Avec Mon homme, Blier remonte un poil dans mon estime, un poil, car ce film n’est pas vraiment bon, en revanche il est bien moins mauvais que ses films postérieurs !
Moins mauvais car, si le casting est réussi, dommage que les personnages soient improbables ! Anouk Grinberg est superbe, et livre une composition de belle facture, à la fois sexy et authentique, certains diront que c’est de la prostituée un peu « Pretty Woman », mais je ne suis pas d’accord, elle dégage une belle authenticité, et en tout cas rend son personnage attachant avec une composition solide. Face à elle Gérard Lanvin est bon, et son personnage ne manque pas de relief. Dommage néanmoins qu’après un début fort les évolutions du personnage soit assez conventionnel. Autour de ce duo, des seconds rôles de prestige, malheureusement pas forcément très bien utilisés. Bruni-Tedeschi est étrangement utilisée, sorte de recherche étrange entre la sexualité féminine exacerbée dans des formes généreuses, et la masculinité que lui assigne Blier dans d’autres scènes !
Le scénario est assez lénifiant. Franchement, si l’on en reste à l’histoire Blier frôle le 0 pointé. Convenue à souhait, invraisemblable, pas incisif pour un souhait, la deuxième partie reste le pire du pire, le film part totalement en cacahuète de l’inutilité. En fait, si Mon homme s’en sort un peu en la matière, c’est pour quelques morceaux de très belle facture. Belle ouverture, quelques bons moments avec les clients de l’héroïne, le film évite le vulgaire trop facile et se montre parfois joyeusement humoristique. En fait c’est simple, pris dans son ensemble Mon homme est un film assez mauvais pour ne pas dire nul, en revanche il est parsemé de beaux moments qui viennent régulièrement lui donner un intérêt inespéré.
Formellement Mon homme est plutôt correct, sans être génial. Là aussi Blier réussit de beaux morceaux, filmant avec un plaisir évident une Grinberg qui ressemble en tout point à la muse d’un peintre, mais il en loupe d’autres aussi, n’échappant pas au « face caméra » déconnecté ici et sans intérêt, parmi d’autres effets de style où le réalisateur semble s’auto-parodier. Sinon Mon homme est un film assez beau formellement, un peu daté, un peu académique, pas très vif pour tout dire, mais d’un charme suranné qui donne une couleur pas inintéressante à Mon homme. La bande son elle a fait l’objet d’une vraie recherche, et si elle est assez bizarre, au moins a-t-elle été pensée. L’introduction sur du Barry White est déconcertante tout de même, et les envolées presque dramatiques sont singulières compte tenu des images.
Mon homme est un film qui ne convainc donc pas franchement. Si Blier nous offre quelques beaux moments, notamment en matière d’érotisme réaliste un peu cru, il reste loin de son meilleur niveau. 2