Même si Perfect Sense raconte comment la propagation d'un virus décime la population, le cinéaste David MacKenzie se veut optimiste. Selon lui, son film montre surtout la capacité d'adaptation de l'être humain à toute épreuve. Même dans les pires contextes demeure un espoir de survie. Pour lui, son histoire rend compte de cette "magie" inhérente à l'espèce humaine, et peut se lire comme un conte de fées pour nihilistes !
Comme le soutient David MacKenzie, "l’être humain n’est pas qu’un corps, mais aussi la combinaison de ses émotions". C'est en ce sens que le metteur en scène a voulu que les symptômes de la pandémie s'illustrent également sur le plan émotionnel de tout un chacun, entraînant "une sorte de feu d'artifice d'émotions".
Plutôt que de passer des heures à filmer des scènes dans des laboratoires médicaux et à montrer des chercheurs en blouses blanches en train d'enquêter sur le virus, le cinéaste a préféré établir le postulat d'une contagion sans trop s'orienter vers le domaine purement scientifique. Ceci étant, il a tout de même soumis le scénario à plusieurs professionnels (spécialistes des épidémies, etc.) pour évaluer la crédibilité de son intrigue avant de se lancer dans le projet.
Habituée aux rôles glamours comme dans Kingdom of Heaven ou Casino Royale, l'ancienne "James Bond girl" Eva Green a été "déglamourisée" pour les besoins de Perfect Sense. Elle a troqué ses talons hauts, son maquillage charbonneux et ses robes au profit de vêtements épais et larges. David MacKenzie voulait ainsi lui donner des allures de scientifique revêche.
L’identité européenne est un facteur non négligeable dans Perfect Sense. En plus des choix de mise en scène minimalistes, David MacKenzie est allé tourner en Ecosse, comme il l'explique : "On a tourné à Glasgow, mais en essayant de la rendre méconnaissable, qu’elle devienne une ville contemporaine typique : urbaine et cosmopolite". Par ailleurs, le réalisateur admet avoir été influencé par trois films européens pour réaliser ce long-métrage, à savoir La Jetée, Alphaville et Radio On.
Loin de David MacKenzie l'idée de réaliser un blockbuster : "Tous ceux qui ont travaillé sur ce film étaient conscients qu’on était pas dans le registre du blockbuster mais de quelque chose de plus subtil, métaphorique. La part de science-fiction de Perfect Sense se devait d’être discrète pour rester plausible, donner l’air de se passer dans un futur très proche (...) Plus les films hollywoodiens en font des caisses, plus je les trouve creux, sans substance", précise le metteur en scène.
En plus d'être un film romantique, Perfect Sense ne fait pas que se focaliser sur deux êtres, mais dépeint aussi la propagation d'un virus à l'échelle d'une population toute entière. Pour trouver l'équilibre entre microcosme et macrocosme, David MacKenzie confesse s'être inspiré de Titanic. Selon lui, le traitement de James Cameron allie parfaitement la romance intime avec le drame qui se joue plus largement sur le bateau.
Selon le réalisateur britannique, les scènes de sexe au cinéma sont souvent malhonnêtes, trop sensuelles et charnelles pour représenter la réalité. MacKenzie affiche le parti pris de montrer l'acte sexuel de manière plus crue, comme une "collision entre deux êtres". Selon lui, ce traitement est plus pertinent et permet d'introduire des enjeux narratifs pour la suite de l'histoire.
Alors que le réalisateur a toujours raconté des histoires centrées sur un amour torturé dans ses précédents films, pour Perfect Sense, il s'est laissé aller à plus de romantisme. Loin du mélo, son film retrace une idylle "fleur bleue". David MacKenzie explique ce changement par sa récente paternité : "C’est seulement depuis peu, depuis que je suis devenu père que j’ai réalisé que l’amour pouvait être quelque chose de bon en soi", s'émeut-il.
Selon David MacKenzie, cette impression de dégénérescence de nos sociétés que véhicule actuellement le cinéma serait la métaphore des ravages du système capitaliste. Le monde ne sait plus où il va. A ce sujet, le cinéaste déclare : "Aujourd’hui, avec la crise bancaire il n’y a qu’une accélération des choses, mais on ne sait pas vers quoi, si ce n’est un inévitable changement."
Après Contagion, montrant la planète décimée par une pandémie mondiale, voici Perfect Sense, qui fait l'état d'un monde ravagé par un étrange virus faisant perde aux gens leurs perceptions sensorielles. Face à la récurrence de ces thèmes apocalyptiques dans le cinéma contemporain, le réalisateur David MacKenzie constate : "Je crois que l’humanité est arrivée à un carrefour, un point de rupture (...) Les cinéastes peuvent difficilement passer à côté de ce sujet."