Anvil ! a été présenté en 2008 dans de nombreux festivals, parmi lesquels Sundance, Deauville ou encore Los Angeles où il a décroché le Prix du public. Il a également été élu Meilleur documentaire par l'Association des Critiques de Chicago en 2009.
Depuis la sortie du film aux Etats-Unis au printemps 2008, le groupe légendaire AC/DC a demandé à Anvil d'assurer la première partie de leurs concerts sur plusieurs dates. Surtout, le treieième album du groupe, This is Thirteen est sorti aux Etats-Unis en septembre 2008 alors qu'auparavant toutes les grandes maisons de disques avaient refusé de leur commercialiser... Une autopbiographie de Lips et Robb a ét épubliée aux Etats-Unis en octobre 2008 sous le titre Anvil - The Story of Anvil.
Anvil !, qui revient sur les déboires d'un groupe de métal, peut faire penser à Spinal Tap, film-culte de Rob Reiner (1984) ... à ceci près que celui-ci était un faux documentaire. Sacha Gervasi revient sur l'évolution du projet : "La structure initiale du film ressemblait à celle de Spinal Tap. On allait les suivre durant une tournée complète et pendant leur tournée on allait aborder avec eux leur premier album et l'histoire du groupe. Et puis, au fur et à mesure, la structure a évolué car ils étaient en train de produire leur nouvel album. Donc je n'ai rien planifié. Il faut savoir s'adapter aux événements. Au début, il s'agissait vraiment de filmer la tournée et d'y inclure leurs histoires personnelles. Et il y avait plein de choses dont je n'étais absolument pas au courant. Quand l'album est sorti, tout s'est emballé : les histoires de famille, les boulots ingrats... Tout cela s'est produit après que nous ayons décidé de faire le film."
Sacha Gervasi a assisté au tout premier concert d'Anvil. Il évoque ce moment inoubliable : "Tout le monde était là y compris Lemmy de Motorhead. Anvil a littéralement cassé la baraque. Ils jouaient plus vite, plus hard et plus intensément que tous les autres groupes que j'avais pu voir. Et ils étaient à mourir de rire. Lips faisait des cabrioles avec son godemiché telle une harpie déjantée sous amphétamines. Il a même fait mousser la bière de Lemmy avec ce machin. Tu passais autant de temps à rire qu'à ânonner de la tête. Leur musique était assurément étonnante, pleine de fraîcheur et différente, mais on avait aussi le sentiment qu'ils ne savaient pas à quel point ils étaient des pointures. Ils prenaient juste leur pied."
S'il a appris à jouer de la batterie auprès de Robb Reiner, Sacha Gervasi, fils d'un diplomate américain et d'une pianiste canadienne, s'est rapidement tourné vers le cinéma. Marqué par Withnail and I de Bruce Robinson, il décide de devenir scénariste. En 1995, il suit des cours de scénario à la UCLA Film School tout en travaillant comme journaliste. Par la suite, il signe le script du Le Terminal de Steven Spielberg en 2004. Anvil est son premier long métrage comme réalisateur.
Sacha Gervasi évoque sa première rencontre avec le groupe, après leur premier concert, alors qu'il était ado : "Après le concert j'ai réussi à pénétrer en coulisses et je me suis arrangé pourrencontrer mes nouvelles idoles (...) Ils ont passé autant de temps avec moi qu'avec les membres des autres groupes célèbres qui venaient les féliciter (...) A la fin de la nuit, ils m'ont dit n'être jamais venu à Londres auparavant et m'ont demandé si j'étais prêt à leur montrer la ville. Je n'en croyais pas mes oreilles ! J'allais être le guide d'Anvil ! On s'est donc vu lendemain et je les ai emmenés partout."
Bien avant de leur consacrer un film, Sacha Gervasi s'était vu proposer par Anvil, à 16 ans, d'être leur assistant sur une tournée américaine : "Je leur ai dit que je ne savais rien faire de particulier et que j'étais simplement un de leurs fans", raconte-t-il. "'est là qu'ils m'ont répondu que tous leurs assistants étaient des fans. Que tout y irait bien. Comment aurais-je pu dire non ? (...) Cette tournée a été l'une des expériences les plus mémorables de ma vie (...) Les soirées d'après concerts étaient complètement allumées parfois – c'étaient les années 80 – mais le groupe me protégeait en toute occasion, allant même jusqu'à me faire sortir du bus lorsque les choses devenaient incontrôlables. Mon boulot comportait bien des facettes : de la mise en place de la backline jusqu'à la vente de tee-shirts et de cassettes audio après la fin du concert .Je n'oublierai jamais cette époque. J'ai vécu ce que la plupart de mes amis rêvaient de vivre. Mais avec le temps les choses ont changé. J'ai commencé à apprécier David Bowie et Iggy Pop. Soudainement le heavy metal me paraissait moins cool qu'à quinze ans. Je grandissais ! Du coup, au milieu des années 80, j'ai perdu le contact avec Anvil, tout comme eux avec moi." Ce n'est que 20 ans plus tard qu'il a décidé de partir à leur recherche.
Le film contient des interventions des plus grandes stars du métal : Lars Ulrich (Metallica), Slash (Guns'n'roses) ou encore Lemmy (Motorhead).
Comment ont réagi Lips et Robb en voyant l'épopée de leur groupe à l'écran ? Le réalisateur confie : "Lips a adoré le film. Robb était sous le choc. Il l'a regardé en boucle trois fois. Mais ill'a aimé aussi. Il ne l'a pas aussi bien compris que Lips. Il était inquiet. Il n'était pas sûr de ce que le film deviendrait. Lips me faisait confiance. Robb est plus secret. Mais il m'a lui aussi fait confiance. Il s'est beaucoup dévoilé dans le film, mais son instinct lui dictait que c'était pour le mieux. Il a eu raison."