Forcément, lorsque votre titre correspond à une chanson de Leonard Cohen, vous partez avec un avantage. Heureusement, l'intérêt de « Take This Waltz » ne s'arrête pas là, réussissant, sur le thème archi-rebattu du triangle amoureux, à offrir un joli portrait de femme moderne, ayant l'intelligence d'éviter tout manichéisme du début à la fin. Non, le mari n'est pas un type odieux trompant sa femme à tout va, non, l'amant n'est pas un mec « clean » et bien sous tous rapports, et l'on comprend aisément les atermoiements de la jeune femme face à ce dilemme complexe, mais jamais lourd ou simpliste, deviner précisément le déroulé des événements (notamment dans la seconde heure) n'ayant rien d'évident. Le souci, comme dans l'immense majorité des films « d'auteur » actuels, c'est cette incapacité à être aussi concis qu'il le faudrait, les scènes s'étirant parfois inutilement, frôlant la pose, certains aspects étant soit « trop », soit pas assez développés (je pense surtout au personnage de Sarah Silverman).
Rien de très original non plus, mais plusieurs passages vraiment émouvants voire aériens (ce tour de manège sur « Video Killed the Radio Star », j'ai adoré), et une belle réflexion sur la fragilité des sentiments, si complexes, parfois si éphémères... Michelle Williams y offre une prestation sensible, bien entourée par ses partenaires masculins, notamment Seth Rogen, pour le moins inattendu dans ce registre et très convaincant. Avec, en prime, un bel éloge d'une liberté retrouvée, sans peur du lendemain. J'ai aimé le regard de Sarah Polley sur cette histoire et ses personnages : ne manque plus qu'à la réalisatrice à tailler un peu mieux dans le montage et éventuellement enrichir ses rôles secondaires : le talent est là.