Après avoir participé à l'écriture de plusieurs films, Massy Tadjedin passe derrière la caméra pour la première fois avec Last Night. Elle s'explique : "j’ai simplement eu envie de me consacrer entièrement à une histoire qui aborde les thèmes qui me touchent le plus. (...) C’est une histoire qui m’est venue très vite, très clairement et dès le départ, j’ai su que je voulais la mettre en scène moi-même."
Dans cette histoire où un couple est confronté à la tentation, la réalisatrice tenait à adopter un point de vue impartial : "Ma démarche n’est pas de juger. Tous les protagonistes ont des qualités et des défauts. Ce sont des êtres humains, avec leurs failles et leurs faiblesses. spoiler: D’un côté, nous avons une infidélité physique et de l’autre, une infidélité émotionnelle. Laquelle est la plus sérieuse ? Laquelle est la plus grave ? Je ne sais pas. Mon but était de présenter les choses comme elles pourraient se produire dans la vraie vie, en plaçant le spectateur à un poste d’observateur privilégié."
Le rôle de Joanna Reed, qui est finalement revenu à Keira Knightley, intéressait Jessica Biel qui a auditionné pour ce personnage.
Suite à la faillite en janvier 2010 de Miramax, qui devait distribuer le film, Last Night a vu sa sortie en salles suspendue pendant plusieurs mois.
Bien que les sentiments des personnages soient au centre du long métrage, le rythme de Last Night apparente le film à un thriller : "j’ai souhaité que cette histoire (...) soit racontée avec suspense. On se demande ce qu’ils vont faire, (...) On s’interroge sur le fait qu’ils vont céder ou non. Je ne voulais pas que l’intrigue puisse se deviner à l’avance."
Dans Last Night, la réalisatrice Massy Tadjedin retrouve Keira Knightley après The Jacket, qu'elle a scénarisé et dans lequel Keira tenait le rôle principal aux côtés d'Adrien Brody.
La réalisatrice ne tarit pas d'éloges lorsqu'elle évoque l'actrice anglaise : "Elle prépare énormément, s’investit dans tous les aspects de son personnage. Elle est d’une intégrité humaine et professionnelle rare. Elle met énormément d’énergie dans son travail. Ses choix sont toujours sincères, ce qui lui permet de s’engager à fond. A partir du moment où elle a signé, le projet a pris une autre dimension."
La réalisatrice a approché l'acteur australien avant le succcès mondial d'Avatar: "Je l’avais remarqué dans Somersault, que j’avais adoré. (...) Il apporte quelque chose de très viril et de très concret au film. C’est un excellent comédien, il travaille beaucoup. Il se pose énormément de questions et n’hésite pas à remettre en cause les principes pour aller au fond des choses", confie-t-elle.
La comédienne se montre sous un nouveau jour dans ce film d'après la réalisatrice : "Ce n’est ni une prédatrice ni une femme fatale, c’est simplement une jeune femme qui a la malchance de tomber amoureuse d’un homme qui n’est pas libre. Eva a déjà eu l’occasion de jouer « l’autre femme » mais ce qu’elle donne ici est inédit. Elle est belle mais elle dégage aussi une fragilité, une sincérité qui déclenche l’empathie. C’est un aspect du personnage qui a pris beaucoup d’importance à travers son interprétation."
La rencontre entre l'acteur français et la réalisatrice remonte à la présentation de Ne le dis à personne à Los Angeles : "J’ai tout de suite été charmée par le personnage et je n’ai plus cessé de penser à lui. En découvrant son travail, j’ai aussi découvert son énergie, sa sensibilité et même l’humour qu’il met dans son métier et dans sa vie. Lorsque je l’ai vu jouer avec Keira, il y avait une telle complicité entre eux que l’histoire passée de Joanna et Alex devenait évidente."
A travers son casting principal international regroupant une Anglaise, une Cubaine, un Français et un Australien, ce sont différents accents qui se mêlent dans Last Night. "Ces différents accents reflètent le brassage humain et culturel de la ville. Cette multitude est une donnée de notre civilisation", souligne la réalisatrice.
Le film se concentrant sur les relations entre les quatre personnages, il était important de créer une complicité entre les acteurs. "Nous avons commencé par des répétitions étalées sur une semaine. J’ai travaillé avec chaque comédien individuellement puis avec chaque « couple ». Je souhaitais instaurer une vraie relation entre eux, qui fasse exister leur histoire puisque nous n’avions pas le temps de la raconter. Il leur fallait une proximité,cette façon de fonctionner ensemble qui traduit tout de suite leur relation. (...) Durant cette période, ils ont développé une familiarité, une connivence qui sert le film et son propos. (...) Toute cette préparation nous a permis de gagner du temps en tournage, les comédiens possédaient parfaitement leur rôle et nous avons travaillé avec une plus grande fluidité", révèle la réalisatrice.
La réalisatrice explique ses choix de mise en scène : "j’ai tout de suite souhaité que la mise en scène ne soit pas trop stylisée. Je ne voulais pas multiplier les effets de caméra. Mon but était de placer le spectateur dans la position du témoin de chaque scène, de plonger simplement dans l’intimité de ces relations et de leur évolution. Pas d’effets gratuits, pas de cadrage qui aurait pu appuyer un jugement. Je voulais me situer à la bonne place pour percevoir tout ce qui se joue sans manipuler. J’ai beaucoup utilisé des grands angles pour ouvrir au maximum, même quand l’action se déroule dans une chambre. Nous avons aussi joué avec les reflets et les profondeurs de champ. Cela permet de capter des détails, des objets qui racontent le couple, qui racontent les gens. (...) Nous avons aussi parfois utilisé des objectifs à longue focale qui vont chercher un trait du personnage."
En plus de la mise en scène, les décors et costumes étaient aussi un moyen pour la réalisatrice de raconter son histoire. Elle salue ainsi "le travail discret mais essentiel de Tim Grimes", le chef décorateur et celui d'Ann Roth, la chef costumière : "Étant donné que l’histoire ne se déroule que sur 36 heures, il n’y avait pas énormément de changements de costumes et chaque vêtement devait être signifiant. Pour chaque rôle, elle a réussi à prolonger le personnage."
La musique du film est signée Clint Mansell : "Il a pris le film dans son ensemble et je trouve que sa musique lui donne une unité, tout en renforçant l’idée de suspense que je souhaitais", précise la réalisatrice. Last Night s'ajoute aux nombreux films dont la BO est réalisée par le compositeur britannique. En effet, il a apporté sa contribution aux films Sahara, Moon, L' Affaire Farewell et est surtout réputé pour sa collaboration avec le réalisateur Darren Aronofsky, qui a fait appel à lui pour tous ses films.