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    Auprès de moi toujours
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Auprès de moi toujours" et de son tournage !

    Le duo Carey Mulligan / Andrew Garfield: émouvant et tragique

    La fragilité de Keira Knightley, opaque et touchante

    Un sujet rude et passionnant

    Adaptation

    Never Let Me Go est l'adaptation du best-seller Auprès de moi toujours, sixième roman de Kazuo Ishiguro. Ce n'est pas le premier ouvrage de l'auteur porté à l'écran puisque Les Vestiges du jour a été adapté en 1993 par James Ivory avec Anthony Hopkins et Emma Thompson.

    Qui est Kazuo Ishiguro ?

    Romancier britannique d'origine japonaise, Kazuo Ishiguro est plébiscité pour ses écrits : il a été nommé à quatre reprises au Man Booker Prize, l'un des prix littéraires les plus importants, a figuré sur la liste des "50 plus grands romanciers britanniques de tous les temps" établie par le Times et a remporté de nombreuses récompenses littéraires. Cet auteur, fasciné par les thèmes de l'amour, du sacrifice, du devoir et de la mémoire, a également reçu le titre d'Officier de l'Ordre de l'Empire Britannique pour sa contribution à la littérature et celui de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres.

    Auprès de moi toujours

    Kazuo Ishiguro créé la surprise lorsque paraît Auprès de moi toujours. Il poursuit son exploration de l'être humain mais fait de son histoire une fable de science-fiction située dans un monde parallèle à l'Angleterre des années 90. Salué par la critique, le roman a été nommé en 2005 au Booker Prize, au Arthur C. Clark Award et au National Book Critics Circle Award. Le Time Magazine l'a désigné comme le meilleur roman de la décennie et l'a placé dans les 100 meilleurs romans modernes jamais écrits. Ishiguro se confie sur ce qui est pour lui le coeur du récit : "J’étais moins intéressé par le thème du clonage en lui-même que par le fait de m’en servir comme arrière-plan pour m’interroger sur ce qui est vraiment important, ce qui compte réellement dans une vie. L’histoire traite donc avant tout de l’amitié, de l’amour et de ce que vous choisissez de faire du temps qui vous est imparti."

    Histoire d'amour ou science-fiction ?

    Le roman d'Ishiguro a la particularité de mêler triangle amoureux et portrait d'un monde où le clonage humain est devenu possible. Le scénariste et le réalisateur de Never Let Me Go ont choisi d'adopter le même angle que le roman, à savoir narrer une histoire humaine avant tout. Mark Romanek, le réalisateur, explique ce choix : "De nombreux films de science-fiction sont construits autour de personnages tentant d'échapper à un gouvernement oppressif ou quelque chose de ce genre, mais ici c’est le contraire. Ces personnages-là ne s’enfuient pas parce (...) qu’ils n’ont nulle part où aller. Le film vous exhorte à serrer contre vous les personnes que vous aimez, ici et maintenant, parce que la vie est tellement courte... (...) Je tenais tout particulièrement à ce que le film soit romantique et qu’il constitue une expérience agréable en termes d’esthétique, car la vérité qu’il explore est teintée d’amertume."

    Du roman au film

    Ami d'Ishiguro et scénariste du film, Alex Garland a rapidement eu le désir d'adapter le roman à l'écran : "Je me suis senti si proche du livre, des personnages et des thèmes que j’ai failli appeler Kazuo Ishiguro au beau milieu du roman pour lui demander d’acquérir les droits d’adaptation. J’ai dû me retenir jusqu’à la fin." Alex Garland a veillé à respecter au plus près l'œuvre originale : " (...) j’étais déterminé à créer l’adaptation la plus fidèle possible. Mon travail, tel que je le voyais, consistait à prendre les idées de Kazuo Ishiguro et à les adapter pour le grand écran." Comme le roman, le scénario est divisé en trois parties et Alex Garland a cherché à transmettre à l'écran le style de narration de l'écrivain britannique. Une fois son travail fini, le scénariste a contacté les producteurs Andrew MacDonald et Allon Reich qui ont été immédiatement séduits. "L’histoire de Never Let Me Go est bouleversante. C’est très différent de tous les projets auxquels j’ai collaboré jusqu’à présent. C’est avant tout une histoire d’amour tragique", explique MacDonald. Reich poursuit : "Alex nous a ensuite apporté une adaptation très subtile. Condenser un livre tel que celui-ci en un scénario de 100 pages tout en demeurant fidèle à son esprit est extrêmement difficile, mais il y est parvenu."

