Relatant le célèbre fait divers et parricide Violette Nozière, Claude Chabrol s'attache essentiellement -bien qu'il mène le récit jusqu'à son épilogue judiciaire- à cerner la personnalité de l'empoisonneuse et à décrire, non sans causticité, son cercle familial.
Ainsi, l'appartement modeste et étroit de la famille Nozière -le père cheminot, la mère aux airs de bourgeoise déclassée- est le décor déterminant du film où Violette affiche son ennui et ses mines de petite fille qu'elle n'est plus. Au dehors, c'est-à-dire dans les bars qu'elle fréquente, Violette est tout autre, jeune femme coquette et frivole.
Chabrol, on s'en doute, ne se pose pas en moralisateur et encore moins en accusateur. De cette demoiselle cynique et peu farouche, aimant l'argent et le luxe, le cinéaste fait une héroine de la stature d'une Emma Bovary (dont Chabrol, comme on sait, fera une adaptation). Violette Nozière est de celles qui scandalisent le bien-pensant et semblent n'avoir ni conscience ni remords,
assassinant avec sang-froid d'humbles et respectables parents.
Isabelle Huppert est la formidable interprète de cette fille rêvant de fortune et d'amour,
abusée par un gigolo élégan
t, une fille à l'ambition relative puisque son rêve d'aventure ne dépasse guère les Sables d'Olonne, et dont le geste criminel funeste est peut-être pour elle l'ultime moyen de s'extirper du milieu modeste qu'elle exècre. Infâme calculatrice ou schizophrène, Violette fait figure en tout cas d'héroine médiocre, entre candeur et sottise. Son portrait, à la fois attachant et corrossif, s'inscrit dans une reconstitution d'époque appliquée et précise. On n'oubliera pas de citer le couple piquant que forment Carmet et Audran.