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    Katanga Business
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Katanga Business" et de son tournage !

    Note d'intention

    Pour Thierry Michel, "on ne peut comprendre le macrocosme sans le microcosme". Expliquant ses intentions, le réalisateur déclare : "Dans un film comme Mobutu, roi du Zaïre, l'identité est évidente entre le destin personnel du maréchal Mobutu et le destin du Zaïre. Dans ce film-ci, le destin du Katanga est en filigrane, visible de manière elliptique, derrière des destins individuels et collectifs. Le microcosme, ce sont les travailleurs, les creuseurs, les damnés de la terre, et le macrocosme, ce sont les industriels, mais aussi les spéculateurs qui arrivent avec des capitaux et des valises pleines de billets, développent la région et en même temps cherchent qu'à faire des affaires et du profit. Entre ces deux univers, il y a un conflit social lié aux nouveaux modes d'exploitation, une véritable révolution industrielle avec les machines qui remplacent l'homme et la fin de l'artisanat minier. Et cela entraine nécessairement un conflit social violent avec l'émergence du salariat et de l'affirmation du syndicalisme. Et dans le même temps, entre ces forces du capital, il y a une guerre économique d'autant plus violente que les intérêts géopolitiques divergent (entre société nord-américaines et asiatiques, par exemple). Et en arbitre entre le conflit social et la guerre économique, il y a le politique, en l'occurrence le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, qui est l'homme qui peut faire la jonction entre les deux. Il est le représentant du peuple, c'est-à-dire des travailleurs, des creuseurs, des congolais à qui il doit sa légitimité, et en même temps il veut moderniser, développer sa région, attirer les capitaux et cela passe nécessairement par des alliances avec les investisseurs, d'autant qu'il est lui-même un homme d'affaires. Il tente de faire passer le cap de la nouvelle révolution industrielle à sa région. Au détriment de qui ? C'est toute la question que pose le film."

    Troisième film sur l'ancien Congo belge

    Après Zaïre, le cycle du serpent, Mobutu, roi du Zaïre et Congo River, Thierry Michel se penche une nouvelle fois sur l'ancien Congo belge. "Depuis 17 ans, je vais régulièrement au Congo, explique le réalisateur. J'ai été le témoin privilégié de ce pays en plein tumulte, qui se trouve aujourd'hui au bout d'un cycle. C'est un pays qui a été le théâtre de révoltes, de pillages, de guerres, de violence sociale, un pays qui s'est effondré et qui prend aujourd'hui un nouveau chemin. Nul ne sait où il aboutira. Par ailleurs, le Katanga, c'est comme un retour sur les lieux miniers de mon enfance, que j'ai filmés étant jeune, notamment avec Mines, pays noir, pays rouge, Chronique des saisons d'acier. Au Katanga, après l'épopée industrielle coloniale, avec ses traditions syndicales, puis la déliquescence sous Mobutu, il y a aujourd'hui l'émergence d'une seconde épopée industrielle où se croisent les destins des travailleurs, des grands patrons, des politiques. Tandis qu'en Belgique, dans les années soixante-dix, j'avais filmé la fin d'une ère industrielle. Au Katanga, cette renaissance industrielle est d'autant plus importante que la région est un coffre-fort de matières premières et se trouve, pour cette raison, au centre de la mondialisation. J'ai voulu concrétiser cette épopée très cinématographique avec des personnages, des destins. Tout le contraire d'un documentaire socio-économique."

    Genèse du projet

    L'idée de ce documentaire est venue à l'esprit de Thierry Michel lors du tournage de Congo River, alors qu'il filmait la déliquescence de l'économie et qu'il se portait à la rencontre de creuseurs. "Il se fait que la désastreuse gestion sous Mobutu, qui avec la nationalisation des mines et la prédation systématique a mis par terre l'économie katangaise, a eu l'effet de préserver les richesses du sous-sol, lesquelles sont aujourd'hui à nouveau convoitées avec le retour des investisseurs à l'occasion de la démocratisation du pays, commente le réalisateur. Au début, c'étaient plutôt des mafias qui spéculaient et organisaient le trafic illégal de minerais, mais avec le temps, ce sont de véritables sociétés qui ont commencé à investir dans la province. C'était pour moi l'occasion de faire une parabole sur les mécanismes économiques, sur les rouages entre la microéconomie et la macroéconomie. Côté congolais, il y a les creuseurs artisanaux condamnés à être expulsés des concessions et les travailleurs qui ne savent pas très bien si c'est dans leur intérêt de marcher main dans la main avec les patrons. Côté patrons, il y a trois types d'investisseurs : les sociétés privées, l'État congolais et les Etats étrangers dont principalement la Chine et l'Inde. Ils se retrouvent sous la bannière du personnage le plus important après le président de la République, à savoir le gouverneur Moïse Katumbi. C'est d'autant plus vrai que le Katanga est un Etat dans l'Etat, qui grâce à sa richesse minière peut survivre sans le Congo, alors que l'inverse n'est pas vrai. Moïse Katumbi est un personnage flamboyant, charismatique, moderne. Il rappelle Berlusconi par son populisme, son sens de la communication, et parfois Hugo Chavez par la manière dont il défend son peuple, et en même temps, c'est un homme d'affaires, immensément riche, qui a de l'autorité, ne pratique pas la prédation systématique et dirige sa province comme une entreprise privée. C'est tous ces personnages que j'ai voulu confronter les uns aux autres, dans l'idée de faire une saga industrielle, une parabole économique."