    Le choix du réalisateur

    Les producteurs de Never Let Me Go ont été contactés par Mark Romanek, à qui l'on doit le thriller Photo obsession avec Robbie Williams en 2001. Issu du monde des clips vidéo et de la pub, Mark a surpris les producteurs mais les a vite convaincus : "Mark est un réalisateur très doué, doté d’un style visuel puissant et qui fait son métier avec passion. Il était donc tout à fait logique qu’il réalise ce film", déclare Andrew MacDonald. Pour Ishiguro, "Mark est capable de créer des images qui pourraient paraître ordinaires à première vue, mais qui sont en réalité très étranges et riches de possibilités. Cela se rapproche du genre de sensation que j’essaie d’obtenir en tant que romancier". Le réalisateur confie son excitation à l'idée de mettre en scène le roman : "Je n’arrêtais pas d’y penser et j’ai commencé à rêver d’en faire un film." Quant au scénario, il "n’était pas très épais et allait droit au but, et c’était très excitant parce qu’on aurait dit qu’il attendait qu’un réalisateur mette de la chair sur son squelette."

    Carey Mulligan est Kathy

    Pour interpréter Kathy qui est également la narratrice du film, les producteurs ont choisi Carey Mulligan, révélée par Une éducation, pour lequel elle a été nommée à l'Oscar de la meilleure actrice en 2009. Le réalisateur ne manque pas de souligner l'admiration qu'il a pour la jeune actrice : "Son jeu est en apparence minimaliste, mais l’intensité qu’elle dégage est profonde. Elle entretient une relation avec la caméra, elle a conscience qu’elle peut transmettre beaucoup à partir de très peu. Pour être honnête, j’étais au départ intimidé par son incroyable talent, et j’ai eu du mal à trouver une façon de l’aider. (...) Sa façon de jouer a commencé alors à façonner la structure du film ; son jeu s’accordait parfaitement avec ma vision du style de Kazuo Ishiguro. Elle m’a également beaucoup aidé à définir la grammaire visuelle que je cherchais en adéquation avec la prose de l’auteur." De son côté, l'actrice connaissait très bien le livre et son personnage : "Avec Kathy, tout se passe à l’intérieur, ce qui selon moi la rend vraiment très intéressante." Elle ajoute : "J’adore le fait qu’il n’y ait en apparence aucun lien avec la science-fiction : on ne réalise que lentement que l’on se trouve dans un univers parallèle, qui n’est que la toile de fond d’une histoire d’amour (...)."

    Keira Knightley dans la peau de Ruth

    Si elles sont meilleures amies, la relation de Ruth et Kathy reste cependant complexe. Le producteur Andrew MacDonald explique : "Ruth est vive et manipulatrice, et même si elle et Kathy sont de très bonnes amies, elle est, dans une certaine mesure, la « méchante » de l’histoire. C’est extraordinaire de voir Keira jouer une telle personne." Keira Knightley avoue avoir eu du mal au début à comprendre les intentions de Ruth : "Quand j’ai lu le scénario la première fois, j’ai jugé Ruth très sévèrement. Elle tente de détruire le bonheur de deux autres personnes – et je devais essayer de comprendre ce qui pouvait pousser quelqu’un à faire une chose pareille. C’est justement cela qui a rendu mon travail aussi intéressant. Finalement, j’en suis venue à voir le comportement de Ruth comme résultant du fait qu’elle a grandi sans parents et qu’elle n’a jamais vraiment reçu l’amour dont elle avait besoin. (...) En fin de compte, j’ai ressenti énormément de sympathie pour Ruth. Ce qu’elle fait est inexcusable, et pourtant je comprends réellement ses raisons et j’ai de la compassion pour elle."

