateur Laurent Desmet ont décidé d'utiliser les plans-séquences - des longues images sans coupure : "Il fallait que les acteurs soient sans cesse en mouvement et que le dynamisme de la mise en scène reflète l’idée de circulation et de changements constants de perspectives."
Emmanuel Mouret retrouve dans L'Art d'aimer deux actrices qu'il avait déjà dirigées dans ses films précédents. Alors que Judith Godrèche figurait sur l'affiche de Fais-moi plaisir ! (2009), Frédérique Bel avait participé au même Fais-Moi Plaisir !, à Un baiser s'il vous plaît (2007) et à Changement d'adresse (2006).
Emmanuel Mouret se félicite du grand casting rassemblé pour L'Art d'aimer, avec entre autres François Cluzet, Ariane Ascaride, Judith Godrèche et Julie Depardieu, tous ayant répondu à des invitations lancées par le réalisateur. Tous, sauf un : "Le seul personnage pour lequel on a eu recours au casting traditionnel, c’est celui de William. On envisageait d’engager un jeune inconnu. Surprise, Gaspard Ulliel s’est présenté aux essais !" Pas besoin de dire que le talentueux acteur a tout de suite été choisi...
Habitué à avoir ses films sélectionnés dans de grands festivals de cinéma, de Cannes (Vénus et Fleur, Changement d'adresse) à Venise (Un baiser s'il vous plaît), le réalisateur Emmanuel Mouret peut désormais ajouter Locarno à sa carrière, avec la sélection de L'Art d'aimer à l'édition 2011 du prestigieux festival suisse.
Souvent comparé aux réalisateurs Eric Rohmer et Woody Allen, Emmanuel Mouret confesse être fan de leurs films, mais souligne aussi que le fait de connaître leur œuvre lui permet de bien percevoir jusqu'à quel point il s'en différencie. Il précise : "Ce qu'il y a en commun, c'est en effet, une thématique, un goût du dialogue. Mais Rohmer, par exemple, travaille avec beaucoup de rigueur, alors que mes films sont beaucoup plus fantaisistes."
Réalisateur de "petits films indépendants", Emmanuel Mouret se dit en quelque sorte inquiet de voir ce cinéma "phagocyté par un cinéma très commercial", même s'il fait confiance aux lois françaises et au système de quotas garantissant la place des films d'auteur. Il tient à souligner qu'à l'avantage des petits films, ces productions représentent un risque financier réduit, donc les réalisateurs ont plus de possibilités d'expérimenter...