Le film présenté aujourd'hui a été réduit par rapport à sa présentation durant le dernier festival de Cannes. Le film compte a ses crédits deux autres "légendes urbaines".
A la fin de l'ère communiste, la famine épuisait la Roumanie. La nourriture avait alors une plus grande valeur que l'argent et la viande était plus précieuse que l'or.
Cristian Mungiu est surtout considéré comme un cinéaste faisant des films pour des festivals. A ce reproche, il a décidé d'y remédier en faisant un film ouvert à tous: "Un spectateur m'a dit qu'il avait le sentiment que nous étions de plus en plus de réalisateurs à faire des films pour les festivals plutôt que pour le public. Il m'a demandé si je pouvais faire quelques chose pour y remédier. J'ai alors décidé d'ouvrir le projet Contes de l'âge d'or à différents réalisateurs roumains, à condition qu'ils soient assez âgés pour avoir connu la période. J'ai choisi les histoires, écrit les scénarii, participé aux différents castings et montages, pour qu'à la fin ce soit bien un film cohérent, et pas une accumulation de point de vues. Mais chaque réalisateur gardait son libre-arbitre et son propre style."
Prenant comme modéle les comédies italiennes des années 50-60, Cristian Mungiu a souhaité offrir au public une vision originale de la fin du communisme en Roumaine en expliquant que "nous, Roumains, considérons ces "légendes urbaines" comme des histoires vraies, transmises par le bouche-à-oreille. Elles étaient le sujet de conversation principal lors des longues queues dues au rationnement. L'humour a maintenu les Roumains en vie, et ce film tente de retrouver cet esprit. Le projet est de replonger avec une certaine nostalgie dans l'époque de notre adolescence, dans les années 80, à travers la musique, le langage, les objets et les stéréotypes de cette époque. Le film offre le portrait d'une nation qui tente de survivre au jour le jour face à la logique implacable d'une dictature, révélant au passage les aspects comiques d'un système politique qui se prend trop au sérieux."
Le réalisateur a souhaité avec ce film retranscrire la réalité des situations jusqu'au plus petit détails: "Le film se compose d'histoires reliées par l'ambiance de l'époque, et les détails historiques: la seule voiture que vous pouvez voir dans les rues est la version locale de la Renault 12, la Dacia ; il n'y a que deux heures de programme à la télé ; tout le monde vole dans les réserves de l'Etat ; la nourriture est plus importante que l'argent ; vous devez obéir au Parti, même si ses ordres sont parfaitement illogiques et farfelus. Tout le monde porte un masque de lassitude, et pourtant, au fond d'eux-mêmes, tous sont bien en vie, et cherchent à aimer et être aimés."
Le quotidien du parti, "Scinteia", a été la publication la plus censurée. Tous les articles et les photos devaient suivre les directives du Parti les plus strictes s'ils voulaient être cautionnés et publiés dans le journal.
Dans la course au capitalisme mondial, le communistes prétendaient qu'il n'y avait pas d'analphabètes dans la nouvelle société. Certaines personnes ont ainsi obtenu leur diplôme sans avoir pour autant fréquenté régulièrement l'école. Aussi, certains membres du Parti étaient-iols prêts à tout pour éduquer le peuple.
Les visites officielles du Parti étaient des événements spectaculaires. Souvent, le cortège officiel devait traverser de nombreux villages et villes avant d'atteindre sa destination finale. Partout, les fonctionnaires mobilisaient les habitants afin qu'ils fassent preuve de l'acceuil le plus enthousiasme, et donnent l'image d'une Roumanie idéale. Chacun obéissant aveuglément aux ordres - même les plus étranges - du Parti.
Les réalisateurs Hanno Höfer, Rãzvan Mãrculescu, Cristian Mungiu, Constantin Popescu et Ioana Uricaru sont venus présenté leur film Les contes de l'age d'or lors du festival de Cannes 2009, dans la catégorie "Un certain regard".