    Keira Knightley en terrain connu

    Ce film scelle les retrouvailles de Keira Knightley et de Charlotte Rampling, deux ans après leur rencontre sur le plateau de The Duchess en 2008. La jeune actrice britannique retrouve également pour l'occasion Carey Mulligan, avec qui elle avait partagé l'affiche d'un autre film d'époque, en 2005, Orgueil et préjugés. Depuis, les deux actrices sont devenues amies. Une relation qui a été un atout lors du tournage, comme l'explique Carey Mulligan : "C’est tellement plus facile de tourner des choses difficiles quand vous connaissez bien la personne ! Il y avait quelque chose de totalement instinctif dans notre relation à l’écran." Le réalisateur Mark Romanek ajoute : "L’amitié entre Carey et Keira a apporté une proximité palpable à leur interprétation. Je ne pense pas que deux actrices qui ne se connaissaient pas, aussi douées soient-elles, auraient réussi à reproduire cette impression."

    Andrew Garfield est Tommy

    Révélé par Boy A, Andrew Garfield a tout de suite convaincu les producteurs qu'il était Tommy, le troisième élément du triangle amoureux. "Cela a été comme une évidence" confie Allon Reich. L'acteur s'est montré particulièrement enthousiaste à l'idée d'interpréter Tommy : "C’était une immense responsabilité que d’essayer de donner vie au personnage créé par Ishiguro. Tommy est décrit par l’un de ses gardiens comme ayant un grand cœur mais étant sujet à de terribles accès de rage, et je trouve que cela le résume assez bien. (...) J’ai vraiment aimé jouer ce personnage parce qu’il fait partie de ces personnes rares qui comprennent le monde grâce à leurs sensations plutôt qu’à travers l’analyse." Il a également pris beaucoup de plaisir à travailler avec Keira Knightley et Carey Mulligan : "C’était comme aller en récréation tous les jours ! Ce film a représenté une expérience à la fois belle et pure. Nous voulions tous la même chose – faire honneur à l’histoire, à l’émotion et aux personnages – et nous nous faisions confiance là-dessus."

    Le trio d'acteurs

    Mark Romanek, le réalisateur, ne tarit pas d'éloges sur son casting : "Andrew joue de manière très immédiate et surprenante, je pense que Keira est plus cérébrale tandis que Carey est une incroyable alchimiste – mais ensemble ils donnaient leur maximum pour rendre l’histoire la plus captivante et la plus riche possible. Ces acteurs créent des œuvres d’art, ce qui est stupéfiant étant donné leur jeune âge."

    Temporalité parallèle

    L'une des particularités du film est sa temporalité ou plutôt son absence de temporalité. En effet, contrairement aux habituels récits de science-fiction, Never Let Me Go ne se déroule pas dans un futur plus ou moins proche mais dans la dernière partie du XXe siècle. Allon Reich, producteur, explique : "Une des idées principales est que le film se déroule dans une réalité parallèle. Ce n’est pas demain, c’est hier. Il en résulte une sorte d’intemporalité." L'équipe du film avait par conséquent tout à créer, comme en témoigne Mark Romanek : "Nous n’avions aucun point de repère, ce qui était passionnant. Le seul film quelque peu similaire qui me venait à l’esprit était Fahrenheit 451(...). Notre stratégie a été de débuter avec les trois principaux lieux, qui représentent à première vue des endroits connus de tous : une école, une ferme et un hôpital. Le secret de base du film était de donner à ces lieux, en apparence très familiers, une impression d’étrangeté impossible à définir de manière précise."

    Inspiration visuelle

    L'une des influences de Mark Romanek a été Mikio Naruse, l'un des cinéastes préférés de Kazuo Ishiguro. Ce réalisateur japonais a tourné dans les années 50 et 60 des "shomin-geki", des comédies dramatiques sur la classe ouvrière caractérisées par un mode de narration élégant et une imagerie dépouillée. Mark Romanek décrit son style : "Il y a chez Naruse de la modération, de la simplicité ainsi qu’un élément tragique, ce qui s’accorde avec Ishiguro. Ses films dénotent une fascination pour l’éphémère, le temporaire et la valeur du temps." Le réalisateur a aussi pris soin de mêler culture anglaise et esthétique japonaise : "L’un des éléments intéressants chez Kazuo Ishiguro, et dans ce livre en particulier, est la façon dont sa sensibilité japonaise se marie à ce cadre et cette culture typiquement britanniques. (...) Des notions telles que "Mono No Aware" (l’empathie envers les choses), "Wabi Sabi" (la beauté est imparfaite, éphémère et incomplète) ou encore "Yugen" (une grâce et une subtilité profondes) ont notamment une grande influence sur l’art et la culture japonaise."

