À l’idée d’aller voir ce film, j’avais d’ores et déjà une bonne raison de me réjouir, celle de revoir Sara Giraudeau, une actrice dont j’apprécie beaucoup le talent, mais qui n’est apparue, jusqu’ici, que dans un nombre restreint de films sur grand écran (elle joue, par ailleurs, dans Le Bureau des Légendes, une série télévisée que je n’ai pas encore trouvé le temps de regarder). Sa présence dans Les Envoûtés ne m’a pas déçu : elle apporte à son personnage toute la finesse dont elle est capable. Malheureusement, il faut l’ajouter, c’est à peu près la seule qualité du film que l’écriture du rôle confié à cette dernière et, surtout, son interprétation.
Inspiré d’une nouvelle d’Henry James (Les Amis des amis), le film a la prétention de raconter une histoire à la lisière du fantastique, mais sans besoin d’effets spéciaux. Il est donc question ici de fantômes, de personnes qui, à l’heure de leur mort, apparaissent à un proche qui se trouve très éloigné du lieu du décès. Coline (Sara Giraudeau), qui travaille comme pigiste, est invitée à écrire un article traitant de ce sujet. Pour ce faire, elle doit rencontrer Simon (Nicolas Duvauchelle), un peintre qui vit en ermite dans les Pyrénées et qui prétend avoir vu le fantôme de sa mère au moment où celle-ci décédait. C’est d’autant plus troublant qu’une amie de Coline affirme, elle aussi, avoir fait la même expérience à l’heure de la mort de son père.
Ce genre d’histoires pourrait donner lieu à un film intéressant, sinon captivant. Pascal Bonitzer, hélas, n’échappe jamais à la banalité. Il a beau parsemer le film de petits signes censés mettre du trouble dans nos esprits, on a surtout le sentiment d’avoir affaire à un ressort dramatique facile et qui ne sert, en fin de compte, qu’à justifier l’histoire d’amour compliquée qui se joue, comme on s’y attendait, entre les deux protagonistes principaux. Tout ça paraît bien fade, très en deçà de ce que réussissait à réaliser un cinéaste comme Jacques Tourneur (1904-1977) lorsqu’il mettait en scène des films fantastiques, comme La Féline (1942) en ne recourant à rien d’autre qu’à la suggestion. Pascal Bonitzer, lui, réussit surtout à donner le sentiment que son film est très long et très ennuyeux !