Au milieu des années 2000, c'est là où l'on assiste à un glissement de la qualité des films de Steven Seagal vers les bas-fonds du direct-to-dvd. Vous me direz, le reste de sa carrière n'est pas d'une grande intelligence non plus. Mais il faut reconnaître, à certains de ses longs-métrages tournés dans les années 90, une certaine efficacité et un plaisir coupable pour le spectateur fan d'action que je suis. Déjà au début des années 2000, sa carrière s'oriente clairement vers le marché de la vidéo. Mais à partir du milieu des années 2000, c'est pire. Tournage en Roumanie pour trois francs six sous, bedaine alarmante qui entraîne un doublage systématique durant les scènes de combat, investissement minimal de sa part à part dans le financement où il est systématiquement crédité comme producteur, scénario nul (parfois écrit par ses soins), réalisation hachée par des metteurs en scène inconnus dont ce Against the dark réalisé par le directeur photo Richard Crudo (chef op' sur Jeu fatal, un autre Seagal) qui, dieu merci, n'a pas persisté dans cette voie-là. La coupe est pleine. Against the dark est une parfaite synthèse de tout ce que je viens de dire. Seagal passe son temps à arpenter les couloirs d'un hôpital et à trucider quelques zombies imprudents qui ont le malheur de croiser son chemin. Enfin, je dis "passe son temps" mais on voit Seagal en tout et pour tout une vingtaine de minutes. Si maintenant aux habituels défauts de ses films, il faut ajouter une absence à l'écran de sa part...Le reste du temps, soit les trois quarts du film, on suit une bande de survivants complétement déboussolés, dans le noir le plus complet, qui arpentent eux aussi cet hôpital. En fait, la ville, mais on ne sait pas où, est à feu et à sang à cause d'une infection transformant les humains en zombies. On ne nous explique pas non plus d'où vient ce virus, comment ils ont été contaminés et pourquoi un vaccin n'a pas été trouvé et si même des recherches existent. M'enfin, c'est comme ça. S'il faut aller chercher de la cohérence dans un film avec Steven Seagal...En préambule, on nous met quand même une définition tirée du dictionnaire du terme "infection". Donc, si on n'en était pas encore certain, celui qui a écrit le film a vraiment décidé de nous prendre pour des imbéciles et prétend, peut-être, vouloir nous apprendre quelque chose. Une fois que Seagal accompagné de deux gothiques qui ne servent absolument à rien (elles n'ont pas une ligne de dialogue à se mettre sous la dent et on ne connaîtra même pas leur nom) et un gros malabar se mouillant un peu plus dans les scènes de bagarre rejoignent le groupe de survivants, le film s'emballe enfin ! Non, je plaisante. En fait, plutôt que de repartir en arrière, ils décident d'aller vers la fameuse porte de sécurité dont les persos nous rabâchent l'existence toutes les trois secondes. Ladite porte qui est en fait à l'autre bout de l'hôpital et dont ils ne sont pas sûrs d'y parvenir car l'électricité menace de couper à tout moment ! Et là où les ennemis sont les plus nombreux ! Autre cliché propre au film d'horreur : la tendance fâcheuse, pour eux, qu'ont les protagonistes à se séparer. Ça passe pour Seagal, invincible quelque soit les films, et qui ne choppera même pas une seule goutte de sang sur son manteau alors que l'hémoglobine coule à flots. Mais les autres se feront occire un par un. Ce qui n'est pas forcément un mal quand on voit leur niveau de connerie à tous. Sinon, à part ça, je n'ai pas compris la fin. Un infecté nous dit qu'il est immunisé alors qu'au début la narratrice nous affirme que personne ne l'est. Je n'ai pas compris non plus comment ils arrivent à s'en sortir alors que l'armée à décidé de stériliser la zone. Je suis assez vénère d'avoir perdu une heure trente de mon temps à regarder ce téléfilm tout mou et les quelques minutes à écrire cette critique. Enfin, si ça peut éviter à certains de tomber dans le piège d'Against the dark, je n'aurais pas tout à fait raté ma journée. Un Seagal qui a l'air de s'en foutre éperdument donc ne respectant par son public ni se respectant lui-même, des acteurs de troisième zone pas aidé par la bêtise affligeante de leurs rôles, des incohérences, des absurdités, un montage trop cut, une photographie trop sombre. Et je pourrais continuer encore une heure comme ça. Allez, pour éviter le zéro pointé bien qu'il le mérite largement, je salue quelques effets gores inhabituels dans un film avec Steven Seagal. Tout fier, le réalisateur nous montre à plusieurs reprises des cadavres éventrés, des zombies aux dents pointues se régalant tout autour en faisant "mouaaaaaaaargh" (fin' le cri habituel du zombie, vous voyez le genre) et pas mal de sang pour tapisser les murs et le carrelage. Pour sa première incursion dans le registre du film d'épouvante, Steven Seagal fait fort. Et j'espère qu'elle restera la seule tant finalement je préfère le voir dans ses autres rôles d'ex-agent des forces spéciales.