Le thème du voyage dans le temps, à cause de tous les paradoxes qui en découlent, m'a toujours rebuté, et ce n'est certainement pas "Looper" qui va me pousser à appréhender ce sujet avec plus d'enthousiasme.
Avant de parler du film en lui-même, j'ai envie de commencer par cette CGI sur le visage de Joseph Gordon Levitt, qui lui donne une tête vraiment bizarre. D'ailleurs je ne le savais même pas à la base, j'ai juste trouvé la gueule de l'acteur tellement difficile à blairer tout le long que je me suis demandé si ce ne serait pas le cas à tout hasard. C'est après des recherches que j'ai eu confirmation de mon hypothèse. Je ne trouve pas que c'est
ressemblant à Bruce Willis déjà, pas même un air évocateur. Niveau réalisme c'est peu
réussi, surtout avec ses proportions mal calculées, ses formes instables entre les scènes. Ce qui devait être une prouesse technique est un gros raté de mon point de vue.
Pour en revenir au film, il y a sans aucun doute grosse erreur dans le genre. Il se revendique comme un film d'action, moi je dirais plutôt un film d'inaction ! Histoire de ne pas nous consterner dès l'ouverture, on nous sert dans les premiers actes quelques successions de petites scènes à suspense, à priori en guise d'avant-goût. Ce ne sera pas le cas. Dès lors que les affaires sérieuses commencent, c'est au contraire là que tout devient non seulement paisible mais surtout statique. En effet, rares sont les science-fictions aussi agoraphobes. L'essentiel des ébats se déroulent dans des lieux clos : un appartement, un siège secret divisé par des murs sans aucune fenêtre, un diner au milieu de nulle part, ou une maison isolée, sans le moindre voisinage. A part une brève esquisse sommaire d'une ville futuriste, on n'aura jamais l'occasion d'en apprécier l'ambiance. Contrairement à des "Blade Runner", "Total Recall" ou "Minority report" pour ne citer qu'eux, où l'on se donne à cœur-joie de faire étal de toute idée ingénieuse ou de tenter quelques prédictions fantaisistes, "Looper" se se prête très peu au jeu. Ici, ni les scénaristes ni les chefs décorateurs n'ont voulu faire preuve d'un quelconque effort d'imagination autour de cet hypothétique monde de l'an 2044 si ce n'est le strict minimum. A tel point que pour clore tout débat là-dessus c'est la campagne reculée qui sera retenue comme lieu d'action principal. Il faut avouer que c'est malignement pensé : pas de constructions donc pas de technologies donc pas de prises de tête à devoir sortir le public de l'ordinaire. En voilà une manière épatante d'esquiver le sujet !
Parlant de ça, je n'ai justement pas du tout envie d'évoquer ce scénario insipide. A part une fin que j'ai trouvé bien vue, je ne me suis ni senti concerné par les problématiques du héros, ni inquiété de son sort, car il avait l'air assez tranquille dès l'instant où il a réussi à prendre la fuite. C'est bien pépère ! Bruce Willis lui, une fois apparu en fanfare, reste cantonné à un rôle de plus en plus secondaire. Alors que c'est lui qui déclenche tous les enjeux du film et travaille à les résoudre, on ne le voit plus trop. On aura des news de temps en temps. Allez comprendre pourquoi ! Enfin un plagiat évident de "X-Men", peu cohérent avec l'ambiance du film, trouve sa place dans l'histoire. Un nouvel aveu de faiblesse dans l'écriture, sonnant comme une confirmation probante d'un manque total d'ambition, à s'en demander à quoi bon nous donner nous-même l'effort de la suivre.
Mesquinement pauvre en décors, oisivement peu créatif, "Looper" n'a aucune prétention de nous transporter dans le futur, il fait du surplace dans son action, se contente tellement de peu qu'il réussit à se flinguer lui-même.