Ouverture du film : le festival des effets spéciaux, sans aucun contexte (c'est le b*rdel, il n'y a pas d'autre mot), avec un gars dont le squelette s'arrache littéralement de sa chair (on repense au Freddy où la victime a les nerfs arrachés de ses membres, pour devenir une marionnette : l'effet utilisé est le même), un autre gars à moitié reptilien qui rampe misérablement au sol, toutes sortes de déformations (que de prothèses !) toutes plus crades et déjantées. Bon, à ce stade, on sait déjà que le film est pour nous. La suite ne nous a pas trahi. Présenté (et non réalisé) par Wes Craven, avec un rôle sympa pour Robert Englund (Freddy) sans maquillage, et réalisé par Robert Kutzman (maquilleur et truquiste de profession, notamment pour les Evil Dead 2 et 3 et pour Freddy 5... Ceci explique cela), Wishmaster est avant tout un film de truquiste, qui s'éclate avec ses prothèses, ses pustules (
le pharmacien qui crève de la Peste purulente...
D'un cynisme raffiné), qui enchaîne les caméos de vedettes du "bis"... On n'avait repéré que Robert Englund, mais si vous avez l’œil aiguisé, vous pourrez croiser une flopée de noms de la série B juteuse, dont Ted Raimi (frère de Sam, qui faisait de la figuration de Deadites pour Evil Dead), Tony Todd (le fameux Candyman), Tom Savini (chef du maquillage sur Zombie, Vendredi 13, Maniac, Le Jour des Morts-Vivants...), et même de Pazuzu (le Dieu sumérien de L'Exorciste, dont on voit rapidement la statue dans le final)... Vous l'aurez compris, Wishmaster est un conglomérat de tout ce que le cinéma d'épouvante a su faire, une réunion de famille qui fait vraiment du bien pour tout amateur du genre. Et si les caméos sont généreux, le reste du film n'a pas à pâlir non plus, car Wishmaster n'oublie pas d'être un sympathique produit de vidéo-club - sorti au cinéma, on n'arrive toujours pas à croire à cette info - qui nous offre un boogeyman (un croque-mitaine) plutôt classe (Andrew Divoff y est pour beaucoup, avec son sourire carnassier), une intrigue assez classique de vœux qui se retournent contre celui qui les formule (l'art de manipuler les mots), un choix cornélien entre
faire revenir le mort aimé ou sauver un autre être cher...
On n'attendait clairement rien de Wishmaster, mais le rythme est bon, le doublage de Richard Darbois est un retour aux années 90 qui fait un bien fou, l'héroïne interprétée par Tammy Lauren est loin d'être une bécasse "scream queen" (et on a même été dupé par sa façon de résoudre le problème du Djinn... On n'avait pas pensé à ce coup-fourré), on aime bien la mythologie recherchée sur le Djinn (lisez le "vrai" Aladdin des Mille et Une Nuits - qui se passe en Chine, avec un génie qui est très loin d'être sympa... Eh oui, traditionnellement, les "djinns" sont des démons, qui ne sont là que pour vous arnaquer sur ce que vous désirez, une morale pour mettre en garde contre la convoitise dangereuse). Les effets spéciaux numériques ont mal vieilli (la baie vitrée qui se brise... Aïe les yeux), mais on est très loin de la médiocrité attendue d'une série B, et Wishmaster n'a de cesse de vouloir nous régaler avec un Andew Divoff en forme, un réalisateur qui fait un vrai film de maquilleur-truquiste, fait déambuler Robert Englund (on est déjà conquis à sa seule vue) et bon nombre de caméos plus pointus, et ne se moque pas de nous sur la mythologie du djinn, et non le gentil génie tout beau tout bleu. Je suis ton meilleur...ennemiiiiiii.