Le Quattro volte décrit un lieu qui hésite "entre notre époque et le passé, selon Michelangelo Frammartino. Entre croyances modernes et archaïques. Entre le village et la campagne. Les acteurs de cette histoire, comme des fantômes cinématographiques, ne cessent de traverser le pont jeté entre le monde moderne et le lieu qui empêche la disparition de leurs modes de vie."
Le précédent film de Michelangelo Frammartino, Il dono, portait déjà sur un petit village italien, mais le sujet différait : Il dono présentait une bourgade désertée par ses habitants au fil du temps.
Le réalisateur confie comment lui est venue l'idée de filmer cette région d'Italie : "En Calabre, la nature ne connaît pas de hiérarchie. Tout être possède une âme. Pour s’en convaincre, il suffit de croiser le regard d’une bête, d’entendre le son de la charbonnière, qui est comme une voix, ou bien d’observer le flottement du sapin battu par le vent, qui appelle tout le monde à se grouper. C’est une thématique à laquelle je n’imaginais pas être sensible, mais qui s’est par la suite imposée.(...) Il n’y avait pas d’idée prédéterminée. En ce sens, mon rôle n’a pas été celui d’un auteur. Plutôt celui d’un médium entre la matière et la forme."
Bela Tarr, notamment son film Damnation (racontant la descente d'un homme vers la solitude la plus profonde) et Bresson avec Au hasard Balthazar (la vie d'un âne qui découvre les vices des êtres humains) figurent parmi les influences du cinéastes de Quattro volte. S'ajoutent Michael Snow, réalisateur de La Région centrale et Samuel Beckett, auteur du court-métrage Film, de 1965. Dans tous ces films, l'homme est relégué au second plan, point commun avec le film de Michelangelo Frammartino.
Le réalisateur explique comment il s'y est techniquement pris pour que le héros apparaisse à la fin du film : "Le héros du premier épisode est un pasteur. Ensuite, les « humains » disparaissent au fond de l’image au point de se camoufler dans le décor. C’est pourquoi j’ai habillé les charbonniers, qui interviennent dans la dernière partie, de la même couleur que la charbonnière. D’une certaine manière, le seul être humain qui apparaît est le vieux berger."
Le film porte sur un vieux berger, mais aussi et surtout sur la nature, comme en témoigne le réalisateur Michelangelo Frammartino : "Est-ce que le cinéma peut se libérer du dogme qui dit que le personnage principal doit être un homme? Le Quattro Volte encourage un parcours de libération du regard. Il pousse le spectateur à trouver le lien invisible qui anime la totalité du monde. Le film commence de manière traditionnelle, en se concentrant donc sur l’homme. Puis, il déplace l’attention du spectateur sur ce qui entoure l’humain, et qui ne constitue normalement que le décor du film".
Cette région du sud de l’Italie – située à la pointe de la botte de la péninsule italienne au dessous de Naples – est un lieu traversé de contradictions. La Calabre est la région la plus pauvre d’Italie et l'une des plus démunies d’Europe.
La population locale a été impliquée dans la réalisation du film. La plupart jouent les habitants du village.