Le tournage de Lino s'est déroulé très rapidement, en l'espace de 12 jours tout était bouclé. Avec un enfant de deux ans comme personnage principal, l'équipe était réduite au minimum pour ne pas l'effrayer, elle devait préparer les scènes le plus vite possible et surtout ne devait pas tourner plus de deux heures pas jour. "Nous étions liés aux humeurs de Lino" explique Jean-Louis Milesi.
Jean-Louis Milesi a eu du mal à se préparer à passer devant le caméra pour la première fois :"Cette perspective m'effrayait, il m'a fallu dépasser mes angoisses et c'est aujourd'hui pour moi une victoire très personnelle de m'entendre dire par des amis comédiens, venus voir le film, qu'ils ont oublié que c'était moi qui jouais. Dans la rapidité du tournage, j'ai pris le temps néanmoins de me poser sur la construction de mon personnage, je me suis, par exemple, donné une démarche de pingouin. (...) Je me suis progressivement lâché, j'ai accepté de cesser de me cacher derrière ma casquette, ce qui était important car il fallait que ce personnage existe, qu'on s'attache également à lui. Je devais cesser de me masquer, accepter d'être en caleçon, exagérer l'opulence de mon ventre, me dénuder psychologiquement. Ce qui fut assez agréable pour moi, c'est de ne pas avoir à guider un acteur, en devenant le personnage j'ai pu l'aborder de manière viscérale, sans pudeur. Je n'ai éprouvé aucune frayeur face à mon équipe, nous faisions tous le même film, c'était la seule chose qui m'importait.."
A l'origine ce devait être le parrain de Lino Milesi qui devait interpréter son père, mais Jean-Louis Milesi a pensé que pour plus de crédibilité et de spontanéité de la part du jeune enfant, il "devait s'y coller".
Jean-Louis Milesi tient plusieurs fonctions pour son nouveau long-métrage : en plus d'être réalisateur, il interprète un des rôles principaux, il est aussi un des monteurs, et enfin il a écrit le scénario. Jean-Louis Milesi est d'ailleurs derrière la majorité des scénarios du cinéaste Robert Guédiguian : A la vie, à la mort ! (1995), Marius et Jeannette (1997), A la place du coeur (1998), A l'attaque ! (2000), Marie-Jo et ses deux amours (2002), Mon père est ingénieur (2004) et enfin Lady Jane (id.).
Le petit garçon qui inteprète le jeune enfant n'est autre que Lino Milesi, le fils du réalisateur Jean-Louis Milesi. Ce dernier s'explique sur le choix de son propre fils :"Ce fut justement lui le point de départ, le voir évoluer, manipuler des objets, le fait que du haut de ses deux ans, alors qu'il était très dégourdi, il n'ait pas envie de parler, de s'embarrasser avec les mots. J'ai voulu enregistrer ces instants. J'avais mûri, j'étais prêt. J'ai deux autres enfants, je les ai filmés, mais pas de cette façon. Je me suis alors demandé comment réussir à filmer Lino, sans me tourner vers le documentaire ou sur une histoire centrée sur lui au sens premier, ma relation avec mon fils n'intéressant personne. J'ai alors eu l'idée de cet échange entre cet homme se retrouvant avec un enfant sur les bras, un enfant dont la mère vient de mourir et dont il doit du coup s'occuper, et j'ai ainsi donné à Lino la possibilité de s'exprimer au coeur d'une fiction."
Lino marque la deuxième réalisation de Jean-Louis Milesi. Son premier film date de 2000, Nag la bombe, drame avec Ariane Ascaride et Vincent Elbaz.
Lino a remporté le Prix Spécial du Jury au Festival Skip City International D-Cinema au Japon.