Adapté de la célèbre série de jeux vidéo, Double Dragon est un film d’action axé sur les combats de série B et à la fois humoristique tellement les gags si chers aux années 90 ne cessent de pleuvoir. Billy et Jimmy Lee sont respectivement incarnés par Scott Wolf (Sauvé par le gong, Go) et Mark Dacascos (La loi du samouraï, Streetfighter la rage de vaincre, Kickboxer 5), dont la carrière a vite été freinée par la médiocrité des critiques. Le scénario part dans une autre direction avec une Los Angeles dévastée par un séisme en 2007 et un couvre-feu chaque soir à cause des gangs qui sévissent, dirigés le mégalomane Koga Shuko, assez peu charismatique du haut de sa coupe de cheveux relevée avec des mèches blondes, et tristement joué par le talentueux Robert Patrick (essentiellement connu pour le terrible T-1000 de Terminator 2), qui a également vu sa carrière chuter suite à son rôle dérisoire.
Un médaillon antique est au cœur de l’action, Koga Shuko en possédant une moitié tandis que l’autre est gardée par Satori, la fille qui accompagne les deux frères. Interprétée par Alyssa Milano (Madame est servie, Commando, Charmed), Marian est ainsi pendant un instant reléguée au second rang, en portant une perruque dont le petite frère menace de parler à leur père, le flic du quartier joué par Leon Russom (le Général dans la saison 4 de Prison Break). On trouve également Linda Lash représentant les ennemies qui attaquent avec leur fouet, un loubard à moitié défiguré finement joué par Michael Berryman (Vol au-dessus d’un nid de coucou, La colline a des yeux), un jeune punk insupportable joué par le personnage principal de la série Code Lisa et surtout Abobo, interprété par deux acteurs dont Nils Allen Stewart (The Mask, Ken le survivant, Bloodsport 2). Ce dernier symbolise à lui seul le ridicule qui pèse sur les personnages, avec sa crête d’une mocheté sans nom, sans attitude d’attardé profond et la mutation ratée qu’il subit pour essayer de ressembler au tas de muscles du jeu.
Si le film se regarde, c’est en évitant de le prendre au sérieux tellement les combats sont chorégraphiés par des amateurs (avec des attaques à vélo et des pneus lancés en arrière-plan) et l’humour de bas étage omniprésent, entre les jeux de mots plus ou moins jouissifs (les deux frères Démo et Dégueu Lee, la poste qui n’est jamais allée aussi vite car un facteur est tombé d’un immeuble), les pièges sortis tout droit de Maman j’ai raté l’avion (glissade sur des boules de chewing-gum, poutre dans la figure), les voix françaises tordantes et les nombreux plans faciaux montrant des personnages crier de peur avant de s’enfuir, à la Casper et Junior le terrible. Bourré de références à la pop-culture, le film en fait parfois un peu trop avec la course-poursuite à la Mad Max et les déchets qui servent de carburant comme dans Retour vers le futur, le combat aux côtés de bornes d’arcade (dont celle du premier Double Dragon de 1987) et le dédoublement du méchant en deux immondices ressemblant de loin à Dark Sidious.
Le seul passage sérieux vraiment réussi est ce qui suit
la mort de Satori dans l’explosion
, pour vainement tenter de redonner un peu de crédibilité au tout. Les frères Lee n’obtiennent leurs costumes flashy que sur les dernières minutes et le combat final est d’un ridicule sans nom
avec Jimmy qui prend possession du corps de Koga Shuko
, mais sans l’effet spécial aplatissant qu’il y avait quand c’est ce dernier qui le faisait. Si on ne peut pas réellement parler d’adaptation réussie, Double Dragon reste un bon divertissement dans un style très série B frisant parfois le nanardesque !