Mute....
Nouveau film de science-fiction par Duncan Jones, déjà auteur des très bons "Moon" (qui l'avait directement propulsé en tant que réalisateur très prometteur), Source Code, et de l'adaptation de Warcraft, Mute est en gestation depuis de très nombreuses années, et décrit par son auteur comme l'histoire qu'il voulait faire (bien avant Moon
Le film se déroule 30 ans dans le futur, à Berlin plus exactement, et dans le même univers que Moon (on le devine grâce à 2 clins d'oeil présents, dont l'un est la présence de la compagnie Lunar).
L'histoire du film nous conte celle de Leo, un barman muet depuis un accident dans son enfance l'ayant privé de l'usage de ses cordes vocales. Le personnage vit une histoire d'amour plutôt touchante et authentique avec Nadiraah, une jolie serveuse au passé mystérieux,qui du jour au lendemain disparait sans raison apparente. Leo décide donc de la retrouver coûte que coûte, et devra explorer le milieu de la pègre pour ce faire.
Sur le papier, tout ça semble prometteur et plutôt alléchant, d'autant plus que le film est selon moi vraiment top dans ses premières minutes, avec une superbe ouverture nous introduisant Leo enfant au sein de sa famille Amish, le tout sublimé par une très bonne musique de Clint Mansell, déjà compositeur de la magnifique OST de Moon.
S'en suit une belle entrée en matière pour présenter la romance entre Leo et Nadiraah, évoluant dans ce Berlin futuriste vraiment réussi pour le coup, plutôt éloigné de ce que le cinéma nous a offert, et qui puise ses influences chez Moebius et le milieu des mangas.
Néons, graffitis, rues crasseuses et voitures volantes sont évidemment présentes, mais mêlé à l'architecture contemporaine de la capitale allemande avec encore des voitures à deux roues, des lampadaires, des rues pavées etc
C'est un vrai plaisir à regarder tant chaque rue et chaque bâtiment fourmille d'éléments, comme ses fast-foods avec livraison à localisation téléphonique, ses cliniques chirurgicales avec ses modèles de prothèses fonctionnels ou encore ses bars avec des strip-teaseuses robotiques.
Autre point positif : Alexander Skarsgard, qui certes a déjà prouvé qu'il était un excellent acteur capable de proposer des performances magnétiques, et qui malgré le manque total d'évolution du personnage tout au long du film ,arrive à nous captiver de par la douceur, la sensibilité et la force tranquille de Leo à travers son seul regard.
Très vite, on essaye de découvrir le passé de Nadiraah,avec en parallèle la présentation de 2 chirurgiens déserteurs de l'armée américaine et joués par Paul Rudd et Justi Theroux, 2 excellents acteurs, qui n'arrivent pas à sauver l'écriture de ces2 personnages censés être des "antagonistes".
Je mets cela entre parenthèses car l'écriture est balourde, l'évolution ainsi que leur rôle à jouer avec l'histoire de Leo et Nadiraah est faite à coups de forceps, et empiètent considérablement sur le ton du film (qui se voulait mélancholique avec du charme)en ratant un effet burlesque (et malsain) voulu.
Paul Rudd et Theroux livrent néanmoins une bonne performance, mais concrètement ils sont à contre-emploi et desservent le récit,chacun de leurs moments s'insère très mal et passé la 1e heure, le film a un rythme en dents-de-scie, ne sachant plus trop comment se diriger vers sa fin de manière maîtrisée.
Passé la révélation du pourquoi du comment, l'histoire de Mute est cousue de fil blanc.
Pour ne pas terminer sur une note trop négative, je dirai que la 1e moitié du film reste quand même bonne, avec une introduction très satisfaisante, un monde futuriste doté d'une très bonne direction artistique, d'un visuel réussi, d'une mise en scène pas toujours maîtrisée mais qui met en valeur plusieurs bonnes séquences de l'enquête de Leo, dôtée d'une aura magnétique et mélancholique pas toujours palpable.
Clint Mansell fait encore une fois un bon boulot, Justin Theroux et Paul Rudd arrivent à réhausser la pauvreté de leurs personnages à travers quelques moments sympas, mais au final, Mute est une déception, une histoire qui malgré un charme certain n'arrive pas à s'exprimer librement malgré des éléments cyberpunk et matures prometteurs.
Long-métrage le moins bon de Duncan Jones, qu'on espère retrouver le plus rapidement possible au niveau qu'il avait atteint avec ses 2 premiers films.