Dans le monde du documentaire américain, on connaît bien Michael Moore, Frederick Wiseman et Charles Ferguson. Ce dernier avait déjà connu une nomination à l’Oscar du Meilleur Documentaire en 2007.
Il connut l’Oscar en 2010 avec Inside Job, documentaire sur la crise des subprimes, narré par Matt Damon, qui raconte en détail les origines et les conséquences de cette tragédie qui frappa des milliards de gens et qui mit en danger l’équilibre financier mondial. A la manière d’un exposé monté comme un thriller, Inside Job parvient parfaitement à rendre son propos intelligible sans jamais prendre les spectateurs pour des idiots en le vulgarisant (délit dont il semble accuser les banquiers, justement) et pourtant exprimer des choses très techniques sans jamais perdre son spectateur. C’est le grand talent de Charles Ferguson, qui parvient à tenir près de deux heures sur un rythme soutenu, avec une mise en scène impressionnante, quand on voit certaines séquences exécutées avec grand talent. Sa gestion de la bande-son est assez fabuleuse, aspect très important dans les documentaires. Il ne tire jamais sur la corde sensible, ne nous montre jamais des particuliers en train de pleurer comme peut le faire Michael Moore mais préfère nous montrer des professionnels, des experts pour réellement faire parler des gens au fait de ce qu’il veut démontrer. L’important n’est pas d’influer le ressenti mais de donner les faits au public qui se fera son idée tout seul. C’est alors un plaisir d’écouter des gens comme Dominique Strauss-Kahn, qui expliquent parfaitement bien le problème.
Aussi révoltant que formellement parfait, Inside Job est un documentaire indispensable qui explique bien plus qu’un débat à la télévision et qui permet au spectateur d’être enfin mis au courant du pourquoi du comment de cette crise.