Poupoupidou est le deuxième long métrage réalisé par Gérald Hustache-Mathieu, après la comédie dramatique Avril, portée par Sophie Quinton, Miou-Miou et Nicolas Duvauchelle.
Dans Poupoupidou, Gérald Hustache-Mathieu dirige à nouveau son actrice fétiche Sophie Quinton, qui avait déjà joué dans son premier long métrage, Avril, en 2006 ainsi que dans ses deux courts métrages, Peau de vache (2001) et La Chatte andalouse (2002). Le réalisateur a immédiatement pensé à elle pour incarner Candice, personnage inspiré de Marilyn Monroe. "... je connaissais suffisamment Sophie pour avoir la quasi certitude qu’avec elle, on ne tomberait jamais dans l’imitation, ou une espèce de parodie factice. J’ai une confiance assez aveugle dans son talent, sa justesse d’interprétation," explique Hustache-Mathieu.
Pour incarner à la fois le côté comique et le côté sombre de David Rousseau, Gérald Hustache-Mathieu choisit l'acteur Jean-Paul Rouve. Le réalisateur explique : "(...) pour incarner ce genre d’anti-héros en gardant l’empathie du spectateur, il faut un comédien qui donne malgré tout envie de l’aimer. Et j’ai toujours trouvé Jean-Paul incroyablement touchant." Tous deux assez perfectionnistes, Rouve et Hustache-Mathieu se sont d'ailleurs très bien entendus durant le tournage. Le sens de la comédie de l'acteur, ainsi que son expérience d'écriture apportèrent beaucoup à toute l'équipe du film.
Gérald Hustache-Mathieu eut l'idée de réunir à l'écran Jean-Paul Rouve et Sophie Quinton en les voyant discuter ensemble, lors d'une soirée en 2004. Rouve était alors venu féliciter le réalisateur et son actrice fétiche pour le court métrage qu'ils avaient fait ensemble.
Le réalisateur n'a pas eu tout de suite l'idée de s'inspirer de Marilyn Monroe pour le personnage de Candice. Ce n'est qu'après avoir lu une enquête à propos d'une chanteuse qui affirmait être la réincarnation de la star, que Gérald Hustache-Mathieu décida de construire son scénario de cette manière.
Même si Poupoupidou est loin d'être un film sur Marilyn Monroe, l'image de l'actrice y est omniprésente. Le réalisateur s'est fortement inspiré de l'énigmatique aura de la star, qui incarne pour lui "le rêve américain, et au-delà, le rêve tout court." Il raconte :"C’était très excitant de transférer la mystérieuse émotion que suscite Marilyn, qui déborde autant l’histoire du cinéma que celle de l’Amérique, vers Candice/Martine, petite starlette locale de Mouthe, dans le Jura."
Le réalisateur Gérald Hustache-Mathieu fait une différence entre une réutilisation de certaines scènes cultes des films de Marilyn Monroe, que l'on peut voir dans Poupoupidou ("la scène du Jokary des Misfits ou le Happy Birthday Mr President"), et un hommage à ces scènes-là. A l'instar des remixes musicaux et des collages en peinture, sa démarche relève plutôt du "sample".
Dans le but de s'essayer à un nouveau registre, Gérald Hustache-Mathieu décida avec Poupoupidou de réaliser un film noir. Cependant, ce nouveau long métrage lorgne également du côté de la comédie et présente certains aspects romanesques. "Au cinéma, j’aime le mélange des genres, essayer de faire cohabiter ensemble la gravité et une apparente légèreté… Parce qu’il me semble que la vie aussi est comme ça," explique le réalisateur.
L'estime de soi est l'un des thèmes les plus importants de Poupoupidou. En effet, Candice et David Rousseau sont des personnages qui ont facilement tendance à s'auto-dévaloriser (tout comme Marilyn Monroe, qui manquait aussi de confiance en elle). Le réalisateur Gérald Hustache-Mathieu qualifie ce sentiment de "complexe social", et fait le rapprochement avec son expérience personnelle. "je viens d’un milieu modeste dans lequel on ne parlait ni cinéma, ni littérature, ni musique. Je ressens souvent ce sentiment d’usurpation, je me demande parfois si je suis “légitime”, comme si je ne méritais pas ma place," confie-t-il.
Dans Poupoupidou, chaque personnage se retrouve confronté au rêve américain, à "l'illusion d’un ailleurs où tout serait possible." Gérald Hustache-Mathieu reconnaît partager lui-même ce sentiment : "En tant que cinéaste français, on se retrouve face à cette concurrence déloyale du mythe américain (...)". Le cinéaste apporte néanmoins une réponse à ce problème à travers le personnage de David Rousseau, qui finit par abandonner son pseudonyme pour signer ses ouvrages de son propre nom.
L'action de Poupoupidou se situe dans le village de Mouthe, qui évoque au réalisateur les Grands Espaces de l'Amérique du Nord, et qui est en même temps pour lui à des années-lumière du rêve américain. Le village est ainsi pour lui la métaphore parfaite du rêve inaccessible. "C’est un village interfrontalier, dans lequel on a l’impression d’être ni tout à fait en France, et pas vraiment en Suisse, un “No man’s land” où le temps n’a pas vraiment prise et où l’hiver s’éternise," explique-t-il.
Les titres "Comme Marilyn" ou encore "Les Mystères de Mouthe" furent un temps envisagés pour le film, avant que celui-ci ne soit finalement intitulé Poupoupidou.