Navidad a été présenté dans le cadre du Festival de Cannes 2009, dans la prestigieuse section de la Quinzaine des réalisateurs.
Pour Sebastian Lelio, Navidad est aussi le portrait d'une jeunesse qui appartient à une génération baptisée "Nouveau Chili"; soit les premiers adolescents à être nés en démocratie, libérés du poids des générations formées (et traumatisées) par la dictature de Pinochet. "Elle est l'héritière de la génération rebelle qui voulait faire la révolution au Chili, qui nous a donné la "nouvelle chanson chilienne" et le rock chilien des années 1970" raconte-il. Et d'ajouter : "mais pour ces jeunes gens nés après la fin des utopies, il est trop tard pour être séduit par des discours totalitaires, par une véritable révolution sociale, ou par des gourous vantant quelque autre solution. Ils sont beaucoup plus neutres et individualistes".
Tout comme dans La Sagrada Familia, le récit de Navidad est centré sur trois personnages. "C'est le nombre du déséquilibre et de la tension" explique le réalisateur Sebastian Lelio; "j'aime conçevoir les histoires comme des systèmes biologiques. Dans navidad, on commence avec un système à deux personnes qui fonctionne de façon propre. L'arrivée d'une troisième le déstabilise, un peu comme un virus affecte un être vivant. Mais cette nouvelle formation résout ensuite les conflits pour finalement déboucher sur une nouvelle entité. Alicia est l'intruse, le virus qui engendre le conflit et la passion, l'étincelle qui déclenche les changements internes".
Né en 1974 au Chili, auteurs de quelques courts métrages, Sebastian Lelio s'est surtout fait remarquer en 2004 avec La Sagrada Familia (dont le titre est une référence évidente à la célèbre oeuvre de l'architecte Gaudi). Une oeuvre plusieurs fois primée dans le monde, qui voyait l'unité d'une famille bourgeoise littéralement imploser.
Navidad a été tourné à partir d'un scénario sans dialogues. "Il s'agit de filmer ce qu'on ne sait pas écrire" explique Sebastian Lelio. Et il ajoute : "mes scénarios ne sont que des guides, des carnets de route, qui expliquent ce qui va se passer, mais les détails n'arrivent que sur le tournage, dans l'énergie du travail de groupe. Le tournage a donc laissé le champ libre à l'improvisation. J'ai voulu solliciter l'émotion la plus profonde chez les acteurs en les libérant des techniques de jeu habituelles sur un plateau. Pendant le tournage, ce n'est pas obtenir la scène parfaite qui m'intéresse, mais capter une large variété d'attitudes, d'expressions, de mouvements de caméra et d'accidents. C'est au montage que les scènes se construisent. Le montage est à mes yeux l'étape sacrée, c'est là que je peux me plonger dans les détails".