    Trois couleurs pour trois chapitres

    Le film, tout comme le roman, est divisé en trois parties. Un découpage qui se ressent également dans son esthétique. "A Hailsham, tout est sombre et boisé, dans des tons de bruns et de verts. Quand nous arrivons aux Cottages, c’est plus clair et lumineux, avec l’utilisation des mêmes couleurs mais dans des teintes plus légères, gaies et naturelles. Dans la dernière partie, il y a une atmosphère plus scientifique et médicale, avec beaucoup de bleu, de vert d’eau et de gris", explique Mark Digby, le chef décorateur.

    Décors

    Les scènes du pensionnat d'Hailsham ont été tournées à Ham House, un manoir du XVIIe siècle, réputé également pour être l'une des plus célèbres maisons hantées de Grande-Bretagne. Pour les Cottages, l'équipe du film s'est installée dans une ferme du Hertfordshire. D'autres lieux ont été investis par la production : la jetée de Clevedon, la station balnéaire

    de Bexhill, la plage d’Holkham dans le Norfolk et un vieil hôpital.

    Costumes

    L'équipe du film s'est entendue pour échapper à l'imagerie traditionnelle de la science-fiction. Les costumes n'ont pas échappé à ce principe, comme en témoigne Steven Noble, l'un des chefs costumiers : "Ce film était un véritable défi pour ce qui est des costumes car il se déroule dans un univers parallèle qui doit refléter un passé récent allant des années 70 aux années 90 tout en ayant l’air complètement intemporel. Ce n’est vraiment pas simple." Lui et Rachael Fleming ont principalement utilisé des vêtements d'occasion ainsi que de vieux uniformes de pensionnats.

    Le temps qui passe

    Les personnages de Never Let Me Go sont sans cesse soumis aux contraintes du temps. Une inéluctabilité qui se ressent jusque dans les moindres détails, comme le précise Mark Romanek : "Ce n’est pas une évocation luxueuse de l’Angleterre. Il n’y a pas d’objets neufs et brillants dans le film. Tout est défraîchi, élimé et usagé. C’est ici que nous avons utilisé le concept de Wabi Sabi. La notion du temps qui s’écoule est omniprésente. Nous avons fait bien attention à mettre des horloges et des montres dans presque toutes les scènes parce que l’histoire traite en grande partie du temps qui passe et de son caractère précieux."

    Autour de Danny Boyle

    Il est amusant de souligner que certains membres de l'équipe du film ont collaboré de nombreuses fois avec un même cinéaste, Danny Boyle. Ainsi, Alex Garland a écrit les scénarios de 28 jours plus tard et Sunshine. Par ailleurs romancier, il a écrit La Plage, porté à l'écran par Boyle en 1999. Le premier film produit par Andrew MacDonald est Petits meurtres entre amis en 1994. Il produit par la suite Trainspotting, Une vie moins ordinaire, La Plage, 28 jours plus tard et Sunshine, toujours réalisés par le cinéaste anglais. Quant à Allon Reich, collaborateur de MacDonald, il a travaillé au développement et à la production de Petits meurtres entre amis et Trainspotting. Tessa Ross, productrice exécutive de Never Let Me Go, a financé Slumdog Millionaire et 127 heures. Mark Digby a créé les décors de Slumdog Millionaire, Millions et 28 jours plus tard. Enfin, Rachael Fleming a élaboré les costumes de Trainspotting, Une vie moins ordinaire, La Plage et 28 jours plus tard.

    Leçon de conduite

    Carey Mulligan a dû apprendre à conduire pour ce film, a suivi ainsi un cours intensif de deux semaines mais a échoué lors de l'examen. La scène a dû dès lors être tournée sur une route privée pour permettre à l'actrice anglaise de prendre le volant.

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