Christopher Thompson est le fils de Danièle Thompson, fille de Gérard Oury. Il a co-écrit avec sa mère les films La Bûche, Le Code A Changé, Fauteuils d'orchestre et Décalage horaire. Il a par ailleurs collaboré avec le réalisateur Thierry Klifa sur Une vie à t'attendre, Le Héros de la famille et Les Yeux de sa mère.
Le cinéaste revient sur ses sources d'inspirations et sur sa première expérience de réalisateur: "L'énergie que véhicule la musique dans le film, je voulais qu'elle se retrouve à l'image. Avec Rémy Chevrin, le chef opérateur, on a cherché une image qui ne soit surtout pas lisse mais contrastée, parfois granuleuse. La caméra est très mobile. C'est un âge et une musique qui traversent beaucoup de turbulences... J'ai aussi montré à Rémy et aux acteurs de nombreux films parmi lesquels Gimme Shelter, One+One, Dig, ou Cocksucker Blues. Des documents étaient très utiles pour expliquer l'esthétique et l'état d'esprit que je voulais pour ce film. Et puis il y a le choix d'aller vers une lumière de plus en plus vive et aveuglante à mesure que les personnages s'approchent d'un paroxysme dans leur relation, comme dans ce plan final où Rizzo se tourne vers la fenêtre et vers l'avenir."
Christopher Thompson a travaillé de très près les costumes et décors en évitant au maximum d'y inclure des clichés sur l'époque: "Même si on a beaucoup travaillé sur les décors et les costumes pour donner l'impression d'un passé proche, j'ai voulu éviter une reconstitution tranchée, en écartant au maximum les clins d'oeil anecdotiques qui rappellent une époque précise à travers des objets, des voix à la radio, etc... Peu de choses sont datées, même si l'on reconnaît l'air du temps. Le film se passe assurément dans les années 80, mais les personnages sont plutôt 70's dans leur manière de s'habiller, de faire de la musique. C'est que le film n'évoque pas la nostalgie d'une époque, mais la nostalgie d'un âge. Avec Manu et Lucas, on est dans la vérité des sentiments d'adolescence, avec une intensité et une pureté qui tient à la fulgurance d'une période de la vie dont on sait, sans se l'avouer, qu'elle est forcément éphémère. Et, dans un groupe de musique, l'énergie vient justement de l'envie dévorante de perpétuer indéfiniment cette explosion de l'adolescence. Mais pour combien de temps ?"
Les jeunes et la musique, deux thèmes qui sont chers au réalisateur Christopher Thompson qui passe pour la première fois à la réalisation avec Bus Palladium : "Il y a un fort engagement à choisir un sujet sur lequel on va passer plusieurs années de sa vie. C'est encore plus vrai pour un premier film. J'ai longtemps trouvé ce choix impressionnant. Entre les scénarios que j'écrivais avec ma mère, Danièle Thompson, ou avec Thierry Klifa, qui est mon coscénariste ici, j'avais plusieurs idées autour desquelles je tournais depuis un an ou deux ; et puis je suis passé un jour devant une bande de jeunes et, en les regardant, je me suis souvenu de moi à cet âge-là, du sentiment d'amitié très fort, de l'aventure collective comme un cocon protecteur, qui rassure, mais peut aussi devenir un enfermement. Je les regardais de loin et en même temps j'avais l'impression d'être parmi eux. Je me sentais, finalement, à bonne distance, observateur et complice, avec l'intuition qu'il y avait là la matière d'un film. Un film qui raconterait des moments de passages. Un film qui, en intégrant la musique et la manière de la vivre en groupe, deviendrait pour moi un sujet personnel, parce que la musique fait partie de ma vie depuis toujours."