C'est à la suite de son court-métrage de fin d'étude que le réalisateur rencontre pour la première fois l'actrice Helena Yaralova qui occupe déjà le rôle principal. Marqué par sa performance, il décide d'écrire le scénario de son premier long-métrage autour d'"un personnage qui aurait la quarantaine et qui serait russe, comme elle." Sa première version ne le satisfait pas. Il décide donc d'y retravailler avec Erez Kav-El, reconnu pour son travail d'écrivain, qui lui conseille alors de tout reprendre à zéro en ne gardant que les personnages.
La musique est au cœur de ce film, entre vieux tubes français d'Adamo, Alain Barrière, Joe Dassin, chansons populaires russes et sonates de Beethoven et Chopin. Chacune correspond aux personnages qui vont se croiser et s'aimer dans ce long-métrage qui n'est pas sans rappeler l'univers de Claude Lelouch.
A la suite de l'attaque de la flottille humanitaire "Free Gaza" par l'armée israélienne début juin, le réseau de cinéma Utopia décide de déprogrammer le film dans deux salles de son réseau en signe de protestation et pour alerter l'opinion. A la suite du tollé politique (le Ministre de la Culture et le Maire de Paris ont notamment publié un communiqué demandant l'annulation de cette décision), et artistique engendrés (une avant-première en présence d'Elie Chouraqui, Romain Goupil et Yann Moix a été organisée durant laquelle ils ont condamné ce "boycott"), le réseau a alors décidé de déplacer sa sortie de quelques semaines. Mais les tensions restent vives autour d'un film qui n'a pourtant, de l'avis de tous, rien de politique.
L'homme de 32 ans réalise avec ce film son premier long-métrage pour le cinéma. Il était jusqu'à présent l'auteur d'un court-métrage en 2005, Laila Affel, qui lui avait valu quelques récompenses dont une mention spéciale à la Mostra cette même année. Il a également œuvré pour la télévision puisqu'il y a réalisé un téléfilm en 2007.
Alors qu'il s'est trouvé pris en otage par une polémique dépassant de loin les enjeux politiques de cette région du monde, le réalisateur avoue avoir eu du mal à boucler la production de son film, à qui on a paradoxalement reproché de pouvoir "se passer n'importe où". En effet, ce film israélien qui ne s'inscrit dans aucune dimension politique, a bien failli ne pas voir le jour en raison de l'absence "de grand drame ou de conflit avec la Palestine, contrairement à ce qu’attendent les gens d’un film réalisé en Israël".
Un premier long-métrage laisse souvent transparaître une empreinte 'formelle" majeure, le réalisateur affirmant par cette occasion sa façon d'envisager le cinéma. En distinguant stylistiquement les trois parties de son film, Leon Prudovsky s'est inscrit dans la veine de ses propres courts-métrages, qui incarnent chacun des styles bien distincts. La première se veut "très statique, avec de longues séquences et des gros plans" pour retranscrire la sensation qu'"Yigal soit emprisonné dans une sorte d’inertie." La deuxième s'intéresse ensuite à Lina, "filmée caméra à l’épaule pour donner une impression de liberté, de mouvement (...) puisque Lina est toujours entre deux lieux." Et enfin la troisième partie "est une combinaison des deux, puisque l’histoire se recentre sur eux deux."
Le film a été projeté à Paris lors de l'ouverture du 10ème Festival du cinéma israélien, en présence de la ministre de la culture israélienne Limor Livnat et du parrain de cette édition, l'acteur et réalisateur Yvan Attal. Le jeune réalisateur Leon Prudovsky, âgé de 32 ans, a obtenu en 2009 le prix du meilleur long métrage de fiction israélien au 25ème Festival International du Film de Haïfa.
Le réalisateur retrouve une partie de l'équipe avec qui il avait travaillé pour son court-métrage puisqu'en dehors de l'actrice Helena Yaralova, on peut également remarquer la présence du compositeur Gavriel Ben-Podah.