Une bouteille à la mer a remporté le Prix du public et le Prix spécial du jury lors du Festival du film et des cultures méditerranéennes, ainsi que le Prix du jury au Festival Rouyn Noranda. Auparavant, le film s'était également vu décoré lors des Festivals de Sarlat et de Saint-Jean-de-Luz en 2011.
Pour les besoins du film, l'acteur Mahmud Shalaby (d'abord musicien) a appris le français et a enchaîné, après le tournage d'Une bouteille à la mer, avec un rôle dans Les Hommes libres, dans lequel il donne la réplique à Tahar Rahim. De son côté, Agathe Bonitzer a également dû apprendre les bases de l'hébreu très rapidement.
Sur le tournage, l'équipe du film était totalement mixte, notamment avec une scripte palestinienne chrétienne, parlant français, anglais, arabe et hébreu, des régisseurs palestiniens d’Israël, une assistante israélienne et un second assistant palestinien. Le film témoigne ainsi d'une sensibilité artistique qui est commune à tous.
Certaines séquences du film ne sont pas seulement fictionnelles puisque le réalisateur a utilisé des images d’actualité provenant d’archives diffusées par les médias, notamment sur la grande manifestation commémorant l’anniversaire de la mort de Yitzhak Rabin filmée sur la place des Rois, au milieu de milliers d’Israéliens venus manifester leur désir de paix : "C’est une manière de faire coïncider la fiction avec les faits réels, et de rappeler au spectateur les moments clés du conflit sur la période où se déroule l’histoire", déclare le metteur en scène et scénariste Thierry Binisti.
Le réalisateur aurait voulu tourner la moitié des séquences en Israël et l’autre moitié à Gaza : "Si on prend une équipe de comédiens et de techniciens en Israël, il est impossible de les faire entrer à Gaza, et inversement", explique-t-il. L'équipe a quand même essayé en demandant au Centre Culturel français de Gaza, mais pour des questions de sécurité (de risque d’enlèvement), Israël ne laisse entrer aucun Israélien à Gaza. Alors, bien que les séquences de Gaza vues de l’extérieur montrent Gaza, celles en intérieur ont été tournées dans des villes arabes israéliennes.
Au début du projet, Thierry Binisti a eu des difficultés pour financer et produire le film : "Certains producteurs m’ont fortement déconseillé de me lancer", explique-t-il, mais les producteurs français Miléna Poylo et Gilles Sacuto ont très vite compris les ambitions du projet : "Ils nous ont suivis puis magnifiquement accompagnés, en s’investissant totalement", termine le réalisateur.
"Là où Roméo et Juliette se laissent porter par leur histoire d’amour, nos personnages, eux, ont conscience de devoir construire leur propre vie en tant qu’individus libres", déclare le réalisateur, avant de nous expliquer qu'il ne s'agit pas exactement d'une histoire d'amour, mais plutôt d'une relation impossible qui se noue, se déchire puis se renoue. Tal et Naïm sont ainsi perçus comme une incarnation des relations israélo-palestiniennes...
L'auteure Valérie Zenatti et le réalisateur Thierry Binisti affirment avoir presque tout fait ensemble pour le développement d'Une bouteille à la mer : l’écriture, les repérages, le choix des comédiens. L'écrivaine était également présente sur le tournage et au montage : "Il était important pour moi de prolonger la collaboration engagée sur le scénario, pour que le film puisse avoir toute l’authenticité nécessaire. Ce n’est pas si simple d’aller tourner dans un autre pays que le sien", confie le metteur en scène.
Le livre est écrit sous forme épistolaire, donc difficile à adapter, mais cela n'a pas empêché le réalisateur de donner une vie propre aux personnages et de rendre l'historie concrète par des images. Le film va même plus loin en répondant à la fin ouverte proposée par le livre : "j’ai senti que l’adaptation ne serait pas la transposition ou l’incarnation du livre à l’écran, mais un prolongement de celui-ci", assure la romancière et scénariste Valérie Zenatti.
Thierry Binisti a décidé d'adapter le livre de Valérie Zenatti pour montrer que la réalité du pays d’Israël n'est pas seulement réduite à la guerre : "En Israël ou en Cisjordanie, il n’y a pas que la préoccupation politique, même si elle est très présente. Vivre, tomber amoureux, accéder à ses désirs… J’avais envie de montrer cela", affirme le réalisateur.
Une bouteille à la mer est une adaptation du livre de Valérie Zenatti, "Une bouteille dans la mer de Gaza", dans lequel elle révèle sa conscience politique et ses découvertes de jeune adolescente. Dans les années 1990, elle a été journaliste en France et a suivi de très près les débuts du processus de paix israélo-palestinien, ponctués par des actes terroristes. Ces événements l'ont poussée à écrire en neuf mois son point de vue à travers un roman personnel qui, malgré la guerre, n'écarte pas des thèmes comme l'amour, les désirs et la vie.
L'auteure niçoise Valérie Zenatti a passé toute son adolescence en Israël, expérience qui marque en partie son travail d'écrivain. Explorant plusieurs formes d’écriture, elle a en effet écrit plus d’une douzaine de livres pour la jeunesse, traduits et primés dans le monde entier. Elle a également traduit l’œuvre du romancier Aharon Appelfeld en français.