La romance que Dany Boon raconte dans Rien à déclarer s'inspire de l'histoire de ses parents. "Mon père était kabyle et ma mère française. Tombée enceinte très vite, elle a été rejetée par une partie de sa famille. Ce sont des choses qu’on n’oublie pas quand on les vit comme moi enfant…," raconte le réalisateur. D'autre part, l'idée de faire un film sur la frontière franco-belge lui est également venue de son expérience personnelle. Il explique : "(...) j’ai franchi à de nombreuses reprises cette fameuse frontière entre les deux pays. (...) À l’époque, j’avais les cheveux longs et avec mon carton à dessins et mes badges à l’effigie de Cure, je me faisais arrêter et fouiller par les douaniers à chaque fois. Et là, quand je suis repassé par cette douane que je connaissais si bien, je suis tombé sur un véritable no man’s land (...). On se serait cru dans une rue de western. J’ai tout de suite pensé qu’il y avait là un sujet éminemment cinématographique."
Avant de commencer le tournage de son film, Dany Boon a rencontré plusieurs anciens douaniers qui étaient encore en exercice en 1993, date de la disparition des postes. L'un d'eux a même confié au réalisateur une vidéo du dernier jour des frontières, qu'il avait filmé au caméscope. Dany Boon s'est également plongé dans les archives de l'époque pour préparer son film.
Cette nouvelle comédie est également l'occasion pour Dany Boon d'aborder un sujet sensible de façon détournée, celui du racisme. "Avec "Rien à déclarer", j’ai (...) voulu imaginer une comédie qui permettrait d’aller très loin dans le racisme sans le moindre malaise. Puisque les Français et les Belges sont des cousins, la francophobie de Ruben Vandevoorde peut sonner réaliste, faire rire et réfléchir. On peut dire beaucoup de choses sur le patriotisme ou le racisme en agissant, ainsi, par ricochet. Il suffit de remplacer, dans la bouche de Ruben, le mot «français» par «arabe», «juif» ou «noir» et la dimension devient soudain différente," explique le réalisateur.
Difficile de passer après le deuxième plus grand succès de l'histoire du box-office français ! Après le fameux Bienvenue chez les Ch'tis (son précédent film), Dany Boon avait ainsi placé la barre très haut. Il raconte :"Beaucoup de réalisateurs et producteurs m’avaient (...) expliqué à quel point il était difficile de se remettre à l’écriture après un succès. (...) concrètement, à partir du moment où j’ai eu mon sujet, tout s’est bien passé. En tout cas, j’étais à l’aise avec mon histoire. Mais j’avais malgré tout, toujours dans un coin de ma tête, l’idée que j’allais être très attendu. Et je me suis surtout mis une pression en me disant qu’il ne fallait pas que je déçoive."
Dany Boon, réalisateur et acteur de cinéma, mais aussi comédien de one man show, fait une grande différence entre ses deux professions. "Pour moi, l’écriture d’un one man show s’apparenterait à du fusain," explique-t-il. "On dessine une esquisse très libre qu’on va faire naturellement évoluer sur scène. Alors que le cinéma, c’est de l’aquarelle faite avec des coups de pinceaux définitifs et dont la moindre modification risque de rendre l’ensemble très moche. Contrairement au théâtre, on a en permanence le nez sur son sujet sans prendre de recul. Comme si on peignait d’abord un œil puis un sourcil puis un nez… Avoir en tête toute la représentation du corps dans son entier est indispensable, sinon le résultat final va être disproportionné. Mais ce que j’adore dans le cinéma, c’est le côté équipe, famille, qui va dans le même sens pour accompagner, aider ou contraindre le réalisateur."
Après La Maison du bonheur (2006) et Bienvenue chez les Ch'tis (2008), Rien à déclarer est le troisième long métrage réalisé par Dany Boon. Également acteur dans chacun de ses films, le cinéaste avoue prendre plus de plaisir en tant que réalisateur : "(...) j’ai tendance à préférer les moments où je ne joue pas. Je dois avouer une grande jubilation à diriger et observer mes acteurs mettre en vie mes personnages."
En apprenant que Dany Boon écrivait un rôle pour lui, Benoît Poelvoorde est tout de suite allé voir son dernier spectacle. C'est à ce moment que les deux acteurs se sont vraiment rencontrés, autour d'un verre, après la représentation. Dany Boon a ensuite envoyé le scénario de Rien à déclarer à Poelvoorde. "(...) j’ai tout de suite aimé son scénario parce que j’ai trouvé ça très drôle. Mais moins drôle pourtant que le résultat final et même que le tournage où on s’est vraiment tous marré du début à la fin et où on avait senti cette tonalité là envahir le film. En tout cas, en refermant le scénario, j’étais sûr d’une chose : du plaisir que j’allais avoir à jouer dans ce film !," raconte l'acteur.
Dany Boon et Benoît Poelvoorde, qui ne s'étaient jamais vraiment rencontrés avant le tournage de Rien à déclarer, se sont découverts de nombreux points communs. En effet, les deux acteurs ont fait la même école, Saint-Luc, dans deux villes différentes. Ils ont également les mêmes gouts en matière de musique et leurs parents ont eu des parcours similaires (leurs pères étaient routiers et leurs mères commerçantes).
