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VeganForAnimalRights
133 abonnés
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3,0
Publiée le 20 août 2024
Quel était le but de Varda dans ce film ? Dénoncer l'égocentrisme masculin, ou au contraire célébrer le polyamour sans même s'apercevoir qu'elle ne donnait cette liberté qu'à son héros, donc aux hommes exclusivement ? Et si une épouse se remplace aussi aisément, il aurait fallu montrer François, à la fin, croiser une nouvelle femme désirable... qui à son tour aurait fini par prendre la place d'Emilie ! Et si, en fin de compte, son voeu secret n'avait-il pas été de voir sa première femme mourir pour être débarrassé d'elle et vivre pleinement son nouvel amour ? Etait-ce là le but inconscient de sa confession à Thérèse, à qui il n'était pas tenu de tout dire ?... Tant de "si", mais que l'inquiétante musique de fin, tout comme les couleurs jaune et rouge fortement symboliques qui l'illustrent, tendent à valider. Auquel cas le héros ne serait innocent qu'en apparence, ruinant l'image idéale qu'il conçoit de lui-même.
Le bonheur, selon Agnès varda, c'est l'état amoureux sous toutes ses formes. L'originalité du film repose sur une vision édulcorée et irréaliste de l'existence du personnage de Jean-Claude Drouot. François vit un amour conjugal sans scènes de ménage et un amour adultérin sans cas de conscience. Il ne partage pas son amour entre deux femme; il additionne deux amours pour un bonheur doublé, avec une sincérité désarmante. Varda filme un bonheur sans impureté qui ressemble au bonheur originel, celui d'Adam et Eve, auxquels les promenades bucoliques de François et Thérèse semblent faire référence. Même l'évènement dramatique du film ne remet pas en cause la simplicité naturelle avec laquelle François aborde l'existence.
Les personnages ne sont pas forcément crédibles ou réalistes mais ils relèvent, telles des abstractions, d'une idée philosophique ou poétique. Le film fut intedit à l'époque au moins de seize ans, moins sans doute à cause de quelques scènes amoureuses très prudes qu'à cause de l'absence de jugement moral sur l'adultère de François, sur la liberté qu'il s'octroie de poursuivre sa vie avec sa maitresse de la façon la plus intuitive qui soit. Le film n'est en rien cynique; au contraire, il exalte avec une feinte candeur la sincérité amoureuse de François, son aptitude à s'adapter à la vie, le secret du bonheur probablement.
Ce n'est pas un hasard si, dans une des premières scènes du "Bonheur", la télé du petit appartement du couple Drouot diffuse "Le déjeuner sur l'herbe". Il règne, en effet, une sérénité, une paix dans la vie du menuisier qui renvoient à l’œuvre de Renoir, un certain éloge de l'hédonisme que spoiler: même la tragédie finale ne saurait remettre en cause. C'est à la fois troublant et magnifique, car, en fin de compte, les relations humaines relèvent ici d'une évidence absolue, ne laissant place ni au doute, ni à la défiance. On est sûrement plus proche de Pialat que de Demy, le naturalisme ambiant rappelant beaucoup l'univers de l'auteur de "Loulou".
Un intérêt historique pour ce film en couleurs (et en jouant particulièrement) de la nouvelle vague. Pour l'histoire du cinéma et pour l'histoire des mœurs. Pas évident de savoir ce que pense Varda sur ces mœurs. Une lecture 2023 en ferait une dénonciation de la masculinité égocentrique toxique. Pas sûr que ce soit ça. Peut-être plutôt le bonheur malgré tout et une dénonciation de la monogamie imposée, je ne sais pas. Le phrasé n'est pas d'un naturel absolu, ce qui peut s'avérer gênant. A noter que c'est la famille Drouot au complet qui est devant la caméra (Thierry la fronde, mais aussi sa femme et leurs deux enfants), ce qui rajoute au trouble de cette histoire, au-delà de la troublante Boyer.
