La relecture du patrimoine fantastique ne date pas d'aujourd'hui, et les années 1990 avaient déjà amorcé un tel virage, à l'image du Dracula de Coppola, Frankenstein par Kenneth Branagh, Les Aventures d'un Homme Invincible par Carpenter ou encore le mythe de Docteur Jekyll et Mr Hyde par Stephen Frears.
Ici, il va mettre en scène cette histoire par le prisme de la jeune servante du Docteur Jekyll, ce qui est plutôt intéressant, surtout que le début est assez remarquable, notamment la longue séquence d'introduction. Frears arrive plutôt bien à mettre en avant la fragilité de cette femme face à l’ambiguïté de son maître puis peu à peu de Hyde, tout en laissant un certain voile mystérieux au-dessus des événements et surtout des émotions des protagonistes.
Un peu à l'image de l'excellente adaptation de Rouben Mamoulian, il joue sur l'aspect bestial et primitif de l'être humain, et donc la frontière très ambiguë entre l'homme et l'animal. Tout cela est plutôt bien retranscrit par une ambiance adéquate, un peu sombre, froide et mêlant fantastique et un peu de romantisme. Il joue parfaitement avec divers éléments pour la sublimer, à l'image de la bande-originale, des remarquables décors ou encore de quelques effets styles et du cadre brumeux du Londres de cette époque.
Alors, tout n'est pas toujours parfait, à l'image du final qui, s'il reste intéressant, n'est pas forcément bien amené, ainsi qu'un ensemble pas toujours transcendant, mais Frears reste efficace et montre qu'il sait bien mener un scénario. Les personnages existent et sont intéressants, il arrive à créer des liens entre eux, et il bénéficie en plus de bonnes interprétations, notamment Julia Roberts et John Malkovich.
Avec Mary Reilly, Stephen Frears propose une relecture du mythe de Docteur Jekyll et Mr Hyde par le prisme d'une servante, et s'il commet de légères maladresses, l'oeuvre n'en reste pas moins captivante, notamment par son ambiance, ainsi que d'excellents comédiens.