Un très beau film de Benoit Jacquot. Basé sur un beau texte de Marcella Yacoub, philosophe iconoclaste et douée, qui avait écrit le livre très intéressant sur DSK. On retrouve le thème de l’enfant sauvage et de l’adolescent abandonné qui vit seul dans la nature . Mais ici Timotée est doté de pouvoirs surnaturels, d’un magnétisme hypnotique qui lui permet de prendre possession des individus. En l’occurrence il tombe amoureux de la jeune fille d’un médecin des pauvres, la très belle Isild Le Besco. Il l’enlèvera contre son gré après l’avoir violé. S’en suit alors une sorte de Road movie dans la France rurale de 1860. On est dans le Vercors ou les Cévennes, superbes paysages, et les deux héros vont croiser, des paysans, des manœuvres, des colporteurs, des petites gens . Ils vivent de rapine et d’eau fraîche. Tout cela est magnifiquement reconstitué et Benoit Jacquot réalise la performance de nous restituer ce que pouvait être la vie dans ces campagnes reculées, avant l’ère de la communication. On est encore presque au moyen âge. Le récit est intéressant, ils n’y pas de temps mort, de nouvelles aventures surgissent à chaque étape. Le couple est attaqué. Il y a bien sûr une attirance sexuelle forte entre les deux amants. Au début Timothée abuse de Joséphine, mais au fil du temps qui passe elle s’émancipe, elle aspire à la liberté, sa sexualité s’épanouie et elle devient consentante et même pro-active. Elle s’aperçoit pourtant que tout ceci est sans futur, et après une dénonciation il est arrêté. Sans l’accabler, elle va mettre en avant le viol et le magnétisme auquel elle ne pouvait résister. Il sera condamné à 12 ans de prison, mesure acceptable. Elle aura un enfant de lui et viendra lui présenter en prison, Tout cela est filmé avec brio et intelligence, les personnages sont bien profilés. Le père en médecin des pauvres, athée et libéral est excellent .Le gendarme chef joue tout en finesse, le jeune Nahuel Biscayart est excellent, réalisant une incroyable composition. Et bien sûr Isild le Besco tient là un de ses plus beaux rôles, peut-être le meilleur, ayant gagné en maturité , mais avec un corps toujours aussi charnel et sensuel . Elle ressemble à un tableau de Renoir, et toutes les scènes de nus sont magnifiques. Très belles reconstitutions historiques aussi. A noter la superbe musique de Bruno Coulais, composition originale, classique /contemporaine envoutante, qui colle parfaitement au récit. Un des meilleurs films de Benoit Jacquot, qui n’a pas rencontré le public qu’il méritait, dans la lignée de son excellent « A Tout de suite », avec déjà Isild le Besco.. A ne surtout pas rater en VOD