Avec Ma part du gâteau, Cédric Klapisch se consacre pour la première fois de sa carrière à un sujet d'actualité. Souhaitant réagir sur la situation sociale actuelle, il a ainsi imaginé une intrigue entre deux personnages dans le monde de la finance, se basant sur son constat à l'issue de la récente crise économique mondiale. "Grosso modo, en ce moment, le monde fabrique de plus en plus de profit, et de moins en moins de gens en profitent ! L'idée du film part de ce constat", explique le réalisateur.
Souhaitant apporter à Ma part du gâteau un regard plus personnel, Cédric Klapisch a écrit tout seul le scénario du film, comme il le fait d'ailleurs de plus en plus souvent (et notamment pour Chacun cherche son chat, L'Auberge Espagnole, Les Poupées russes et Paris). "Il y a quelque chose de joyeux et de dynamique à écrire à plusieurs, mais j'ai l'impression que quand j'écris seul, il y a une maîtrise plus globale du projet (...)," explique le cinéaste.
N'ayant pas beaucoup de notions en matière de finance, le réalisateur Cédric Klapisch a enquêté de façon pointue sur le sujet avant d'écrire le scénario de son film. Il a ainsi lu des livres et des articles et a rencontré plusieurs traders et ouvriers. En comparant les différents points de vue des principaux concernés, le cinéaste a ainsi tenté d'ancrer au maximum sa fiction dans la réalité. Il a également demandé à ses deux acteurs de s'immerger dans les univers de leurs personnages respectifs. Karin Viard est donc allée rencontrer des personnes de classes modestes à Dunkerque, pendant que Gilles Lellouche partait à la rencontre de magnats de la finance pour "enquêter" sur leurs procédés.
Même si Ma part du gâteau traite de sujets difficiles, Cédric Klapisch a tenu à ce que le film soit malgré tout une comédie à part entière. Il a ainsi laissé une grande place au rire, même au cœur des situations tragiques que vivent les personnages. "Rire de tout cela ne supprime la dénonciation, mais au contraire l'accentue", déclare le cinéaste, qui rapproche sa démarche de celles de Chaplin et Molière.
Klapisch définit volontiers Ma part du gâteau comme une sorte d'anti-Pretty Woman. Reprenant plus ou moins le même schéma narratif que la célèbre comédie romantique américaine (à laquelle il fait d'ailleurs un pied-de-nez dans l'une des scènes de son film), le réalisateur tente ainsi de montrer que la réalité n'est pas aussi simple. "J'essaie plutôt de faire de la publicité pour la réalité en disant, en ce moment il vaut mieux arrêter de rêver... (...) Il faut faire du cinéma pour avertir, pas seulement pour divertir", explique-t-il.
Une fois n'est pas coutume, Cédric Klapisch rompt dans Ma part du gâteau avec son habitude de multiplier les personnages centraux dans ses films: "Après avoir fait beaucoup de films de foule, je voulais explorer la simplicité d'un dialogue entre deux personnages", raconte le réalisateur. L'intrigue de son nouveau film est donc exclusivement centrée sur les personnages incarnés par Karin Viard et Gilles Lellouche, qui représentent deux mondes en totale opposition, se retrouvant soudain face à face.
Connu pour son talent dans la direction d'acteur, Cédric Klapisch a pu faire ses preuves une nouvelle fois aux côtés de Karin Viard et Gilles Lellouche, qui ne tarissent pas d'éloges au sujet du réalisateur. "Il met la barre haut : son exigence est à la hauteur de son affection", confie l'actrice, appuyée par son partenaire de jeu : "(...) il sait exactement où il veut vous emmener, avec une précision chirurgicale. Mais il le fait avec une telle délicatesse que la direction n'est plus une direction, elle devient un jeu."
Pour Ma part du gâteau, Cédric Klapisch retrouve une nouvelle fois Gilles Lellouche et Karin Viard, qu'il avait déjà dirigés dans Paris quelques années auparavant. Par ailleurs, l'actrice avait déjà collaboré avec le metteur en scène en 1992 pour Riens du tout. "J'ai l'impression qu'elle est en fille ce que je suis en garçon !", confie-t-il. "Il y a un effet de miroir assez troublant. Cela crée en tout cas une grande complicité."
Zinedine Soualem joue une nouvelle fois sous l'oeil de Cédric Klapisch, avec qui il collabore depuis ses débuts. Dans Ma part du gâteau, il est le serviable et hilarant Ahmed, à l'origine de l'embauche de France (Karin Viard) en tant que femme de ménage.
Ma part du gâteau permet à Cédric Klapisch de diriger pour la troisième fois l'Anglais Kevin Bishop, après L'Auberge Espagnole et Les Poupées russes.
Pour incarner le personnage du trader impitoyable qu'est Steve, Cédric Klapisch a d'abord pensé à plusieurs comédiens et notamment à Romain Duris, qu'il avait eu l'occasion de diriger plusieurs fois. Mais après avoir estimé que ce dernier était trop "positif et solaire" pour le rôle, il s'est tourné vers Gilles Lellouche, qui avait pour lui l'étoffe de ce personnage pour le moins antipathique. "(...) il fallait quelqu'un qui puisse aller au frontières de l'atroce (...) et que ça reste jouissif pour lui en tant qu'acteur (...). Gilles a eu la grandeur d'assumer et d'aimer ça !," raconte le cinéaste.
Cédric Klapisch souhaitait depuis longtemps travailler à nouveau avec Karin Viard, qu'il compte d'ailleurs parmi ses amis à la ville. Après un projet de comédie pour enfants avec elle, qui n'a finalement pas pu voir le jour, le cinéaste a immédiatement pensé à l'actrice pour le rôle de France dans Ma part du gâteau.
Le contraste permanent qui existe entre les deux personnages principaux de Ma part du gâteau a également été représenté dans le film de façon visuelle. Cédric Klapisch a ainsi longtemps observé les milieux de la finance et a tenté de les reproduire le plus fidèlement possible à l'image, allant jusqu'à tourner certaines scènes au milieu de véritables traders en train d'effectuer de vraies transactions. De même, l'opposition entre les deux personnages centraux est symbolisée à l'écran par les couleurs de leurs appartements respectifs (chaleureuses et chatoyantes pour France, sobres pour Steve). Deux appartements qui sont d'ailleurs également opposés en terme de hauteur.
Cédric Klapisch ne cache pas ses influences. Pour Ma part du gâteau, il confie notamment s'être inspiré de cinéastes tels que Ken Loach, Frank Capra ou encore Fellini. Le réalisateur s'est aussi appuyé sur La Phénoménologie de Hegel qui a en grande partie inspiré le marxisme. "Un autre regard m'a également guidé, c'est celui du théâtre classique, auquel j'ai emprunté le personnage du serviteur ou de la boniche. Chez Molière, la constance de ce thème m'a beaucoup influencé", ajoute-t-il.
Le réalisateur a coupé de nombreuses scènes du film au montage, pour ne garder finalement que celles qui illustraient vraiment son propos. En effet, dans Ma part du gâteau, le but de Klapisch a été de montrer une opposition entre deux personnages : l'un étant ambitieux et l'autre terre-à-terre. Craignant que le film ne passe pour une simple comparaison entre riches et pauvres, le cinéaste a donc enlevé plusieurs séquences, et notamment une scène au début, qui montrait France acheter un pyjama à 5 euros pendant que Steve en dépensait 5000 pour offrir une robe.
Cédric Klapisch avait hésité à choisir Ana Girardot pour Ma part du gâteau. Le cinéaste fera équipe avec la comédienne en 2016 pour Ce qui nous lie.