Dany Boon a immédiatement pensé à Benoît Poelvoorde pour incarner le personnage de Ruben. "(...) Benoît a une telle humanité que tout passe avec lui, quelles que soient les horreurs qui puissent sortir de sa bouche. C’est d’ailleurs la première fois que j’écris pour un acteur. (...) Il a donc été une évidence dans ce rôle mais il est malgré tout encore arrivé à me surprendre ! Il m’a montré des choses que je n’avais jamais vues de lui. À chaque scène, il donne tout, il est entier. Il n’y a aucune demi-mesure avec lui," explique le réalisateur. Et Benoît Poelvoorde de rétorquer au sujet de Dany Boon : "Il sait très bien ce qu’il veut donc il te laisse beaucoup de liberté. Avec lui, on ne fait pas beaucoup de prises, mais sur chacune, il travaille avec toi. (...) Il travaille comme tous les grands, à l’oreille. Mais aussi et surtout, c’est un gourmand, un jouisseur. (...) Dany est un mec de scène. Il a le rythme de son film et de chaque réplique en tête, comme un chef d’orchestre avec ses musiciens."
Benoît Poelvoorde a accepté d'assister à la projection de Rien à déclarer. Rien d'anormal à première vue, sauf quand on sait que l'acteur, qui n'aime pas se voir à l'écran, ne va plus voir ses films depuis 6 ans. Il s'agit donc d'une vraie faveur que Poelvoorde a faite à Dany Boon. "Une fois que j’étais dedans, je suis resté, mais je vivais une double angoisse. La première : me revoir à l’écran après tant d’années. La deuxième, liée au film lui-même. Mais Dany a réussi ce qu’il voulait : cet équilibre entre humour et tendresse," raconte l'acteur.
Rien à déclarer marque la 8ème collaboration entre Benoît Poelvoorde et Bouli Lanners. Ce dernier, qui joue le rôle du collègue de Ruben, a lui-même fourni les costumes d'époque. Et pour cause, le père de l'acteur a réellement été douanier et confiait occasionnellement (pendant ses siestes) à son fils la garde de la guérite.
Dans Rien à déclarer, Dany Boon retrouve Karin Viard, à qui il avait déjà donné la réplique dans Le Code A Changé, et Laurent Gamelon, qu'il avait dirigé dans La Maison du bonheur.
Dany Boon avait initialement pensé confier le rôle du restaurateur à Bouli Lanners, et celui du douanier Bruno Vanuxem à François Damiens. Au fur et à mesure de l'évolution du scénario, le réalisateur a finalement décidé de faire l'inverse.
Julie Bernard, qui incarne la sœur de Ruben, fait avec Rien à déclarer ses premiers pas sur grand écran. Dany Boon raconte : " Ses essais m’avaient convaincu qu’elle était parfaite pour le rôle mais il me restait l’angoisse liée au fait qu’elle n’avait jamais tourné. (...) si Julie a été très tendue le premier jour de tournage, elle a ensuite été incroyable. J’ai été épaté par sa prestation et ce d’autant plus que la palette d’émotions qu’elle a eu à interpréter était énorme : entre la comédie, la colère et les larmes…"
Comme pour dans Bienvenue chez les Ch'tis, Dany Boon a fait appel pour son nouveau film au chef décorateur Alain Veissier et au directeur de la photographie Pierre Aïm. Il explique : "(...) le décor est dans "Rien à déclarer" un personnage à part entière. Tous ces éléments ont été créés pour le film et construits avec un sens permanent du détail. (...) je voulais créer un contraste entre les extérieurs hivernaux et les intérieurs plus chaleureux, avec une différence cependant : la douane belge a un côté campagnard et la française un aspect plus fonctionnaire."
Tourner des scènes d'action était une expérience nouvelle pour Dany Boon. Prenant tout son temps pour la scène de la course-poursuite, il s'est notamment équipé d'une technologie russe, l’Ultimate Arm (un bras robotisé fixé sur le toit des véhicules et permettant de filmer rapidement sous tous les angles). En tant qu'acteur, Dany Boon a pris beaucoup de plaisir à tourner ces scènes. Benoît Poelvoorde, quant à lui, n'en menait pas large. "(...) j’ai adoré faire l’andouille et rouler comme un dingue au volant d’une 4L. Et j’étais mort de rire rien qu’en regardant Benoît paniquer à mes côtés," raconte le réalisateur.
Une séquence de 10 minutes qui devait initialement figurer à la fin du film a finalement été coupée au montage. "J’étais parti de l’idée que, très souvent, les étrangers deviennent plus racistes sur les étrangers que les gens des pays dans lesquels ils sont installés et qu’ils refusent, eux, d’être associé à ce mot «d’étranger». J’avais donc inventé des origines bretonnes au père de Ruben qui, après avoir souffert du racisme plus jeune, était devenu plus belge que belge. Ça fonctionnait à la lecture mais pas du tout à l’image pour la bonne et simple raison que ça abîmait le personnage de Benoît," raconte Dany Boon.
Rien à déclarer est sorti le 26 janvier 2011 (soit une semaine avant la date officielle), dans le Nord de la France et en Belgique, en hommage aux origines de Dany Boon et de Benoît Poelvoorde.
Benoît Poelvoorde, qui a exceptionnellement accepté d'aller se voir à l'écran, décrit le plan d'ouverture de Rien à déclarer : "On y entend la belle musique de Philippe Rombi et ses petites clochettes qui donnent tout de suite un air de Noël, puis on découvre la neige fondant sur le bord des fenêtres, les couleurs, le décor et la première phrase dite par Bouli. C’est comme ouvrir les premières pages d’une BD d’Uderzo ou de Hergé. Ou découvrir les premières images d’un Demy. Le ton est donné. Certains refuseront peut-être de rentrer dans cet univers. Mais une fois qu’on est à l’intérieur, on n’en sort plus. Dany est un enchanteur. Dans ses films, tout paraît plus beau, des journaux aux pièces de monnaie… Il a reproduit ce qu’on adorait dans les comédies de Gérard Oury où le soleil brillait sur Paris comme on ne l’a jamais vu briller !"