https://leschroniquesdecliffhanger.com/2022/11/10/larry-flint-critique/
Larry Flynt s’est confronté en dehors du grand écran à une sacrée polémique identique à celle racontée dans le film, lors de sa sortie en France. L’affiche présentant Larry Flynt dans une position de crucifixion en lieu et place d’un sexe féminin, a soulevé une divine colère d’un certain nombre d’associations, qui ont porté plainte contre le réalisateur Miloš Forman. L’affiche sera changée pour la distribution en salles, mais preuve par l’exemple que le sujet, y compris chez nous était bien brûlant. Oliver Stone en est le producteur et sa patte est ici évidente, aussi bien pour les fans que pour les détracteurs. On y retrouve les codes assez convenus du biopic avec en toile de fond un brûlot bien senti contre les censeurs. Certes, si le classicisme est un peu inévitable dans le genre, avec notamment une forme de morale qui condamne la morale…
Larry et ses revues ne sont qu’un miroir fêlé des contradictions d’un pays, qui ne sait pas se regarder dans les yeux. C’est dieu contre le diable, avec l’état bien englué, qui tente d’arbitrer entre les amendements de la constitution et l’ancrage religieux d’un pays où le président prête serment sur la bible. Et car nous sommes tous des sales bêtes, si la constitution protège la pire des sales bêtes, alors elle nous protège tous…
La mise en scène est foisonnante et foutraque, mais surtout permet de tenir les 2H10 avec une belle facilité. Elle accompagne surtout la folie tournoyante de Larry, ce que la caméra fait excellemment, avec une photographie intense, et des successions de vignettes sur un rythme assez endiablé.
Au final, Larry Flint en fait beaucoup, parfois trop très certainement, mais le caractère outrancier du sujet ne pouvait pas se faire dans un traitement cinématographique linéaire. On se divertit beaucoup, à l’américaine, et clairement, on passe un très bon moment de cinéma, même des années après.