Franchement, je suis resté baba devant un tel film.
Une chose est sûre, ce n’est pas un porno. Donc inutile de s’emballer.
Un film érotique bas de gamme ? Assurément.
Un film d’horreur ? Certainement pas.
Un gros nanar ? Assurément !
Un OFNI ? On peut le voir ainsi.
Suis-je choqué ? Certainement pas !
Il n’y a rien qui me choque dans l’Art. Je reste ouvert à toute proposition, cependant, j’ai le droit de ne pas aimer, de trouver ça indigent ou navrant voire complètement nul.
« Sex addict », est-ce un film nul ?
Aussi étrange que ça, je ne pense pas.
Pour commencer, je suis épaté par l’investissement des comédiens qui ont donné de leur temps pour tenter de me faire croire à ce scénario soi-disant horrifique. Quand je les voyais jouer, je me demandais s’ils croyaient à ce qu’ils faisaient. Je me moquais complètement du scénario. Je ne regardais que leur jeu et pensais à ce qu’ils pensaient.
Le réalisateur Henenlotter les dirigeait-ils avec rigueur ou amusement ?
Avec sincérité, certainement.
Il faut une certaine audace pour financer un tel film.
Tout le long du processus de création, écriture, tournage, montage, il faut être animé d’une foi pour croire que « Sex addict » trouvera coûte que coûte sa place dans l’industrie du cinéma et dans le coeur d’un public.
Frank Henenlotter ne doute de rien et ne craint pas le ridicule. Tout comme ses comédiens.
Tant mieux pour eux, ils se moquent du regard des gens, ils font ce qu’ils aiment, c’est l’essentiel.
Il y en a beaucoup qui aimeraient voir leur création sur grand écran.
J’ose espérer que le réalisateur assume tout, dont le ridicule.
Pense-t-il vraiment que son film figure au genre « horreur » ?
Si oui ?
Je suis déçu pour lui.
L’horreur est dans le fait que Jennifer a sept clitoris, s’amuse des hommes car son appétit sexuel est incontrôlable ; telle une mante religieuse ou araignée, elle tue ses amants d’un soir puis accouche dans les deux heures qui suivent d’un fétus mal fini.
Franchement, j’ai accepté toute cette partie, il y avait du potentiel, la violence de Jennifer et son accouchement relevaient bien du genre horreur.
Jennifer qui s’adresse aux spectateurs était aussi une bonne idée pour nous parler de son anomalie.
Derrière son discours non dénué d’un certain humour noir décalé, le réalisateur balançait quelques messages sur la religion et aussi étrange que cela puisse paraître sur la condition sexuelle de la femme, de son droit à disposer de son corps comme bon lui semble.
J’ose dire qu’un discours féministe s’y dissimule au grand dam des chiennes de garde !
J’aimais bien les photos que Jennifer prenait de ses amants, la séance photos sur ses masques-vagins portés par des mannequins aux seins nus.
Evidemment, rien ne me faisait peur, mais la violence qui s’en dégageait parvenait à m’interroger.
L’horreur est dans le fait que Batz (Anthony Sneed) a un énorme kiki qui le possède.
A partir du moment où son gros bazar s’évade pour visiter des femmes seules, toujours dénudées, le soi-disant genre horreur bascule dans le ridicule. Et le ridicule passe le relais au navrant quand les femmes sont facilement vaincues. Leurs cris, entendez leur jeu, prêtent à sourire pour ne pas dire à rire.
On se croirait dans un porno où tout est prétexte à la pénétration.
C’est sans doute assumé, mais ça ne fonctionne pas du tout sur moi.
Autant, j’acceptais le postulat de départ avec Jennifer, autant avec Batz, je sombrais précipitamment dans l’ennui.
Tout s’effondrait !
Maintenant, ça ne partait pas de bien haut !
Dommage, car il y avait quelque chose à faire avec Jennifer et Batz. Deux êtres qui auraient pu fusionner. Deux êtres qui auraient pu se comprendre compte tenu de leur sexe insolite.
Jennifer tuait ses amants et enfantait dans les deux heures.
Tout comme Jennifer, Batz aurait pu massacrer ses amantes d’un soir avec son énorme sexe de façon incontrôlée.
L’horreur aurait dû être multipliée par deux.
L’union entre un sexe énorme et un sexe à sept clitoris aurait pu constituer une fin heureuse dans cette quête horrifique.
La rencontre Jennifer - Batz a été totalement ratée.
Bref, le scénario est un rendez-vous manqué...