A l’origine, c’est Richard Anconina qui devait jouer le rôle finalement interprété par Vincent Elbaz. De même, Claude Brasseur devait interpréter celui aujourd'hui tenu par Michel Aumont.
Comme les 5 doigts de la main marque la cinquième collaboration de l'acteur Patrick Bruel avec le réalisateur Alexandre Arcady. Ce dernier lui offre d'ailleurs son premier rôle au cinéma dans Le Coup de sirocco en 1979. Ils travaillent également ensemble pour Le Grand carnaval (1982), L' Union sacrée (1988) et enfin Ken 1996. L'acteur évoque leur relation: "On a fait un voyage retour de Marseille ensemble, après les premiers jours de tournage et j’avais un peu tout organisé. Dans l’avion, on s’est retrouvé, scénario à la main, à échanger des idées. Quelque chose s’est installé entre nous, une camaraderie, une sincérité qui nous a vite rendus solidaires. Par exemple, sur le plateau, chacun restait assister au tournage de scènes dans lesquelles il ne jouait pas, juste pour rester sur le coup, et être avec les autres. Cette relation s’est imposée à nous, et elle ne s’arrêtait pas à la fin d’une prise."
Alexandre Arcady traite souvent de la famille dans ses films et explique pourquoi celle-ci remplit un rôle central: "La famille est notre socle, notre base et quels que soient les conflits, les différences, seule la famille donne un ancrage véritable. Mai 68 a fait éclater la notion de famille, mais avec le temps, on y revient. Le cinéma d’aujourd’hui en est le reflet, il n’existe rien de mieux contre la solitude que la famille. "
Au delà du casting, Alexandre Arcady insiste sur l'importance de l'équipe technique. Ce tournage lui a permis de collaborer une nouvelle fois avec Tony Egry et de travailler pour la première fois avec Gilles Henry: "Comme pour le casting des acteurs, le choix des techniciens qui vous entourent détermine la qualité du film. Pour la décoration, pas d’hésitation, Tony Egry est mon chef décorateur depuis toujours et évidemment, plus que pour un autre film, il a su reconstituer l’ambiance des scènes. Tony a puisé dans nos souvenirs personnels pour créer l’authenticité indispensable des décors (surtout celui de notre mère). Pour l’image, un nouveau venu dans mon équipe : Gilles Henry. Je voulais que l’ambiance visuelle du film soit très particulière : très chaude et chaleureuse pour la famille à Paris ; très contrastée pour David à Marseille. Mais je voulais aussi une interpénétration de ces deux univers au retour de David dans la famille. L’image bascule progressivement pour devenir plus froide, plus tendue. Gilles a su magnifiquement respecter cette vision."
Pour incarner les cinq frères aux personnalités différentes, le réalisateur explique comment il a choisi ses acteurs et quels traits particuliers il recherchait chez eux: "C’était un moment délicat où la moindre erreur peut faire basculer le film. Pour l’aîné de la famille, aucune hésitation, Patrick Bruel a toujours été mon « petit frère » de cinéma, celui à qui j’ai souvent passé le relais. En dehors du talent, il a la maturité, l’aisance, le charisme et la détermination de l’aîné de la fratrie. Pour le cadet, Vincent Elbaz s’est imposé très vite. J’étais sûr de trouver chez lui la force et la détermination du personnage. Il portait tout naturellement le poids de la revanche et du secret. Pour le rôle du pharmacien, pas d’hésitation non plus. J’admirais le talent de Pascal Elbé depuis longtemps déjà. Il incarne Jonathan, un type plutôt doux, fidèle, qui a le sens des valeurs et de la famille. Ces qualificatifs conviennent très bien pour décrire mon troisième frère Tony, chef décorateur sur le film. Le quatrième frère, qu’incarne Eric Caravaca, est le plus engagé politiquement ; c’est un « intello » un peu en marge comme l’a été mon frère François. Il s’est éloigné de nous, des rites, de la religion et s’est engagé dans l’extrême gauche. Eric convenait parfaitement à ce personnage, un peu décalé par rapport aux turbulences méditerranéennes. Quant au dernier, il fallait un beau gosse, un peu chien fou. En choisissant Mathieu Delarive, j’ai voulu ouvrir le casting à un nouveau venu."
Alexandre Arcady confie avoir utilisé des souvenirs de famille, des éléments personnels, pour conférer une plus grande authenticité au récit, même si son long-métrage reste une fiction. Démélant le vécu de la fiction, il évoque des souvenirs sur la relation avec ses frères au sein de la fratrie Arcady, qu'il a parsemé dans son film: "Le scénario est d’abord de la pure fiction même si certaines séquences sont liées au vécu. Pour exemple, les rapports que j’ai eus pendant mon adolescence avec mon frère cadet, Elmer, ont été difficiles. Nous étions dans l’opposition. J’étais le « petit blond », il était le « petit noiraud », et par réaction, il a endossé le rôle du « vilain petit canard » avec sa part de violence et de dureté. La cicatrice que Patrick Bruel (Dan) porte sur le haut du sourcil, est la même que je porte sur le front et l’assiette que Dan évoque dans le film a bien existé…Cette part de réel donne à l’histoire une sorte de vérité sensorielle… Epidermique. "
Le réalisateur Alexandre Arcady livre avec Comme les 5 doigts de la main un film personnel qui s'inspire avant tout d'un souvenir de famille: " C’est en retrouvant une photo de mon enfance où l’on voit mes frères et moi alignés, par ordre de grandeur, que j’ai eu envie de parler de nous. Être l’aîné et issu d’une fratrie de cinq garçons laisse forcément des traces… Une façon d’être… Une façon de voir la vie. Les cinéastes puisent souvent dans leurs expériences personnelles les sujets majeurs de leur filmographie. Avec cette photo, l’émotion était là, mais elle ne suffisait pas pour écrire un scénario, il me fallait trouver l’angle, la porte d’accès. Ce déclic, je l’ai eu, il y a deux ans, en découvrant un fait divers : dans le 19ème arrondissement de Paris, deux jeunes copains sont agressés par une bande de voyous. Jets de pierres et balles à grenaille. Face à cet acte gratuit et injustifié, les deux jeunes ont refusé de baisser la tête et sans hésitation ont traversé pour se défendre, malgré la disproportion numérique. Ils sont allés faire le coup de poing et n’ont pas eu peur de les affronter. Cette détermination a été pour moi un vrai déclencheur. Si une fratrie, installée pour chacun dans une vie confortable, se retrouve confrontée à la violence et au danger pour sauver l’un des leurs, comment seront-ils amenés à basculer ? Comme les 5 doigts de la main est donc né de l’émotion suscitée par une vieille photo noir et blanc et un fait-divers. Avec la complicité d’Eric Assous et de Daniel Saint-Hamont, nous avons écrit à la fois une histoire universelle et personnelle entre Rocco et ses frères et le Le Grand pardon.