Après tous les films de super-héros avec leurs supers pouvoirs, on a vu apparaître les films de super-héros qui n’ont aucun pouvoir comme "Kick-Ass" et "Super". "Defendor" joue donc dans cette catégorie : Arthur Poppington est un garçon tranquille avec un léger retard mental qui travaille à la voirie. Mais lorsque la nuit tombe, Arthur devient Defendor, le redresseurt de torts qui s’attaque aux crapules impunies…Alors, me diriez-vous, comment "Defendor" s’en sort-il par rapport à "Kick-Ass" et "Super" qui eux sont sortis en salles et pas uniquement en direct-to-dvd ? Et bien je vous répondrais qu’il s’en sort plutôt très bien puisqu’il s’éloigne des deux films en question : là où "Kick-Ass" n’était qu’un énorme défouloir avec des scènes plus fun les unes que les autres et où "Super" jouait la carte de la comédie grinçante ; Defendor joue la carte du réalisme, avec une vraie histoire possédant un aspect psychologique beaucoup plus poussé : notre héros, Arthur, suite à des évènements passés très douloureux (l’absence de sa mère suite à sa fuite, le fait de ne pas être allé à l’école, son enfance passée dans les comics, l’assassinat de sa mère), a accumulé un certain retard mental qui fait de lui un être enfantin…une sorte de syndrome de Peter Pan en quelque sorte. Mais ce syndrome ne l’a pas pour autant empêché de grandir et de s’insérer dans la société (il a un ami, il travaille), par contre il l’a aidé à devenir Defendor (il n’a fait que devenir ce qu’il admirait le plus en étant petit : un super-héros comme ceux des comics qu’il lisait !) afin qu’un jour il puisse trouver celui qui a tué sa mère pour la venger. Mais son côté « Peter Pan » se traduit par deux choses : 01) son « attirail » de super-héros peu orthodoxe (un gourdin, des billes, un bocal avec des guêpes…) 02) son total manque de discernement du danger le rendant inconscient voire complètement irresponsable. A partir donc d’un récit un peu bancal, Defendor réussit à nous présenter un héros décalé arrivant à nous émouvoir et à nous embarquer dans sa détresse (folie ?) : même si le film est très ancré dans la cruelle réalité de la vie (il n’hésite jamais à en faire baver son héros, du début à la fin) avec une ambiance assez dramatique, il parvient à provoquer le rire par moment jouant justement de façon subtile sur le décalage entre le héros et le milieu et les personnes auxquels il s’oppose. Côté réalisation, il faut tirer notre chapeau à Peter Stebbings qui, malgré le manque évident de moyens (jusqu’au marketing : regardez la jaquette du dvd, on dirait sincèrement plus un énième nanar plutôt qu’une véritable bonne petite série B !!!), a su tirer profit d’un incroyable système D : mise en scène soignée, décors et ambiance travaillés (par moment on pourrait même se croire dans les rues sombres et dangereuses de Gotham !) et des séquences rythmées bien agencées par d’astucieux jeux de caméras, le tout soutenu par une très bonne bande originale (d’ailleurs, le thème de Defendor est tout bonnement EXCELLENT !). Côté casting, nous sommes face à l’autre grande force de "Defendor" : Woody Harrelson. Grand acteur connu pour être toujours d’une justesse incroyable dans des rôles aux multiples facettes ("Money Train", "Tueurs-Nés", "Larry Flynt", "Welcome To Sarajevo", "La Ligne Rouge", "The Messenger", "Bienvenue à Zombieland"), il crève littéralement l’écran en nous livrant une prestation superbe d’Arthur, ce personnage profondément attachant en décalage permanent avec la réalité mais qui croit dur comme fer en ses convictions. L’un des meilleurs rôles de sa carrière. Il ne faut pas oublier aussi les seconds rôles qui ne sont pas en reste : on retiendra Kat Dennings, jeune prostituée prise sous l’aile de notre ami justicier, qui apporte un peu de douceur dans un monde de brutes, brutes représentées par une belle ordure de ripou, impeccablement interprété par un Elias Koteas qui prouve une nouvelle fois qu’il a bien la gueule de l’emploi !
Traitant d’un sujet similaire, mais étant très légèrement en dessous de "Kick-Ass" et "Super" qui sont plus jusqu’en boutiste (en même temps, "Defendor" a été tourné avant ces deux films : ceci explique peut-être celà !), "Defendor" parvient à nous surprendre en nous proposant une histoire à dimension humaine d’une profondeur insoupçonnable aux premiers abords (et cela jusqu’à la très émouvante séquence finale qui conclue de très belle manière ce film de super-héros pas comme les autres), soutenue par la prestation magistrale de son acteur principal. Si vous avez aimé "Kick-Ass" et "Super", vous aimerez "Defendor" : son visionnage devient alors absolument indispensable !