2013 : Le monde est dévasté suite à une troisième guerre mondiale. Les survivants vivent comme ils peuvent sous l'autorité tyrannique et violente du général Bethlehem. Mais un beau jour, il va croiser la route d'un voyageur solitaire...
Alors que ça me semblait être une sorte de "Waterworld" terrestre, cette adaptation du roman "Le Facteur" de David Brin en est finalement assez éloignée. N'insistant guère sur le côté science-fiction, les vraies inspirations de Kevin Costner ne sont pas là mais plutôt dans le western et c'est là l'un des attraits majeurs de "The Postman". Cosner filme une Amérique qui est à reconstruire et un ouest qui est à reconquérir, il faut construire une nouvelle civilisation et relier les gens entre eux, tels la Western Union en son temps. À travers l'image du postier dépassé par ses propres mensonges et dont la légende circule de village en village, Costner reprend un des thèmes de John Ford à savoir l'image falsifiée de l'héroïsme de l'Ouest. Tout est à refaire et il n'est pas question ici de gadgets futuristes ou autres éléments SF, et c'est notamment via l'exploitation de ce côté-là que "Postman" est une réussite.
Dans ce sens-là, la première partie du film est vraiment une réussite. Costner braque sa caméra sur le personnage du postier que l'on découvre d'abord en errance dans ce monde désertique avant de vite se retrouver face à l'ennemi. Une opposition certes manichéenne mais bien exploitée par Costner qui met en scène des personnages intéressants, que ce soit lui-même en postier (qu'il joue très bien par ailleurs) ou Bethlehem qui symbolise la force et l'oppression.
Alors si la première partie est une réussite, la seconde l'est un peu moins, sans ce que soit pour autant préjudiciable pour apprécier le film. Les enjeux et personnages sont toujours intéressants, tout comme la manière dont Costner construit son récit alternant entre errance, action, vie en communauté ou moment d'émotion mais il est vrai que certaines scènes sont un peu trop étirées, tout comme le côté émotions et patriotique, bien que très important vis-à-vis d'un peuple souhaitant retrouver une unité, qui ne sont pas traités de la meilleure des manières, donnant quelques lourdeurs (à l'image du symbolisme de la statue ou même de la posture héroïque du postier) au film et par moments, empêchant l'émotion de ressortir des enjeux et personnages. De plus, si par moment on ressent un souffle épique traverser le film, ça reste assez inégal.
Dommage car Costner montre tout de même une certaine maîtrise derrière la caméra et il bénéficie d'une superbe reconstitution (décors, costumes...) qui est en plus très bien mise en valeur. Si il commet quelques maladresses, le côté profondément humaniste est bien exploité et fait aussi ressortir l'émotion de quelques scènes et personnages. Plusieurs séquences restent marquantes que ce soit l'introduction, le passage dans la neige ou diverses confrontations et il utilise bien la belle bande originale composée par James Newton Howard. De plus, il exploite bien les paysages qui se présentent à lui, et livre quelques plans sublimant l'ouest américain.
Malheureusement, ce film porta un coup fatal à la carrière du talentueux Kevin Costner (que ce soit comme metteur en scène ou acteur), ce qui est, en plus d'être vraiment dommage, assez injuste tant à mes yeux, ce film ne mérite pas les critiques assassines qu'il s'est pris et se prend encore. Parfois assez maladroit et loin d'être au niveau des deux autres films de Costner comme réalisateur, ça n'en est pas moins un beau western humaniste où tout l'ouest américain est à reconstruire.