Présenté dans plusieurs festivals, dont celui de Locarno, et devant un public plutôt enthousiaste, le film n'a vraiment eu la carrière internationale qu'il était en droit d'attendre et sa sortie a dû être repoussée dans plusieurs endroits. Le réalisateur explique ses difficultés : "Mon film s’est malheureusement retrouvé en concurrence avec un film de Christian Frei, Space Tourists, qui présente certaines similitudes. Sa sortie en Suisse allemande a donc été repoussée pour laisser du temps entre les deux. Et à l’étranger aussi, c’est le film de Frei qui semble être passé devant. Je l’ai vu et je le trouve très bon, là n’est pas le problème. Par contre, je ne m’explique pas bien la réaction de certains festivals américains qui n’ont pas pris Marsdreamers sous prétexte que leur public ne serait pas intéressé…", confesse-t-il. Le cinéaste ne s'arrête néanmoins pas là : "Je préfère consacrer mes énergies limitées à mes prochains projets. Pour moi, il s’agit à présent de tourner le plus de films possible, pour laisser une œuvre. Depuis Marsdreamers, j’ai déjà réalisé et présenté à Soleure un film sur Gauguin à Tahiti, qui correspond sans doute plus à ce qu’on attend de moi."
Si le sujet peut sembler n'être qu'une étude des "adorateurs" de Mars, le réalisateur Richard Dindo avait une visée autre. Fasciné depuis longtemps par les États-Unis, il n'y avait encore jamais situé le cadre de ses recherches. Ainsi, son aveu sur la confusion des sujets des études: "C’était voulu. Il y a toujours une dimension métaphorique dans mes films, et là, je suppose qu’on peut dire que Mars est la métaphore tandis que les Etats-Unis sont le sujet réel. Dans le film, cela m’amène à évoquer comment l’Amérique elle-même a été conquise et colonisée par les Européens. Quant à Mars, c’est aujourd’hui une sorte de rêve, d’utopie – même si ce n’est pas celle dont ma génération a rêvé."
Le réalisateur n'en est pas à son coup d'essai ici, mais il a choisi un thème un peu différent de ses dernières réalisations documentaires. Alors que ses principaux axes de travail étaient jusqu'ici orientés vers la place de la Suisse dans le monde ou l'étude des grandes figures révolutionnaires mondiales, il décide ici de changer de cap et s'en explique : "Un jour, j’ai vu sur une chaîne française une interview de Robert Zubrin, président de la Mars Society, une association américaine qui fonctionne comme une sorte de lobby pour convaincre le gouvernement et le Congrès d’aller sur Mars le plus rapidement possible. Eux-mêmes sont convaincus qu’aller sur Mars est une nécessité scientifique et technologique, que nous devons y chercher des traces de vie et apprendre pourquoi le climat y a changé il y a très longtemps. Tout cela m’a captivé. Par ailleurs, je dois aussi dire que j’avais depuis longtemps envie de réaliser un film aux Etats-Unis."
Le documentaire retrace à travers les Etats-Unis le destin d'hommes et femmes dont le rêve et la conviction profonde leur intiment l'envie d'aller sur la planète Mars. Même si le projet paraît farfelu au premier abord, il faut savoir que les intervenants ne sont pas des gentils utopistes un peu naïfs mais des personnalités reconnues dans leur domaine. On retrouve ainsi une quinzaine de personnes dont une géologue, un architecte spatial, des membres de la Mars Society, un physicien aux riches vues philosophiques, deux Amérindiens pleins de bon sens terrien, un charmant étudiant en informatique impatient d’être le premier sur la planète rouge, un écrivain et un ingénieur, notamment.