Etat d'élue est dédié au mari disparu de Françoise Verchère, qui était un ami d'enfance de Luc Decaster, le réalisateur de ce documentaire.
Maire et Vice Présidente du Conseil Général de la Loire Atlantique chargée de l’environnement, Françoise Verchère est une femme politique réputée pour faire passer ses convictions avant ses ambitions. Appréciée pour son honnêteté, elle est très engagée dans les questions liées à l'environnement, et ne connaît pas les compromis en matière de politique : "Je n’ai jamais renoncé à mes convictions, même face aux décisions de mon parti. Il m’est arrivé localement d’agir à l’inverse de ce qui m’était demandé plus haut. La vassalité existe en politique, à Nantes comme ailleurs, parce que des élu(e)s doivent leur carrière à des hommes qui pensent en termes de fief et de suzeraineté. Je refuse les compromissions, ce qui implique parfois de savoir renoncer à des places par exemple. J’ai été poussée à l’action publique par ma culture et mon éducation et par ma révolte contre tout ce qui me semble injuste. Je poursuis donc, malgré une certaine lassitude, perceptible dans le film."
Luc Decaster évoque sa volonté de mélanger l'intime et le politique dans son film, afin de rendre compte de la complexité inhérente à la personne de Françoise Verchère : "Il était essentiel pour moi que l’intime et le politique se mêlent d’emblée, pour que l’individu soit là dans toute sa complexité. Je voulais ouvrir très vite dans le film une possible diversité de sens. J’essaie, à chaque film, de laisser une place au spectateur. Là on voit se dessiner le portrait d’une femme politique capable de parler de bien d’autres choses, sans jamais se défiler, ce qui m’a beaucoup plu. Je me devais de ne pas gommer les contradictions, de laisser apparaître le point de vue de ses adversaires pour offrir aux spectateurs des espaces de réflexion. J’ai travaillé sur le temps, sur le quotidien. Je me méfie de ces films qui se veulent « militants » et ne cherchent à satisfaire qu’un public déjà convaincu, utilisant du coup les mêmes formes que le système médiatique qu’ils critiquent."
Françoise Verchère revient sur son rapport avec le réalisateur : "Luc était donc un ami et cela a sans doute été déterminant dans la construction du projet de film. C’était simplement un ami avec une caméra. Je croyais assez peu à ce projet. Je pensais que ce qu’il filmait permettrait de conserver une trace de certains aspects de ma vie, un peu comme un film de famille. Quand nous étions entourés de gens, je leur disais que Luc réalisait un reportage, ce qui l’énervait beaucoup. Et puis le film a pris corps. Il est devenu réalité. Je n’ai pas souhaité le voir avant sa présentation publique dans sa forme définitive. J’avais toute confiance dans ce que Luc allait faire mais j’aurais pu être tentée d’intervenir sur l’image que cela renvoyait de moi. Ce n’est pas facile de se voir sur grand écran. J’y ai réfléchi depuis un an que le tournage est terminé et me revient surtout l’image de la solitude que je ressens dans la vie politique comme dans ma vie personnelle."
Luc Decaster nous parle de son rapport avec Françoise Verchère, et de la manière dont ce lien a donné lieu au film : "Je connais Françoise depuis six ans. Elle est la femme de l’un de mes amis d’enfance. Lorsque j’accompagnais la sortie de mon film précédent Rêve d'usine, je logeais parfois chez eux. État d’élue est d’ailleurs dédié à cet ami, Jean, malheureusement disparu. Ces amitiés se tiennent dans un cadre particulier : je viens d’un milieu communiste, Françoise était socialiste. Elle s’occupait d’environnement et a été régulièrement réélue maire de Bouguenais et conseillère générale au premier tour. Je trouvais ce parcours très intéressant. Elle pensait quitter la politique. Au début j’ai donc d’abord envisagé de filmer sur une dizaine de jours la fin de son mandat municipal. J’ai filmé toute une année…"