Il s'agit en fait de trois petits films d'animation: La boutique des pandas , Le hérisson et la pastèque ainsi que L'ecureuil coiffeur, tous réalisés en 1979.
Tous les films de cette sélection sont des découpages articulés. Cette technique, très souvent utilisée par les animateurs chinois, est mise au point au milieu des années 1950, à l'instigationde WAN Guchan (le jumeau de WAN Laiming). Elle est issue de l'art populaire qui consistait jadis à coller des papiers découpés sur les carreaux des fenêtres au moment du Nouvel An. Par rapport au dessin animé, l'économie de travail est importante. Il n'est plus besoin de décomposer les mouvements des personnages dans des dessins successifs. Il suffit, entre les prises de vue au banc-titre, de faire délicatement bouger avec une pince les figurines préalablement posées à plat sur le décor.
Très tôt, le cinéma chinois d'animation veut se démarquer de ses modèles étrangers et, pour cela, décide de s'inspirer du fond très riche des arts traditionnels : les arts du lettré (calligraphie et peinture) mais aussi les arts populaires (papiers découpés, papiers pliés, estampes, théâtre de marionnettes, théâtre d'ombres, théâtre d'opéra...) sans oublier le vaste champ des arts décoratifs. En fonction de ces impératifs, le recrutement des animateurs se fait presque uniquement dans des écoles artistiques enseignant l'animation, les arts plastiques ou les arts décoratifs. Dans l'atmosphère optimiste de l'époque, la plupart des nouvelles recrues continuent à enrichir leurs connaissances artistiques en suivant les cours du soir organisés par les Studios après les heures de travail.
La Boutique des pandas peut être l'occasion dese pencher sur cet habitant des forêts de bambous du Tibet et de la province du Yunnan. Animal à nul autre pareil, le panda a séduit le monde entier par son régime végétarien, son étonnante beauté et ses allures de gigantesque ours en peluche. Le public de toute la planète a été profondément ému d'apprendre que l'espèce était en voie de disparition et de nombreux films documentaires ont été consacrés au sujet. Devenu un emblème de la Chine, le panda a fait l'objet de cadeaux diplomatiques. Le panda peut se reproduire en captivité mais il n'est pas facile à élever, ne serait-ce que parce qu'il se nourrit uniquement de bambous alors que partout les forêts de bambous ont tendance à régresser. Il manquait au panda d'avoir suscité la création d'un héros digne du Roi des singes, mais la sortie du film " Kun Fu Panda " a changé les choses, et les chinois se sont immédiatement appropriés ce super-héros.
Ces trois films, destinés aux tout-petits, séduisent également les grandes personnes car ils sont pleins d'invention et de drôlerie. Ils mettent en scène des animaux peu conformistes : le petit hérisson qui se moque éperdument des recommandations de sa mère et qui n'en fait qu'à sa tête, l'écureuil fantaisiste qui essaye consciencieusement toutes sortes de coiffures sur ses clients, le petit panda astucieux et plein de bonne volonté.
Quand les Studios d'art de Shanghai sont officiellement fondés en 1957, il y a déjà dix ans que les communistes chinois font des films d'animation, d'abord en Mandchourie, puis à Shanghai. Les films pour enfants sont une priorité du nouveau régime et les Studios d'art de Shanghai, auxquels le gouvernement donne tous les moyens nécessaires, se développent rapidement. Au début des années 1960, avec leur effectif de 380 personnes, leur importance est comparable à celle des studios Disney. Ils sont divisés en trois départements (le dessin animé, le découpage articulé, la marionnette) qui rivalisent entre eux mais ont en commun la grande exigence artistique qui est devenue la marque de fabrique des Studios