La trame de départ étant la volonté de montrer l’engagement de Siné tout au long de sa vie et le dessin comme arme de combat, la surprise provoquée par la polémique et son procès n'a finalement nullement perturbé le cours de la réalisation. Au contraire, puisqu'au lieu de filmer le passé, le réalisateur a filmé le présent, en faisant le pari que ce combat permettait de comprendre ceux du passé. Et de conclure qu'à 80 ans, Siné est le même qu'à 20 !
Si tous ses proches s'accordent à dire qu'il est d'une vraie mauvaise foi, ce documentaire révèle une tendresse qu'on ne lui soupçonnait pas. Il affirme plus que jamais ne pas être sous le joug de la "pensée dominante" mais admet ses erreurs avant de se remettre à "y croire". Une attitude qui trouve un écho dans la période d'aujourd'hui et les premières projections, qui ont révélé un public lycéen très enthousiaste.
S'il a pu difficilement bénéficier d'une aide à l'innovation de la part du CNC, le financement du film a été quasi-nul. Ni soutien extérieur, ni chaîne de télévision n'ont voulu se risquer au projet. L'aboutissement du film est ainsi le résultat de la confiance et de la compétence de toute l'équipe qui s'est dévouée à sa réalisation malgré les conditions.
Stephane Mercurio a voulu montrer une facette peu connue de Siné au quotidien, l'intimité d'un homme connu pour son fort caractère. Et pour cause, la mère du réalisateur partage la vie du dessinateur depuis plus 40 ans et il voulait "faire cadeau à d'autres" de cette histoire familiale.
En tant que documentaire familial filmé "au jour le jour", le tournage s'annonçait, par essence, assez atypique. Stephane Mercurio nous en définit la tonalité, entre anecdotes et confessions. "Quand je posais la caméra, il m’était impossible d’observer, de réfléchir à ce que je venais de filmer. (...) je devais passer un coup de fil à un journaliste, relire un texte, donner un goûter à mes enfants ou changer une ampoule chez mes parents. Pas toujours simple mais cela donne probablement une urgence, une vitalité au film."
Siné a certes bénéficié d'un coup de projecteur assez large lors de son renvoi de Charlie Hebdo en 2009 et du procès qui a suivi, mais le réalisateur confie avoir pensé ce projet bien avant. Le tournage avait en effet débuté en 2007 s'espaçant, par intervalles, sur une durée de 2 ans jusqu'au début de la polémique.
Le lancement de Siné Hebdo que le documentaire accompagne, s'est réellement fait à partir de rien. Il lance le journal avec sa compagne Catherine et 2400 euros, pour une aventure qui devient rapidement familial. Le salon se transforme en salle de maquette et le bureau en salle de rédaction. Et pourtant, dès son premier numéro, il diffuse à 140 000 exemplaires et dépasse Charlie, l'ancien employeur devenu ennemi.