Après une longue période d’absence, Henenlotter est donc revenu pour nous servir Bad Biology ou Sex Addict. Un métrage somme toute moyen, qui peine à véritablement enthousiasmer malgré un début prometteur.
Au casting si Charlee Danielson a un physique singulier, et assez bien vu finalement dans le rôle puisqu’elle n’a rien d’une bimbos et c’est un contre-emploi plutôt bien vu, n’est pas une actrice géniale, et d’ailleurs elle n’a pas poursuivi après ce film. Elle peine donc à convaincre, et son jeu, pas assez excentrique, haut en couleur, dans un film de ce genre est relativement pénalisant. Il faut avouer que c’est aussi le cas de son acolyte masculin, que j’ai trouvé plus efficace, mais pas suffisamment délirant pour un tel rôle. Je crois qu’il aurait mieux valu choisir des interprètes plus virulents, quitte à les faire surjouer un peu, mais ce serait mieux passé. Les seconds rôles sont globalement tous très faibles.
Le scénario peine à franchement convaincre. L’idée de départ est amusante et aurait pu offrir une comédie très caustique, et totalement délirante, mais Henenlotter peine à lui donner du rythme. Il y a des hauts puis des bas, des moments qui tirent en longueur, des gags qui finissent par s’étioler tant ils sont étirés, et certains gags peinent à totalement fonctionner. J’ai le sentiment qu’Henenlotter, pensant son concept suffisamment fou s’est laissé aller sur l’originalité et la construction de ses gags. Si la dimension sérieuse égratigne des sujets polémiques, néanmoins il faut bien reconnaitre que tout ne marche pas là non plus de façon très pertinente. Après c’est vrai que c’est assez rafraichissant de voir un réalisateur qui ne se pose pas de réelles limites même si son film reste plus potache que trash, mais Henenlotter fait parfois un peu n’importe quoi, et sur ce Sex Addict c’est cette impression qui trop souvent emporte le morceau.
Niveau réalisation Henenlotter se débrouille, offrant un film correct dans sa mise en scène. Il arrive à être suffisamment grivois sans trop en montrer non plus, et son travail reste d’une facture acceptable, même si tout n’est pas parfait. Il y a quelques idées très farfelues qui ne fonctionnent pas toujours bien, notamment car Henenlotter n’avait pas vraiment le budget effets spéciaux qui lui permettait ses audaces. En effet, le film ne disposait probablement pas d’une enveloppe très lourde. Cela se révèle dans des décors assez minimalistes, compensé par une photographie d’assez bonne tenue, et dans des effets visuels qui ne font absolument pas illusion. Je regrette aussi une bande son trop timorée. C’est souvent un problème des films d’Henenlotter, qui oublie cet aspect essentiel.
Enfin, Sex Addict n’est clairement pas le meilleur film d’Henenlotter. J’ai un peu eu le même ressenti que sur le premier Basket Case et que sur Elmer le remue-méninge. C’est-à-dire un film avec des idées borderline certes, mais qui ne sont pas sous-tendu par une intrigue suffisamment solide, par des personnages assez creusés, ce qui donne l’impression d’une succession de scénettes, parfois redondantes, et à la narration approximative. Comme visuellement ce n’est pas top non plus, surtout qu’à l’inverse des autres films d’Henenlotter celui-ci est plus récent et pouvait promettre un peu mieux quand même, je lui accorde 2. J’aurai pu pousser jusqu’à 2.5 si un effort avait été fait sur la bande son.