Manoel de Oliveira est le premier réalisateur centenaire en activité.
Le film a été présenté en compétition dans la catégorie "Un certain Regard" au Festival de Cannes 2010.
L'étrange affaire Angélica est un projet que porte Manoel de Oliveira depuis 1952 ! A l'époque, le réalisateur portugais pensait que le cinéma n'était pas adapté pour raconter cette histoire : "Il y a beaucoup de projets que je n’ai pas réalisés et sur lesquels je ne suis jamais revenu. (...) À l’époque j’étais convaincu que je ne réaliserais jamais ce projet. J’émettais quelques réserves à l’idée de filmer un rêve car la caméra est incapable de filmer les rêves et les pensées. Une personne peut nous raconter ce qu’elle a rêvé ou pensé, mais on ne peut pas être certain que ce qu’elle nous raconte n’est pas déformé, ou n’est pas un mensonge."
Le scénario original de L'étrange affaire Angélica a été écrit en 1952. Il a donc fallu l'adapter à notre époque. Néanmoins, le passé et le présent coexistent dans le film : les personnages sont par exemple habillés comme dans les années cinquante.
L'étrange affaire Angélica est en partie autobiographique : "J’utilise l’expérience que j’ai vécue dans des circonstances complètement différentes. Cela m’a inspiré pour penser à un photographe persécuté qui voit dans le personnage d’Angélica une sorte de libération, grâce à la façon dont elle lui sourit et à la manière dont il voit son esprit se séparer de son corps", raconte Manoel de Oliveira.
Le cinéaste partage sa vision de l'amour qui est pour le moins intense : "L’amour est abstrait et absolu. C’est-à-dire, la vraie passion entre deux êtres est si violente qu’elle ne les laisse même pas avoir d’enfants. Ceux-ci représenteraient une distraction face à l’amour absolu. L’amour absolu est le désir de l’androgynie, l’envie de deux êtres de s’unir en un seul. C’est un désir impossible mais réel. Tout est violent ici, c’est un film extrêmement violent. C’est une violence beaucoup plus grande que celle de mes films de guerre, où la violence est plus ou moins calculée : elle est réelle, elle tue. C’est une violence de l’individu, de la personne."
Centenaire, De Oliveira a débuté sa carrière à l'époque du cinéma muet. Pourtant, selon le réalisateur portugais, l'essence du cinéma d'aujourd'hui est la même qu'il y a plus d'un siècle : "C’est le même cinéma que celui des frères Lumière, de Méliès et de Max Linder. Là, vous avez le réalisme, la fantaisie et le comique. Il n’y a rien à ajouter à tout ça, absolument rien."
L'étrange affaire Angélica n'est pas le premier film à avoir pour thème celui de l'obsession d'un artiste pour son modèle. La chute de la maison Usher (1928) de Jean Epstein, adaptation éponyme d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe et du Portrait Ovale du même auteur, raconte l'histoire d'un homme qui peint avec acharnement son épouse, au point qu'elle se meure peu à peu et qu'à l'inverse, son portrait prenne vie.
En plus de Cannes, L'Étrange Affaire Angélica a été présenté au Festival International du Film de Karlovy Vary, de Melbourne, de New York, de Toronto, de Haifa, d'Hambourg, de Mumbai, d'Oslo et enfin au Festival Nouveau Cinéma de Montréal.