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    Le Pays à l'envers
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Pays à l'envers" et de son tournage !

    Une amoureuse du réel

    Monteuse jusqu'en 1998, Sylvaine Dampierre a créé avec Alain Moreau "Télé-Rencontres", un canal interne de télévision à la maison d'arrêt de Paris la Santé. La réalisatrice est à l'origine de sept courts-métrages : de L'Ile en 1998 au Pays à l'envers en 2008, en passant par Green Guerilla en 2003, elle n'a tourné que des documentaires. "J'aime les traces incertaines, les documents à moitié effacés, les interstices de la mémoire pour ce qu'ils recèlent d'invention, pour ce qu'ils laissent imaginer. Je rêve avec les personnages de mon film d'une histoire plurielle, de toutes les histoires encore enfouies, de tous les contes encore à dire", avoue-t-elle.

    Le point de départ du voyage

    A l'origine de sa quête d'identité, un appel téléphonique venant de la Guadeloupe et invitant la cinéaste à montrer ses films à Gosier, la ville natale de son père. Par son nom de famille, Sylvaine Dampierre a compris qu'elle était considérée comme faisant partie de cette culture qu'elle ne connaissait pas encore: "Cinéaste invitée et Guadeloupéenne inventée - et enchantée - j'ai décidé de répondre à l'appel de mon nom, et la suite, le film la raconte...", confie-t-elle.

    Choix du titre

    Sylvaine Dampierre commente la poésie du titre de son film en rappelant que le voyage qu'elle entreprend se fait à rebours car de retour vers une Guadeloupe, qu'elle apparente à un pays en raison de sa richesse et de sa singularité: "Je suis de l'autre rive, guadeloupéenne de l'autre bord, et je remonte le cours d'un voyage qui m'a fait naître bien loin de l'île que mon père a quittée il y a 50 ans", explique-t-elle. L'envers est également celui d'un miroir tendu au pays, dans lequel se reflètent l'histoire de l'esclavage et sa portée à la fois française et universelle.

    Eloge de la mémoire

    Sans rage intérieure, la cinéaste a tenté de plonger son regard dans la mémoire de l'esclavage et de la colonisation et d'en explorer la complexité toujours présente: "Je pense avec beaucoup d'autres que pour la société antillaise et au-delà, la mémoire est un gage d'avenir, et la solution n'est ni dans l'oubli, ni dans la simplification réductrice", affirme-t-elle, persuadée que la construction des libertés passe par l'acceptation d'un héritage quel qu'il soit: "Je note en France une réticence à faire face au domaine antillais, un héritage colonial qui ne passe pas, une méconnaissance tenace. J'entends en Guadeloupe les échos d'un attachement souvent déçu mais lucide", déplore t-elle, désireuse d'aider de son mieux à rétablir l'équilibre de cette relation.

    Savoir qui l'ont est

    Le généalogiste guadeloupéen qui a travaillé sur le film a été surpris d'observer à quel point son entourage était inculte au sujet de ses origines. "J'ai rarement rencontré quelqu'un qui était content de savoir d'où il sortait en réalité. On nous a désaculturé", dénonce t-il. L'impératif "N'oubliez jamais que vous descendez d'esclaves", qui pour lui tient lieu de cri du coeur au sein du film, lui permet également d'évacuer un non-dit et d'exprimer sa volonté d'enraciner la mémoire.

    Des "acteurs" investis

    Frappée par l'intensité des échanges qu'elle a eus et la générosité des guadeloupéens, Sylvaine Dampierre insiste sur la qualité de leur présence sans faille et de leur investissement face à la caméra. Touchée par la légitimité de ses enjeux en tant que cinéaste et en tant que guadeloupéenne, elle reconnaît avoir été très bien accueillie et avoir pu filmer de beaux moments et de belles personnalités.

    L'identité exprimée par le corps

    Chorégraphe, danseuse interprète, formatrice et chercheuse dans le sillon de la danse endogène guadeloupéenne et caribéenne, Lena Blou est directrice du Centre de Danse et d'Etudes Chorégraphiques et de la Cie Trilogie Lénablou. Fondé en 1990, ce centre dispense des cours de danses divers et variés telles que la Techni'ka, en résonance directe avec la danse Gwo-ka, une danse traditionelle fortement liée à l'esclavagisme et à la colonisation. Si le Gwo-ka est une réponse à l'histoire qui a morcelé les corps en les déracinant de leur terre d'origine, la techni'ka jouerait plutôt le rôle de "résilient", aidant à se libérer du traumatisme subi: "Est-ce que le devoir de mémoire passe par l'expression corporelle ? Oui, car le corps est un réceptacle, comme si par une alchimie cellulaire le corps s'imprégnait, stigmatisait et à l'insu de la psyché, du corps pensant le corps physique inventait, tricotait, résiliait les douleurs et balisait l'avenir", explique la chorégraphe, emballée dès l'origine par le projet de Sylvaine Dampierre et désireuse de participer à la prise de conscience par le corps qu'il proposait.

    Promotion du film

    L'APDCAE G, un réseau d'exploitation de cinéma d'art et d'essai, est en train de se constituer en Guadeloupe avec pour ambition de porter le cinéma d'auteur vers le public. Ayant le sentiment d'avoir reçu ce film en cadeau, Sylvaine Dampierre se considère comme l'invitée d'une île qui a beaucoup à dire et non comme son porte-drapeau.

    Exposition à partir du film

    Conçu comme un parcours photographique autour du film Le pays à l'envers, l'exposition réalisée par Bernard Gomez décline les rapports entre photographie et cinéma et présente un premier volet du travail que le photographe mène en Guadeloupe depuis 2006. Sans être des photographies de repérage ou de tournage, ses images retracent le parcours du film et proposent une vision singulière faisant écho à la démarche cinématographique. Bernard Gomez

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