Quand on a la jeunesse, la beauté, la santé, un métier, une femme et des enfants qu'on aime, n'est-ce pas le bonheur ? Seulement la vie vous fait rencontrer d'autres personnes séduisantes et c'est ce qui arrive à François, alias J -C Drouot, bien connu pour son personnage de Thierry La Fronde. L'histoire n'a rien d'extraordinaire mais comme dans tous les films d'Agnès Varda, les dialogues sonnent justes, l'histoire paraît tout à fait plausible. C'est pourquoi j'aime ce que fait cette réalisatrice. Un homme qui tombe amoureux d'une autre femme, cela ne veut pas dire, pour autant, qu'il oublie celle qu'il a épousée car comme il dit : « le bonheur, ça s'additionne ! » et c'est bien cela le centre de ce film. Est-ce possible d'aimer deux femmes, de ne vouloir renoncer à aucun de ses amours alors que la société occidentale considère que cela ne se doit pas ? Qu'en pense son épouse ? Il faut regarder le film pour le savoir, un beau film, très humain et très vrai, à l'exception de la fin qui me semble mal préparée. Un autre bémol, le jeu de Claire. Drouot bien loin de celui de son mari (dans la vie), en particulier quand François lui révèle sa liaison.
A sa sortie en 1965, le troisième long-métrage d’Agnès Varda a secoué les consciences de l’époque (film interdit au moins de 18 ans notamment). En effet, dans cette histoire ingénue, un homme marié et comblé dans son couple ajoute du bonheur à sa vie en s’entichant d’une autre femme. Le récit de cet adultère se parcourt comme une douce promenade bucolique mais manque de points saillants. La théâtralité des sentiments, l’égocentrisme du personnage principal et l’absence de jugement de la part de la réalisatrice donnent à cette œuvre un caractère surréaliste. Bref, une comédie de mœurs agréable sans être transcendante.
C'est un film d'une beauté incomparable que j'ai vraiment beaucoup aimé malgré le fait que je l'ai trouvé un peu lent au début. Les images et le script sont absolument magnifiques.
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4,0
Publiée le 16 novembre 2023
« Le bonheur » selon Agnès Varda qui signait là une oeuvre singulière et absolument glaçante sur la sexualitè du couple! Très dècriè à sa sortie, le film est pourtant l'un des plus aboutis de la cinèaste! On suit cette famille heureuse où Varda suggère l'idèe du bonheur parfait avant l'apparition de cette employèe des PTT très libre qui vient tout chambouler! C'est jouè remarquablement par Jean-Claude Drouot et sa propre èpouse (Claire Drouot) dont c'est ici l'unique incursion au cinèma pour ce rôle! De plus la nature offre ici un cadre idyllique et incroyablement beau à l'èclat du « bonheur » qui, au fond, n'est qu'une façade! Prix Louis Delluc 1964 et Ours d'Argent l'annèe suivante, ce qui n'est que justice tant Varda s'appuie sur quelque chose de très rèel, que ça soit dans les regards, les fondus, le cadre ou le montage! Un classique qui n'a pas pris une ride avec une musique au diapason...
Cette fable est simplette, ou bien au contraire une satire, on s'interroge avec consternation. Un homme heureux en amour confie à sa femme que désormais il aime une autre femme et qu'il l'aime autant qu'elle. Le visage de l'épouse jusqu'alors si riante se décompose. Une heure après elle se noie. Ensuite sans drame ni chagrin la maîtresse vient remplacer l'épouse au foyer auprès des enfants et dans le lit du mari dans les couchers de soleil les plus romantiques. Le film est fini. Ceci dans une fluidité esthétique extraordinaire - décors - costumes - lumières - construction de l'image - photographie - digne d'une publicité raffinée d'une heure et quart. Mais pour nous vendre quelle idée de l'amour et du bonheur ? On ne comprend pas. Soixante ans plus tard le scenario reste choquant. Il paraît que le film a fait scandale lors de sa sortie en 1964 parce qu'il montrait (un petit peu) la dimension physique de l'adultère. Je crois plutôt au contraire que s'il a choqué c'est parce qu'il nie totalement la dimension personnelle, individuelle et humaine de l'amour : comme si la femme morte de son coeur blessé était remplaçable et ne manquait au coeur de personne. Curieux que ce mari et père de famille si ouvert d'esprit n'ait pas eu l'idée de proposer à son épouse de se trouver elle aussi un second "pommier" pour doubler son propre bonheur. On s'interroge : où se situe donc le regard de Varda dans cette révoltante histoire dont la forme sucrée accuse le sordide. Anti féministe et navrant...
