Oui, bon, L’Inspecteur Lavardin n’est pas un grand film, mais ça se laisse voir avec un certain plaisir, même si l’ensemble manque de piquant.
Les acteurs sont globalement attrayants. Certes il y a un côté théâtral dans la diction, la nature des répliques, mais ce n’est finalement pas gênant, et cela n’est pas dû aux interprètes. Reste un bémol à mon sens ici, avec Bernadette Lafont, qui n’est franchement pas au niveau. Fade, sans vigueur, elle semble comme amollie face à ses comparses. Si Poiret s’amuse en inspecteur tenace et classieux, je retiendrai le jeu truculent de Brialy, et un Jean-Luc Bideau, très bon en notable détestable. A noter aussi la présence plus lumineuse qu’autre chose de la jeune Herminie Clair. Elle n’a pas fait carrière, on peut le comprendre car son jeu est assez mauvais, mais elle a indéniablement du charme et de la fraicheur.
Le scénario est correct, mais enfin, rien de dément non plus. C’est une enquête policière de qualité, mais qui manque de punch, et tend parfois à se disperser un peu. La narration n’est pas parfaite en fait, et donc les divers éléments paraissent assez embrouillés, pas clairs, pas toujours du moins. Pas mal d’invraisemblances aussi, notamment sur le fait qu’a priori Lavardin se contrefiche des procédures. Reste que l’enquête n’est pas désagréable, et surtout Chabrol en profite pour égratigner, et faire un portrait social de cette petite ville assez sympathique, qui vient donner du piment dans un métrage somme toute pas très audacieux.
Visuellement c’est très typé années 80 en termes d’esthétique. Couleurs, décors, tout cela fleure bon l’année de sortie du métrage, et si ce n’est pas très marquant, le film reste d’une certaine élégance, que la mise en scène de Chabrol met en valeur. Si sa caméra manque de punch, en revanche il parvient à soigner l’ambiance, et ses choix de cadrages sont judicieux pour cela. Il y a quand même un effort certain dans l’esthétique du studio que je salue. Pour le reste la bande son est assez fade. Là-dessus on aurait pu avoir quelque chose de plus marquant, cela aurait bien été avec l’atmosphère du film.
Enfin, Inspecteur Lavardin est en somme un policier qui se laisse voir sans déplaisir, mais qui au final est comparable à pas mal de téléfilm anglais du genre que l’on peut voir assez souvent maintenant. Si le travail de Chabrol est louable, ce film n’est pas au sommet de sa filmographie, c’est une évidence.