Aaron est un des piliers de sa communauté dans un quartier haredi de Jérusalem : 40 ans, venant de reprendre la boucherie de son père récemment décédé, marié bien sûr - un mariage arrangé, selon la tradition (l'histoire parallèle de Sarah et d'Israël nous le rappelle) - et père de 4 jeunes garçons, il passe l'essentiel de sa vie entre travail et études talmudiques. Ezri, 22 ans, en manque total de repères, surgit dans le quartier ultra-religieux, apparemment à la recherche d'une bonne yechivah. Un jour de pluie, il se réfugie dans la boucherie - il n'a en fait nulle part où aller - et Aaron a besoin d'un apprenti... Le boucher prend brusquement conscience de son enfermement (social, familial, religieux..) et il va s'ouvrir à la vie en aimant sans doute pour la première fois. Le problème étant que l'objet de son attachement est un homme ! La liaison dans laquelle il s'installe avec moins en moins de prudence ( les placards s'en font l'écho dans les rues - avec une redoutable hypocrisie d'ailleurs, car l'homosexualité étant proprement innommable pour ces juifs orthodoxes, l'infamie dont on accuse Aaron sur ces affiches, son "impureté", est de vendre de la viande non-casher !) est donc doublement condamnable - le voilà adultère et surtout sodomite. Saura-t-il faire les choix qui s'imposent ? Voilà un film dont le sujet est vraiment intéressant, car au-delà de l'anecdote sur la romance interdite entre Aaron et Ezri, c'est le fondamentalisme, et ses excès, qui est sur la sellette. Haim Tabakman a choisi une mise en scène très épurée pour cette première réalisation : il y a donc un style, mais aussi une tendance à l'emphase - j'ai lu quelque part que le cinéaste donne l'impression de se regarder filmer, et cela me paraît justement observé : pas assez d'émotion. Sur un sujet globalement voisin (les dérives du religieux) - mais très différent quant à l'histoire-même - "My Father my Lord", un autre film israélien récent était bien plus fort, qui provoquait l'empathie.