Une longue heure sans intrigue, tout va bien dans le meilleur des mondes. Je n'ai pas compris le message du film, ou alors c'est un éloge de la tromperie. Les 2 étoiles vont à la réalisation qui est pas mal pour l'époque !
Une bande son qui ne se prive de rien, au bonheur des oreilles, et offre un point de vue assez perturbant sur l'image. Elle nous montre un homme adultère dépourvu de douleur et de sentiments autre que l'amour et le désir, tendis que Mozart sous-tend une douleur au cœur derrière son exaltation, qui exprime la tragédie que devrait ressentir cet homme s'il était humain..
Agnès Varda a-t-elle porté un jugement critique sur le libertinage ? Ou a-t-elle simplement du mal avec cette utopie qui vie son printemps dans son entourage ? Après Cléo de 5 à 7, il est difficile de se dire qu'elle le porte en étendard. Toute cette réflexion n'aurait pas été sans Mozart. Il est clair en tout cas, que la justesse des personnages est inexistante, ils ne sont que des idées, des questionnements, dès objectifs peut-être..
La mise en scène est un peu moins audacieuse que précédemment. Les quelques discontinuités marquent bien le coup sur les ressentiments que la réalisation veut nous faire passer. Cela me fait penser aux merveilleux souvenirs de la guerre dans "prêteur sur gage" de Sydney Lumet sorti un an avant..
Pour moi ce film reste une interrogation ? L'auteur en voulant s'affranchir de la morale, s'est affranchi de point de vue.
Dans Le Bonheur, Agnès Varda brosse le portrait d'un couple bien différent de celui de son premier long-métrage La Pointe Courte. En effet, l'amour de François et Thérèse ne paraît jamais être en proie au doute tant leur bonheur semble immuable, à la manière d'un moment d'allégresse capturé et figé par un peintre impressionniste. Ce couple s'apparente à un symbole de la « foi parsonienne » en la famille nucléaire, structure familiale qui permettrait d'apporter un équilibre et une harmonie domestiques. spoiler: Mais cet équilibre est bouleversé lorsque François, homme libre par son étymologie, entretient une relation extraconjugale avec la postière Emilie. Pour autant, ce bouleversement ne signifie pas nécessairement que le bonheur de François soit amoindri, puisqu'il en est même décuplé. François informe alors son épouse de sa relation avec Emilie à travers une comparaison avec un pommier, arbre qui ne semble pas toujours être associé à la vie même lorsque celui-ci pousse à l'intérieur du champ.
Une des principales forces de ce film réside dans sa capacité à retranscrire le bonheur en images d'abord à travers un travail sur la couleur. Les couleurs primaires sont ici le reflet d'un bonheur qui semble simple. Le bonheur se traduit également par les vêtements, la nature luxuriante ou encore la saison. L'état intérieur des personnages, les pancartes, les enseignes et la nature se confondent parfaitement.spoiler: Cette harmonie picturale devient peu à peu effrayante après le suicide ou l'accident de Thérèse- A. Varda réussit avec brio à faire planer le doute-. En effet, la femme aimée est ici vite remplacée à un point tel que même les enfants ne semblent pas véritablement faire la différence. Le dernier plan témoigne à nouveau d'un extrême soin apporté aux couleurs : les couleurs automnales correspondent aux vêtements jaunes, marron et rouges de cette nouvelle famille vite reconstruite, laissant alors une glaçante impression au spectateur.