Après le magnifique mais passé scandaleusement inaperçu Red Road (et ce malgré le -déjà- Prix du Jury de Cannes), Andrea Arnold nous propose à nouveau avec Fish Tank une histoire ancrée dans une réalité plus grise que rose. Mais Fish Tank n'est pas un film social, même si l'environnement de banlieue triste y est bien présent. Récit initiatique, teen-movie sans niaiserie, découverte amoureuse, le film est tout cela à la fois. Scénario parfait, grande sobriété des dialogues, émotion tangible sans pathos, Fish Tank est également magnifiquement mis en images. De même que pour Red Road, la réalisatrice fait ici preuve d'une maîtrise du cadre et de la lumière éblouissante. Notons également un beau travail de la bande son sur laquelle les souffles prennent une trouble dimension érotique. Toujours juste et subtil dans ses intentions, le film avance pas à pas, au rythme de son héroïne, Mia, ado revêche mais dynamique. Les personnages sont filmés sans fard, tels qu'ils sont, sans que l'on cherche à les excuser ou les plaindre. Souvent dur, souvent drôle, Fish Tank nous réserve de nombreux instants totalement magiques (la première apparition de Connor au climat érotique puissant, le coucher de Mia dans les bras de Connor, la séquence de pêche, la dernière danse entre Mia et sa mère, les oiseaux dans le ciel, les arbres, le vent...). Porté par la jeune Katie Jarvis toujours d'une grande justesse, le très sexy et non moins talentueux Michael Fassbender et l'excellente Kierston Wareing, Fish Tank s'impose comme l'un des plus beaux films de l'année tant il réunit de qualités narratives et cinématographiques. Simplicité, subtilité et exigence formelle s'allient dans un film humaniste d'une grande profondeur grâce auquel Andre Arnold s'impose comme la grande cinéaste qu'elle est depuis le début.