    La construction du film

    Avant le premier tour de manivelle, Thierry Michel avait posé les fondations de son documentaire, mais n'en n'avait pas écrit "un réel canevas". "Du reste, le réel est toujours plus fort que tout ce que l'on peut imaginer, poursuit le réalisateur. C'est ce qui donne la force au documentaire, qui montre le monde à la fois sous l'aspect de la tragédie et sous l'aspect de la comédie humaine. C'est par ma longue présence au Katanga et par ma carte de visite comme réalisateur de films très connus au Congo comme Mobutu, roi du Zaïre et Congo River que j'ai réussi à convaincre les grands patrons d'accepter de devenir personnages de mon film. Bien sûr, comme dans tout film, il y a un rapport de forces qui s'instaure, une sorte de jeu de chat et souris. Chacun essaie de se montrer sous son beau jour et instrumentaliser le cinéaste. Et moi, à mon tour, je cherche à instrumentaliser les acteurs. J'ai voulu, par exemple, montrer chez le gouverneur à la fois sa bonne gouvernance, mais aussi ses contradictions, ses ambivalences. C'est du reste ce qui lui donne sa dimension humaine. Chacun essaie de tenir son rôle et moi je dois essayer de percer les secrets, la langue de bois et les attitudes convenues."

    Quelques difficultés de tournage

    Par moments, Thierry Michel s'est vu interdire le fait de filmer certaines choses, mais sans que cela soit fait avec acharnement. "Parfois, on taisait les informations pour que je ne sois pas au bon endroit au bon moment, mais je finissais toujours par les recevoir, explique le cinéaste. Il m'est arrivé, pour des raisons de tracasseries, d'intimidations, d'obstruction, d'arriver trop tard à certains endroits, mais en règle générale, grâce à mon équipe congolaise et à mes réseaux nous pouvions contourner ces obstacles. Souvent, il faut passer par de longues palabres pour arriver à ses fins. Mais j'ai aussi des remparts. Par exemple, lors d'une grève, mon arrivée a été mal vue par les autorités, car les télévisions locales ne couvraient pas ce mouvement social. Mais une fois que j'étais sur place, au coté des grévistes, il était quasi plus difficile de m'interdire de filmer que de me laisser faire. On m'a donc laissé faire. Le plus difficile dans la dramaturgie du film fut de mettre ensemble cette mosaïque de destins. Mobutu est en lui-même un personnage, à la fois moliéresque et shakespearien. Mais pour Katanga Business, j'avais une constellation de personnages que je devais mettre en scène, des personnages qui sont entre eux dans une relation triangulaire : les travailleurs, les patrons, et le pouvoir politique, représenté par le gouverneur, qui en est la clé de voûte."

    Eviter le manichéisme

    A travers son documentaire, Thierry Michel prend soin de ne pas juger les gens qu'il filme et de ne pas tomber dans le manichéisme. Pour le réalisateur, c'est un choix éthique. "Il ne faut pas réduire le monde, explique-t-il. Le documentaire est là pour élever la conscience des gens, leur capacité critique, leur regard sur le monde. Le monde est ambivalent, complexe. L'histoire n'est pas en ligne droite, mais en ligne brisée. Souvent la courbe est le chemin le plus court pour arriver d'un point à un autre. Le manichéisme est une réduction totale et une manière d'infantiliser le spectateur. Certes, il faut dénoncer les violences sociales, mais toujours en les replaçant dans leur contexte. Chacun a sa logique. Il faut montrer les gens dans leur logique. Même les islamistes les plus radicaux ont leur logique. Chacun a son destin. C'est vrai aussi pour les événements historiques. La Révolution française est une avancée considérable en termes de droits de l'homme, mais que de décennies sacrifiées en comparaison avec l'évolution de l'Angleterre à la même époque !"

    Un peu de géographie

    Le Katanga, grande province du sud-est, presque le quart de la superficie de la RDC, est un haut plateau continental. Les trois principales villes, Lubumbashi (anc. Élisabethville), Likasi (anc. Jadotville) et Kolwezi, se trouvent au sud, près de la frontière avec la Zambie. La population est aujourd'hui de 8 millions d'habitants. Grâce à ses minerais, la région est la plus riche du pays, du continent et du monde. Le géologue belge Jules Cornet a parlé dès son arrivée en 1892 de scandale géologique. Fer, cobalt, cuivre, germanium, étain, uranium, or, zinc et d'autres richesses y abondent.

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